J'ai terminé Les Furtifs d'Alain Damasio il y a quelques semaines et la lecture de l'essai de Guillaume Faburel en a réactivé le cadre sans ses attributs SF ; passionnant :
- Des villes-métropoles au tissu social, politique et culturel transfiguré ; confisqué par le Capitalisme triomphant.
- Une standardisation des modes de vie, la relégation des classes populaires et moyennes de la population vers les quartiers et villes périphériques pour faire de la place aux "créatifs" et à la vitrine touristique et économique dans les hypercentres.
- Et puis, des militants, des activistes, des scientifiques, des philosophes, des Vivants, des hommes et des femmes qui font bouger les lignes, éclairent le théâtre d'ombres qui luttent ou font contre cette civilisation néoliberale vouée à la Croissance se voulant comme unique et incontournable horizon, incontestable Réalité.
En lisant la première partie du livre je trouvais la diabolisation systématique de toutes les modifications de la ville initiées pour la métropoliser pas toujours très partiale.
Stigmatiser les fabLab et les ressourceries ?
Personnellement j'ai beaucoup apprécié l'ouverture de nouveaux musées à Marseille dans le sillage de l'année où elle a été sacrée Capitale de la Culture. Les programmations renouvelées régulièrement en font des lieux rayonnants et ouverts aux Marseillais, sur un espace commun dont ils peuvent profiter librement.
J'ai depuis la rentrée 2019 un pass qui me permet de voyager sur l'ensemble de la métropole en transport en commun !
Cependant, en lisant la deuxième partie, je me suis interrogée sur le coût réel de ces nouveaux plaisirs, de ces nouvelles facilités introduites dans ma mobilité...
La troisième partie pleine d'espoirs d'être et d'habiter autrement m'a paru parfois clivante. Il y aurait les bonnes initiatives qui se demarqueraient volontairement et ontologiquement du capitalisme et puis, celles qui, certes positives, seraient menées par des gens "sans projet" civilisationnel donc pas très intéressantes car incapable de faire réseau et puis en fait carrément si c'est dans une métropole, de toute façon, ce n'est pas la peine d'imaginer pouvoir faire perdurer des communautés vivantes car le mouvement métropolitain casse les initiatives ou les récupère et pire les projets portés par la "classe créative" sont obligatoirement taxé d'être corrompus dans la graine.
Cependant la thèse d'un élan venu des villages et villes petites et moyennes étayée d'exemples concrets m'a permis d'imaginer cette société archipelique de communautés autonomes soudées par un idéal commun et ça fait du bien à lire.
J'aurai juste eu envie qu'une perspective soit offerte aux métropoles de décroître, d'organiser une économie circulaire réelle puisqu'à cette échelle on pourrait penser aussi l'autonomie et pas seulement alimentaire car il y aurait tant à partager si nous étions tous des producteurs et non un peuple de vendeurs, intermédiaires ou administrateurs. Mais, comme pour le moment le réel résiste, que les initiatives se perdent effectivement en chemin en déviant vers la marchandisation ou le spectacle, il ne me reste plus qu'à retourner lire -et écrire- un peu de SF, en attendant qu'un présent plus propice advienne car j'habite une métropole, moi... et je n'ai pas envie de fuir,... pas encore.
A noter, en fin d'ouvrage, l'annexe 1 : un glossaire aux définitions drôles, corrosives et pertinentes vaut le détour et apaise à la façon d'un "ridiculous" jeté fièrement à la face de notre Capitalismar.
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