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4,21

sur 2025 notes
John Fante, c'est avant tout une écriture puissante, directe, qui prend aux tripes. Demande à la poussière ne fait pas exception à la règle. Largement autobiographique, le roman narre les tribulations d'Arturo Bandini, fils d'immigrés italiens sans le sou qui se rêve écrivain. Orgueilleux et convaincu de son talent parce qu'il a publié une unique nouvelle, il erre dans les rues de Los Angeles, seul, imaginant le jour béni où il sera enfin un auteur respecté par ses pairs et adulé par les femmes. Dans un bouge miteux, il fait la rencontre de Camilla, une jeune serveuse mexicaine dont il tombe éperdument amoureux. Un choc pour cet être excessif, prêt à tout pour la conquérir.
Ce roman est le récit de la misère et de la fureur. le portrait d'un écorché vif qui tente de dissimuler son manque d'assurance, sa honte et sa timidité derrière une arrogance et une vanité de façade. Isolé dans cette ville de cinéma accablée de chaleur et de poussière, loin de ses repères, Bandini survit au jour le jour, tentant de se faire un nom à la force de la plume. Fante restitue à merveille cette rage et ce désespoir avec lesquels le jeune auteur s'acharne à sortir de la fange,de s'extirper de sa triste condition de petit rital sans envergure. de l'émotion brute, sans chichis, qui saute une nouvelle fois aux yeux lorsqu'il est question de décrire les sentiments que cet anti-héros ressent pour Camilla. Pas de poudre aux yeux, pas de tournures alambiquées, chez Fante, la poésie et le lyrisme naissent de la trivialité. Pas étonnant que Bukowski soit tombé en adoration devant cette prose alerte et vive, qui saisit le lecteur par le col. On ne ressort pas indemne d'un roman de Fante, mais plutôt rincé, salement secoué et des étoiles plein les yeux.
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Absent des ouvrages sur la littérature américaine du vingtième siècle, John Fante est devenu en quelques années une sorte de romancier américain mythique. Surtout en France, dit-on. Il fallait que je me fasse ma propre opinion. J'ai choisi de lire un ouvrage dont le titre insolite avait retenu mon attention, Demande à la poussière, un roman écrit et publié sans succès en 1939, puis publié à nouveau dans les années quatre-vingt.

Demande à la poussière est un roman quasiment autobiographique. John Fante s'y projette sous le nom d'Arturo Bandini, un tout jeune Américain fils d'émigrés italiens, monté à Los Angeles pour réaliser son ambition de devenir un romancier célèbre. Sans un sou, psychologiquement instable et débordant d'énergie brouillonne, il mêne une vie de paumé, plongé dans des rêves de gloire enfantins. Il m'a fait penser à Arthur Rimbaud jeune, et à son poème Ma vie de bohème (Arturo vs Arthur : coïncidence ou référence assumée ?) :

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal :
J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ;
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !...

Certes, à Los Angeles où les déserts alentours dispersent jour après jour leur chaleur poussiéreuse sous un ciel incandescent, on ne porte pas de paletot... Toutefois, dans un bar minable, on y rencontre une jeune serveuse mexicaine qui se verrait bien dans le rôle de muse d'un futur grand écrivain. Arturo rêverait volontiers d'amours splendides avec elle... Mais rien ne se passe comme il faut... le caractère tourmenté d'Arturo, ses sautes d'humeur infantiles, son catholicisme expiatoire, ses complexes d'enfant d'immigré n'arrangent rien.

Le thème central du livre est l'éclosion d'un jeune artiste, trimballé entre ses présomptions et ses doutes. Fante / Bandini a beau être persuadé d'être le plus grand romancier américain de son temps, il n'en est pas moins à chaque fois stupéfait de voir ses nouvelles publiées dans un magazine littéraire, ce qui le sort progressivement de la misère.

John Fante a un style d'écriture qui lui est propre, un style brut, expressif, agressif, presque vociférant. Les mots et les phrases donnent l'impression d'être jetés, comme une matière première non travaillée. Ce qui est certainement faux car malgré ses excès, l'ensemble donne une forte impression d'équilibre et d'harmonie. Les pages se lisent très agréablement... Belle performance du traducteur qui a su trouver en français les tournures d'expression qui convenaient.

Le fond du récit est sombre, angoissé, prémonitoire d'une fin tragique. Dans les quartiers déshérités d'un LA marqué par la grande dépression des années trente, des êtres misérables mènent des vies sans espérance. Les pérégrinations d'Arturo l'amènent à Long Beach, à quelques pas de LA, le jour d'un tremblement de terre meurtrier (mars 1933), annonciateur du big one qui pourrait un jour réduire la région en poussière.

La poussière, partout, tout le temps... Dans le désert des Mojaves – la Vallée de la Mort ! – le sable se délite en poussière, effaçant toutes traces...

Où est-elle ?... Même la poussière ne connaît pas la réponse.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Je ne savais pas que ce livre avait été écrit en 1939, que c'était un roman semi-autobiographie et que c'était le tome 3 d'une saga.
En faite des que je vois un livre de John fante, je l'achète tout bonnement !

Et bien je fus transporté par son écrit.

C'est l'histoire d'un écrivain débutant plongé dans la pauvreté et éperdu d'amour pour une femme qui ne l'aime pas…
Bien que j'ai relu certains passages avec délectation, je fus attristé par cette histoire remplie d'espoir, de haine et de désir…
C'est un très bon roman, mais ce n'est pas celui que je préfère de cet auteur…
Bien que je ne suis qu'une novice dans la lecture de ses ouvrages… Je vais donc continuer à découvrir ses oeuvres pour avoir un jugement plus éclairé.

