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EAN : 9782916995984
79 pages
Ed les Mandarines (01/01/2020)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Mohamed B, FALMARES de son
nom de plume, est né en 2001 en
Guinée.
Réfugié poétique,
il est toujours lycéen dans le Morbihan.
Fin 2018, paraissait son premier
recueil de poèmes,
SOULAGEMENTS,
sous-titré
Amours et douleurs.




Dans ce nouveau recueil, Falmares poursuit avec bonheur sa
recherche poétique et "nous oblige à revisiter notre lexique et notre
s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Migrants de tout voyage ! Migrants de tout lieu !
De toute béatitude ! de tout être !
Dans toutes les langues de la terre,
J'invoque le coeur des Hommes. »

La terre d'où l'on s'arrache un jour, cette autre terre où l'on échoue quelques jours plus tard, qu'ont-elles en commun ? Un trait d'union fragile, presque dérisoire les unit, qui prend la forme d'une mer, d'un zodiac balloté par les vagues infernales, des cris d'enfants qui ont peur de se noyer, des yeux par ailleurs brûlés d'espoir... Les réfugiés d'où qu'ils viennent ont souvent deux terres qui habitent leur âme lorsqu'ils ont la chance de survivre.
Falmarès a eu la chance de survivre...
Et quand un jeune réfugié presque encore un enfant devient un réfugié poétique, c'est une troisième terre qui l'accueille alors et nous aussi sur son rivage bercé de lunes et de saisons, une terre peuplée de mots étranges qui vont lui devenir familiers, avec lesquels il va jouer plus tard, chanter, rire, s'émerveiller, raconter son pays d'avant, pleurer peut-être aussi, nous éclairer sur ce chemin à rebours comme on tend une lampe au voyageur pour ne pas qu'il s'égare...
Falmarès est venu jusqu'en Bretagne, jusqu'à la ville de Vannes. La Bretagne l'a accueilli ou peut-être est-ce plutôt l'inverse ; en lisant ces poèmes j'ai l'impression qu'il nous a accueilli dans son coeur et c'est à notre tour de partir dans une terre d'exil.
Falmarès a appris notre langue pour la chanter, pour la mettre dans la lumière de ses yeux épris d'étoiles...

« Ô cirque, toujours battage, toujours tam-tam!
Danse !
Aux nuits des corps numériques !
Vin du milieu des corps en fête,
Vin qui baigne dans un bel esprit chantant. »

Il chante les mots pour ses compagnons migrants, ses soeurs, ses frères, il chante l'exil et se souvient d'où il vient.
Il a seize ans lorsqu'il écrit ces vers.
Il chante pour nous, il chante pour eux, il chante pour lui, il chante pour cette terre qui chante elle aussi dans son coeur, qui bat le tam-tam, qui chante là-bas, la Guinée de son enfance, comme avant dans des cris de joie, des cris d'amour, des cris éperdus, perdus peut-être à jamais...

« Oh ! frères et soeurs migrants,
Sur le tronc des cocotiers et manguiers,
Sous le géant des géants baobabs d'Afrique,
Sous les bruits nocturnes, nos bruits noirs,
À l'appel du tam-tam, mon corps musical.
Je chante ! »

La poésie de Falmarès est un trait d'union entre deux terres, deux rivages éloignés comme dans un séisme, un trou qu'il faut combler avec des mots, un pont entre les vivants et les morts aussi peut-être... Certains sont morts là-bas en Afrique, d'autres, des soeurs, des frères, sont morts en se noyant, tombés d'un zodiac dans ce trait d'union entre deux terres....
Un chemin se dessine sur cette terre d'exil qu'il foule de ses premiers pas, un chemin pour donner sens à la vie, à sa vie, à la vie de ses soeurs et frères migrants...
Falmarès a survécu aux passeurs, aux vagues infernales de la Méditerranée cognant contre le flanc du zodiac, à la mort sans cesse dans ces vagues. Alors, quand on a survécu à la mort toute proche qui a emporté d'autres soeurs, d'autres frères, on peut chanter la vie sans oublier ceux qui ne sont plus là, emportés de l'autre côté de l'océan.
Il se souvient d'une joueuse de flûte aux perles vareuses, des jeunes qui dansent et jouent de la kora et du balafon, des contes et des délices d'Afrique, du premier chant du griot, des gris-gris, des fétiches sauveurs, des talismans, des ballets trépidants traversant les nuits étoilées...

« Dans les marées basses
Et obscures,
Qui navigue sans sanglots ? »

Falmarès revisite nos mots avec la force de son âge, de son innocence, de sa maturité aussi, comme on découvre une terre inconnue avec le regard neuf d'un réfugié poétique.

« Nos fleuves d'amour !
Voluptueux, charmeux et délicieux,
Ô nos fleuves d'amour, ballade et passion,
Coeur et Amour fou ! Amour fou de toi ! »

Pour qui écrit-il ? Pour nous, mais aussi pour sa mère, car ces jeunes migrants que nous croisons parfois dans la rue sans y prêter attention, - ou parfois trop, ont aussi des mamans qu'ils ne reverront peut-être jamais.

« Chère maman, c'est moi,
C'est moi ton fils, ton champion,
Je t'écris de si fort lointain,
Je t'écris sur l'orient de mon isolement
Dans un pays de fort romantisme,
Dans les minuits de France.
Je t'écris. »

Oui, dit-il, un pays de fort romantisme... On voudrait tant y croire cependant comme lui.

