Je vais directement sur l'étagère où les auteurs de la lettre B se sont amassés. Personne du nom de
Bandini. Pas encore mais un jour cela viendra. Un jour les étagères seront remplies de livres de
Bandini, Arturo
Bandini. Un jour, je signerai plein d'autographes dans la rue, toutes les poupées à mes pieds. Je sors de la bibliothèque, furieux de ce manque de considération, furieux de cette incompréhension. " Dans le caniveau je repère un long mégot. Je le ramasse sans gêne aucune, et je l'allume, un pied dans le caniveau, j'en tire une grande bouffée et souffle la fumée en direction des étoiles. " Et je traîne dans Downtown, la poussière des trottoirs recouvre mes savates d'un autre âge. Je décide de rentrer dans mon hôtel miteux pour écrire. Moi, le grand
Bandini dont sa dernière nouvelle a été publiée, je vais tous les éblouir, tous les bluffer. Tous les éditeurs voudront signer le grand
Bandini.
Je m'arrête à un bar encore plus minable que celui d'hier. le café est dégueulasse, je suis prêt à le recracher devant cette serveuse mexicaine. Elle est belle mais ce n'est qu'une mexicaine. Et dire que cette métèque semble me mépriser, me traitant de Rital. Moi, le Grand Arturo. J'ai envie de lui en coller une à cette fille. " Américain et foutrement fier de l'être, voilà ce que je suis. Cette belle cité, ces grandes rues, ces fiers immeubles, c'est ça la voix de mon Amérique. D'un tas de sable et de cactus on s'est taillé un empire, nous autres américains. " Elle ne se rend pas compte à qui elle parle. Sache que je peux te baiser quand je veux, sale petite mexicaine. T'as déjà trop de chance qu'un gars comme moi, un homme de cette trempe, s'intéresse à toi.
Je traverse les rues désertes, mortes que seuls les rats semblent les faire encore vivre, entre ordures et déchets humains. Au loin la mer, mais ici que du sable et de la terre poussiéreuse. Je m'installe devant ma machine à écrire en attendant l'inspiration, en pensant à cette métèque.
" Mon conseil à tous les écrivains qui débutent est très simple. Je leur recommanderais de ne jamais éviter une expérience nouvelle. Je les exhorterais à vivre la vie dans toute sa crudité, la prendre bravement à bras-le-corps, l'attaquer à poings nus. "
Mon conseil à tous les lecteurs qui veulent découvrir la vie, la vraie vie est tout aussi simple. Je leur recommanderais de lire le grand Arturo
Bandini. Une plongée dans les bas-fonds de L.A. comme vous ne pouvez plus l'imaginer, un voyage dans la poussière des rues...
A.
Bandini
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