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EAN : 9782369350996
380 pages
Passager Clandestin (24/05/2018)
4.04/5   12 notes
Résumé :
La métropolisation implique une expansion urbaine incessante et l’accélération des flux et des rythmes de vie. Elle transforme les villes en firmes entrepreneuriales, et génère exclusion économique, ségrégation spatiale et souffrance sociale, tout en alimentant la crise environnementale. Au point que les grandes villes inspirent aujourd’hui un rejet croissant qui se traduit par une multitude de résistances ordinaires.
De la relocalisation de la production mar... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Voici un livre indispensable. Pour comprendre les villes dans lesquelles nous habitons, pour comprendre comment elles évoluent et surtout pourquoi. Pour comprendre les rouages qui tournent à plein régime et détruisent les terres agricoles au profit de parcs de loisirs, d'aéroports (même si un coup d'arrêt semble avoir été mis à ces projets pour l'instant… mais ce n'est que partie remise). Pour comprendre ce mouvement de fond, qui n'est pas récent, loin de là, mais qui nous vient du milieu du XXe siècle, au nom d'une certaine idée du progrès ; au nom, surtout, d'un capitalisme effréné, cherchant le profit partout, même au détriment de la plus élémentaire logique de vie. Pour comprendre, donc, le monde autour de nous.

Et Guillaume Faburel est un très bon vulgarisateur. Professeur en géographie, urbanisme et science politique à l'université de Lyon 2, il est sans doute habitué à mettre son savoir à la portée de son auditoire. Et il ne ressemble en rien à ces enseignants pontifiants, plus intéressés dans l'exposition de leur savoir que dans la bonne compréhension de leur parole par leur public. Ce livre est écrit dans un style très abordable. Les notions évoquées sont expliquées. Et les notes sont en bas de page (ce qui évite de chercher systématiquement à la fin du livre ou de faire l'impasse sur leur contenu, pourtant bien utile). D'ailleurs, à propos des notes, l'auteur a mis en lien de nombreux articles sur lesquels il s'appuie et que l'on peut consulter pour prolonger la réflexion.

Après avoir rigoureusement décrit les processus de métropolisation et les décisions qui nous ont amené là où nous en sommes aujourd'hui, l'auteur s'intéresse aux lectures faites de ce phénomène, à sa perception, parfois en opposition avec les réalités. Enfin, il décrit les nombreuses actions entreprises contre ce mouvement peut-être pas si inexorable que cela. En tout cas, très peu souhaitable quand on a lu cet ouvrage, à charge contre les métropoles telles qu'elles nous sont vendues, imposées (mais le titre ne laissait pas penser autre chose). D'ailleurs, l'auteur ne cache pas son jeu et indique clairement d'où il écrit. Dès la page 9, il indique certaines publications « militantes », pour reprendre son terme auxquelles il participe. On n'est donc guère surpris. Mais la démonstration est si bien étayée, si bien réalisée, que ne pas être d'accord est bien difficile. En tout cas, j'ai été convaincu et je regarde désormais autour de moi le tissu urbain avec un oeil différent, distancié.

Un grand merci à Masse critique et aux éditions le passager clandestin pour cette lecture.
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C'est la première fois que cela m'arrive : j'ai reçu "Les métropoles barbares" dans le cadre de l'opération Masse Critique et je ne suis pas parvenu à le lire dans le mois imparti pour en réaliser la critique. Cette petite brique a failli me tomber des mains, mais je suis heureux de l'avoir lu jusqu'au bout : le sujet est passionnant. Et c'est là tout le dilemme de ce livre selon moi : le fond est essentiel, pertinent et nécessaire pour aujourd'hui, la forme est indigeste, technique et trop foisonnante pour être accessible immédiatement en ces temps d'urgences sanitaires, écologiques et sociales.
"Les métropoles barbares" fait un constat glacial, radical et éclairant du nouveau terrain de jeu que sont devenues les villes pour le capitalisme mondialisé, à travers l'analyse d'une multitudes d'exemples. La "métropolisation" nom de code de ce jeu barbare est à l'oeuvre dans nos vies à tous car elle touche à ce premier besoin essentiel qui est celui d'avoir un habitat. Guillaume Faburel démonte point par point tous les discours qui veulent nous vendre les villes comme le lieu de vie idéal, interconnecté et moderne, tous les projets qui transforment les villes et la vie non seulement de ses habitants mais aussi de ceux des périphéries/campagnes rejetées par ce modèle. Et l'objectif est clairement démontré : uniformiser les imaginaires et les habitudes concrètes des citadins pour imposer des marques, des enseignes, des produits et des services commercialisables qui bénéficient tous et exclusivement aux grandes entreprises capitalistes. La "métropolisation" est le nouveau cache-sexe et la nouvelle stratégie du capitalisme barbare.
Guillaume Faburel ajoute fort heureusement à cette analyse érudite, fouillée et détaillée un passage par les alternatives concrètes qui s'opposent à cette logique mortifère. Il évoque à nouveaux de multiples projets sans avoir l'occasion de creuser autant les détails mais en ébauchant une analyse intéressante pour comprendre ce qui les relie dans leur opposition au capitalisme et leur tentatives d'alternatives chaque fois spécifiques : elles réinventent la notion de bien commun à partir de trois piliers essentiels : la réappropriation d'un territoire à habiter, la coopération et l'autogestion.
Autant de thématiques, d'idées qui sont faites pour me parler, pour nourrir ma réflexion, éclairer mes actions militantes. Malheureusement, l'écriture trop technique, trop détaillée et souvent fort complexe oblige à un effort de lecture qui dessert la fluidité du message. Trop de choses m'ont échappé, trop de notions me sont restées plutôt abstraites, trop de connexions m'ont embrouillé. Sans doute ce livre est-il destiné aux professionnels du secteur, aux chercheurs dans ce domaine. Dommage car le sujet et ses enjeux s'adressent au grand public. Mais combien seront nous à avoir le temps, le courage et les compétences pour lire "Les métropoles barbares" tandis que la majorité se trouve subjuguée, manipulée et pressée au quotidien par la vitesse, les contraintes et les sirènes de la ville ?
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J'ai terminé Les Furtifs d'Alain Damasio il y a quelques semaines et la lecture de l'essai de Guillaume Faburel en a réactivé le cadre sans ses attributs SF ; passionnant :