« Ô cirque, toujours battage, toujours tam-tam !
Danse !
Aux nuits des corps numériques !
Vin du milieu des corps en fête,
Vin qui baigne dans un bel esprit chantant. »

Ce recueil de poèmes, Soulagements, est une ode à l'exil jubilatoire et en même temps douloureux.
La poésie de Falmarès m'a touché par ses soleils, ses rivages, ses émotions.

Grand merci à toi chère Isa qui m'a fait découvrir ce jeune poète exilé sur notre chère terre, sur notre chair aussi qui frémit en le lisant... Qu'est-il devenu depuis ces vers ? Je voudrais tant le savoir.
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Quelles lectures faisons-nous de la poésie ? Sommes-nous habités comme Rimbaud par le désenchantement, un désenchantement qui dans le "Bateau Ivre" prend parfois une allure de trahison, "toute lune est atroce et tout soleil amer", jusqu'à prononcer ces quatre mots "que ma quille éclate" !
Pouvons-nous imaginer que Falmarès, ce jeune Guinéen, sur ce zodiac de fortune, parmi 180 émigrants, quille battue par les vagues de la Méditerranée, ait pu revivre ces vers d'Arthur Rimbaud ?

Y a-t-il une poésie vaine et inutile pour les jours ordinaires, et une poésie éloquente à l'appel des abîmes. Falmarès poursuit la quête d'une poésie de l'humain, de la solitude, une poésie de la lucidité dépoussiéré d'un ésotérisme facile que Rimbaud ne pouvait que mépriser.

Dans l'écriture de Falmarès c'est le sens qui guide ses pas, le sens de la vie contenu dans toutes ses dimensions, un sens qui devient comme le sang qui irrigue le corps, la destination, les valeurs, ou les émotions.

Ô toi balafre noire, ma balafre !
Alors donc,
Alors dis-moi la figure des hommes miens ?
Soûl de joie et tristesse de mars !
Ô mars ! Vieux mars est mon triste sang !

Femmes douces,
enfants lisses,
vont à la source à la recherche d'eau pure et limpide
à la recherche de vie
suivant des chemins d'espoir
marchant des kilomètres et des kilomètres
à la recherche d'eau à la recherche de vie.
femmes douces,
enfants lisses,
p 48

Les émotions pénètrent chacun de ses chants, et chaque pas le ramène à Koba, ici à Koba dans mon village, ici et là, écument les vagues pastorales...
Et chaque pas lui dicte une lettre familiale,
Ô maman je t'écris une lettre, je t'écris entre deux vents, je t'écris...

Son Afrique bat le tam tam , dix chants pêle-mêle de joie et cris d'amour, inaugurent le recueil.
Cette longue mise en scène de son pays, suit son appel à tous les migrants, aux migrants de tous voyages, aux amis, aux camarades, Oh soeurs et frères migrants suivent son regard penché vers les souvenirs rassemblés, empilés au fond de son coeur.

Chaque chant commence par Ô cirque, battage de tam-tam, et toujours toi tam-tam...
Si je ne vous chante
Qui donc vous chantera.

Aujourd'hui il a dix huit ans, il porte tant d'espoir dans ses yeux, transfigure notre propre pays, la Bretagne, sa Ville Koba se dit Vannes en breton, j'aime tant le voir sourire.
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Falmarès le "réfugié poétique" a maintenant 18 ans, c'est son deuxième recueil.
Des poèmes courts, mais aussi un long et puissant "Ballet africain", tout de danses et de percussions dans une écriture tout aussi percussive.
Un hymne à la vie, mais aussi la remontée de souvenirs tragiques, dans la poignante "Ode à mes frères migrants" et dans le bouleversant "Prophète".
On retrouve la beauté de ses images, dans une poésie peut-être moins spontanée mais plus riche, plus hermétique parfois, se réclamant de Césaire.
Surtout on retrouve son amour des mots.
Et lorsqu'il lui en manque un, il l'invente.
Challenge Poévie
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Femmes douces,
enfants lisses,
vont à la source à la recherche d'eau pure et limpide
à la recherche de vie
suivant des chemins d'espoir
marchant des kilomètres et des kilomètres
à la recherche d'eau à la recherche de vie.
femmes douces,
enfants lisses.
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Balafre ! Toujours toi, balafre foncée !
Plus loin mes masques, mes coupures,
Mes tags, mes sillons,
Plus loin un ruisseau de sang coule
Tout le long de mes routes livides,
Plus près, sous mes taillades,
Ces bijoux noirs restent à jamais scellés.

(Balafre noire)
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Migrants de tout voyage ! Migrants de tout lieu !
De toute béatitude ! De tout être !
Dans toutes les langues de la terre,
J'invoque le cœur des Hommes.

(Ode à mes frères migrants)
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Le poème est souffle du monde visible et invisible,
Il émane à chaque souffle, à chaque silence,
A chaque battement du cœur,
A chaque regard vers les espaces.

(Mon petit village)
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Semblable au laboureur fatigué,
Semblable au fruit géométrique du poème.
La nuit même du poète et son poème,
Les enfants du souffle jouent et dansent en séquence
Et cymbalent les hautes sérénités,
Reposoir de leur âme.

(Sous les pluies)
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Video de Falmarès (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Falmarès
France : Falmarès, réfugié poétique
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