Suisse

Autant Neuchâtel est protestante, autant Fribourg est catholique. Ce ne sont que robes de bure et cornettes blanches. Dévalant l'étroite vallée du Gottéron, la forêt se presse à la porte de la ville basse, où se mêlent sans se fondre les influences contraires de deux mondes, latin et germanique. Pour la ville moderne, elle ne souffre pas qu'on s'y arrête. Mieux vaut pénétrer dans la collégiale de Saint-Nicolas, une des seules cathédrales à avoir résisté à la Réforme. Mais Fribourg, entre autres charmes, possède celui de dominer directement la campagne sans que s'interposent ni banlieue, ni faubourg. De partout alentour, on voit se dresser en haut de sa falaise, offrant avec fierté aux regards et aux vents des quatre points cardinaux, la tour de sa collégiale couronnée de clochetons.

Ce qui saisit en arrivant en Suisse, avant même que le regard se soit fixé sur une chose ou une autre, c'est l'air, une certaine qualité de l'air que l'on respire, et ce qui se fait insensiblement pour qui arrive par la route est au contraire frappant pour le voyageur descendant du train ou de l'avion... Cette première bouffée d'air suffit à provoquer le dépaysement, à laisser pressentir une autre vie... Ce décalage se précise et s'accuse sur l'espace de quelques mètres : à la douane.

Il faut savoir :
que Genève, aux yeux de Zurich, est une ville de perdition
que Zurich, aux yeux de Genève, est une ville de perdition.
(...)
Il n'est pas indispensable de savoir :
que dans le canton de Vaud, on appelle "pompe à cantiques" les harmoniums
que les vaches blanches et noires sont fribourgeoises.