- Des villes-métropoles au tissu social, politique et culturel transfiguré ; confisqué par le Capitalisme triomphant.

- Une standardisation des modes de vie, la relégation des classes populaires et moyennes de la population vers les quartiers et villes périphériques pour faire de la place aux "créatifs" et à la vitrine touristique et économique dans les hypercentres. 

- Et puis, des militants, des activistes, des scientifiques, des philosophes, des Vivants, des hommes et des femmes qui font bouger les lignes, éclairent le théâtre d'ombres qui luttent ou font contre cette civilisation néoliberale vouée à la Croissance se voulant comme unique et incontournable horizon, incontestable Réalité.
En lisant la première partie du livre je trouvais la diabolisation systématique de toutes les modifications de la ville initiées pour la métropoliser pas toujours très partiale.

Stigmatiser les fabLab et les ressourceries ? 

Personnellement j'ai beaucoup apprécié l'ouverture de nouveaux musées à Marseille dans le sillage de l'année où elle a été sacrée Capitale de la Culture. Les programmations renouvelées régulièrement en font des lieux rayonnants et ouverts aux Marseillais, sur un espace commun dont ils peuvent profiter librement. 

J'ai depuis la rentrée 2019 un pass qui me permet de voyager sur l'ensemble de la métropole en transport en commun !

Cependant, en lisant la deuxième partie, je me suis interrogée sur le coût réel de ces nouveaux plaisirs, de ces nouvelles facilités introduites dans ma mobilité... 

La troisième partie pleine d'espoirs d'être et d'habiter autrement m'a paru parfois clivante. Il y aurait les bonnes initiatives qui se demarqueraient volontairement et ontologiquement du capitalisme et puis, celles qui, certes positives, seraient menées par des gens "sans projet" civilisationnel donc pas très intéressantes car incapable de faire réseau et puis en fait carrément si c'est dans une métropole, de toute façon, ce n'est pas la peine d'imaginer pouvoir faire perdurer des communautés vivantes car le mouvement métropolitain casse les initiatives ou les récupère et pire les projets portés par la "classe créative" sont obligatoirement taxé d'être corrompus dans la graine. 

Cependant la thèse d'un élan venu des villages et villes petites et moyennes étayée d'exemples concrets m'a permis d'imaginer cette société archipelique de communautés autonomes soudées par un idéal commun et ça fait du bien à lire. 

J'aurai juste eu envie qu'une perspective soit offerte aux métropoles de décroître, d'organiser une économie circulaire réelle puisqu'à cette échelle on pourrait penser aussi l'autonomie et pas seulement alimentaire car il y aurait tant à partager si nous étions tous des producteurs et non un peuple de vendeurs, intermédiaires ou administrateurs. Mais, comme pour le moment le réel résiste, que les initiatives se perdent effectivement en chemin en déviant vers la marchandisation ou le spectacle, il ne me reste plus qu'à retourner lire -et écrire- un peu de SF, en attendant qu'un présent plus propice advienne car j'habite une métropole, moi... et je n'ai pas envie de fuir,... pas encore.

A noter, en fin d'ouvrage, l'annexe 1 : un glossaire aux définitions drôles, corrosives et pertinentes vaut le détour et apaise à la façon d'un "ridiculous" jeté fièrement à la face de notre Capitalismar. 
Lien : http://eterlutisse.over-blog..
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Parcourir un essai d'urbanisme aux thématiques aussi fortes et ancrées dans notre temps, a été dans un premier temps très intéressant et dans un second temps presque triste. le titre cinglant révèle de cette lecture qu'elle ne sera pas une partie de plaisir. Il va falloir s'accrocher et revoir son petit confort, surtout quand ta ville est citée en exemple une paire de fois dans des projets pharaoniques de restructuration, qui oublient les habitants eux-mêmes.
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Séparé en trois grandes parties, tryptique habituel, état des lieux, exemples et solutions, nous voilà plongés au coeur des plus grands projets urbanistes de France. On n'entendra plus parler de villes mais de métropoles, Paris devient le Grand Paris, Strasbourg la CUS... villes tentaculaires prêtes à engranger le maximum de territoires quitte à redéfinir le tout : coutumes, culture, habitations.
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Remodeliser le modèle urbain traditionnel afin de concevoir des villes du futur, connectées, avec des fabslabs, des projet d'organisations urbains. Autant de mots barbares pour signifier la fin d'une ère. Placements privés, villes marques, toutes les solutions sont envisageables afin de créer des villes concurrentielles européennes, puis mondiales.
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Heureusement qu'il sommeille tout un contre-courant face à ces transformations tentaculaires, état des lieux proposé par la 3e partie en prenant bien soin de détailler chaque organisation, organisme et contre-pouvoir prêt à défendre son terrain face à l'envahisseur barbare métropolitain. La lutte est ardue et les enjeux colossaux, le contre-pouvoir semble répondre présent, forcé de constater que sous le poids des placements privés et de la bétonisation de masse, il ploie mais ne se brise pas.
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Cet essai riche permet une première approche du comportement des villes en France depuis les années 60. Un essai nécessaire pour qui veut comprendre d'où sortent ces nouveaux immeubles tout pimpants, pourquoi les banlieues s'embrasent année après année, ou le projet pharaonique qu'ont entrepris les différents pouvoirs qui se sont succédés pour transformer nos villes en métropoles de marques. Vitrines de la France, mais pour quels Français ?
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Cet ouvrage consacré au fait métropolitain se décompose en trois parties, que j'ai malheureusement trouvé inégales.
Les deux premières parties, consacrées respectivement à la description de la métropolisation et à ses non-dits sont très instructives. Elles m'ont permis de mieux comprendre ce qui se joue aujourd'hui dans la fabrique de la ville, en analysant notamment les dégâts causées par l'urbanisation et la métropolisation, tant sur le plan environnemental que sur le plan social. Je suis par contre un peu plus réservé sur la troisième partie qui me semble plus performative que scientifique. Cette troisième partie s'attache à l'analyse des alternatives à la métropolisation qui s'inscrivent en périphérie. Même si j'ai trouvé cette analyse intéressante, je trouve dommage que Guillaume Faburel se soit éloigné de certaines problématiques posées dans la première moitié de l'ouvrage. Deux questions restent selon moi en suspens : à qui profite la métropolisation, et quelles alternatives peut-on imaginer dans la ville, étant entendu qu'il semble impossible de déplacer à court terme les millions d'urbains en périphérie et dans les territoires ruraux.
Enfin, sur la forme, j'ai trouvé les références parfois trop nombreuses et nuisant à la fluidité et à la compréhension de la lecture.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Or, si la grande ville était encore ce grand lieu de l'hospitalité et de l'émancipation, elle ne présenterait pas les visages qu'elle offre aujourd'hui, celui de la ségrégation spatiale et celui de la relégation sociale, celui du péril écologique et celui du mur climatique, celui de l'accélération sans fin des rythmes de vie et celui de l'uniformisation des conduites.
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Tel est l'objectif de la réforme territoriale : faire enfin de nos grandes villes les locomotives d'un rebond économique paré de toutes les vertus. Comment ? En les convertissant à la mondialisation et au néolibéralisme urbain.
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Les objectifs économiques précèdent - et donc déterminent - ici le projet de rationalisation politique et administrative promu par le découpage du territoire en grandes régions.
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projets de "décroissance planifiée" [...] Ces projets consistent à rassembler les populations dans les mêmes bâtiments et quartiers, à favoriser la constitution de forêts urbaines dans les anciennes zones industrielles, où à faire de certains lieux privés des espaces publics temporaires
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La culture du bien-être personnel colonise l'intimité par les injonctions aux mouvements et à la dépense en faveur de la "modernité" urbaine.
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Vidéo de Guillaume Faburel
Guillaume Faburel vous présente son ouvrage "Indécence urbaine : pour un nouveau pacte avec le vivant" aux éditions Flammarion.
0:00 : Intro 00:15 : Pourquoi les métropoles mondiales sont-elles responsables des crises actuelles ? 0:1:04 : Comment expliquer ce paradoxe d'un attrait de ces métropoles et d'un rejet concomitant ? 0:5:44 : Quelles pistes et quels moyens pour un nouvel urbanisme ?
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2679361/guillaume-faburel-indecence-urbaine-pour-un-nouveau-pacte-avec-le-vivant
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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