Bonne lecture !
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Bukowski présentait Fante comme son mentor . Comme un écrivain qui avait changé l'écriture . Titillé par une telle promesse , je me lançais dans Demande à la Poussiere...

Piece maitresse d'une quadrilogie dont Demande...en est le troisieme opus , Arturo Bandini est un etre complexe avide de liberté , de reconnaissance et d'amour . L'Amerique subit la grande dépréssion de plein fouet . Bandini , fils d'immigré Italien , écrivain fauché comme les blés , parvient néanmoins à trouver refuge au Biltmore Hotel dans un Los Angeles exsangue économiquement et socialement parlant . Son seul fait d'arme : le Petit Chien Qui Riait . Nouvelle ne semblant etre connue et reconnue que par ses proches qu'il a désormais fui et des amis...qu'il n'a pas..
Échoué dans une chambre miteuse et voué à n'etre qu'un distributeur automatique pour son plus proche voisin dont la consommation journaliere de viande rouge semble désormais tourner à l'obsession , Bandini n'aspire alors qu'à une seule chose : écrire LE roman qui le fera passer d'écrivain anonyme à incontournable . Car il le sait , il le sent , écrire est toute sa vie et il se fait fort d'éclabousser de sa plume un monde littéraire qui n'attend que lui ! Il vit au jour le jour , dépensant dans l'instant le peu d'argent qu'il parvient à gagner , aidé en cela par son mécene d'éditeur qui s'échinera à le maintenir à flot . Bandini n'est pas dans l'économie , qu'elle soit financiere ou sentimentale , il est dans la vie . Tourmenté chronique , il multiplie cependant les expériences , objets , pourquoi pas , d'un potentiel futur best-seller . A cette volonté farouche d'acception vient se greffer un perpetuel besoin d'amour . Il a 20 ans lorsqu'il croise , dans un bouge de seconde zone , le regard de Camilla , petite serveuse Mexicaine au caractere bien trempé qui cristallisera désormais à ses yeux l'amour transcendant . Sa " princesse " Maya .
Bandini , à mon humble avis de sportif des bacs à sable , s'apparente à un coureur de fonds . Meme s'il poursuit plusieurs lievres à la fois , il est toujours dans le mouvement et jamais avares d'éfforts pour tendre vers les buts qu'il s'est fixé ! Il faut bien lui reconnaitre une chose outre ses nombreux défauts : la persévérance ! Tour à tour égocentrique , injurieux , lache , menteur mais aussi généreux. , attentionné , prévenant...il n'en reste pas moins que l'on s'attache finalement à ce personnage romanesque ! Il est réservé de caractere , maladroit , notamment dans ses rapports avec la gente féminine qu'il découvre alors et particulierement avec Camilla , sorte d'Everest à conquérir en tong...Amoureuse d'un autre homme , droguée jusqu'aux yeux , ils développeront logiquement un sentiment d'attirance / répulsion , d'amour / haine et ceci jusqu'au final éblouissant !
Fante sait écrire ! C'est indéniable . Description d'une ville aussi fantomatique que ses habitants , difficultés du quotidien , volonté farouche de s'en sortir dans un contexte hostile au possible , amour idéalisé alors que tout semble le désacraliser...Fante compose simplement mais dans un style flamboyant qui ne manquera pas de vous toucher au coeur et à l'ame d'un puissant upercut , vous laissant étendu pour le compte ! Un récit tour à tour poétique , métaphorique , désabusé avec une fin qui à elle seule justifierait sa lecture !

Demande à la Poussiere...récit semi-autobiographique , semi-fictif mais totalement jubilatoire !
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Quel petit con cet Arturo. Imbu, suffisant, arrogant, prétentieux. le rital d'Épinal.
Son truc c'est l'écriture, le nouveau Poe, Whitman, Heine qu'il disait.
Une nouvelle à deux balles publiée et il s'emballe, tout est plié.
Colorado dans le dos, laissant maman pour Los Angeles, sa nouvelle adresse.
D'adresses, il va en manquer. Avec les filles d'un jour d'abord, avec Camilla ensuite, sa belle Mexicaine déjantée. Il passe à côté de l'extase, tout en gueule, rien dans le sac.
Empêché par la crainte du péché. Ca va le miner.
Tu n'es qu'un fanfaron, alors tout le bouquin tu vas te la bouffer la poussière.
Quand ton brin d'écriture t'emmène en haut, tu la ramènes, hâbleur, tu me fais de la peine, tu n'es qu'un leurre.
Vite revenu en bas, tu chiales quelques argent à maman par un courrier tourné.
Tu te conduis comme un enfoiré et juste après tu demandes pardon pour l'absolution, tu es bidon !
Je ne sais pas pourquoi mais je t'aime bien quand même, c'est sûrement grâce à papa Fante qui a su creuser de profonds sillons d'altruisme, d'humanité et de passion qui te procureront une certaine aura dans ton comportement de rat.
En fait, je te plains, petit matamore à la culpabilité destructrice, continue à traîner la savate dans les rues, et à penser que :
« J'étais vraiment formidable ! Un grand homme, décidément, doux et plein de tact, aimant hommes et bêtes d'un amour égal. »
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Dès les premières lignes, avant même de savoir ce que l'histoire nous réserve ou de quoi ce livre va nous parler, on est frappé (à double titre) par l'écriture, son style et son urgence
« Un soir je suis assis sur le lit de ma chambre d'hôtel sur Bunker Hill, en plein coeur de Los Angeles. C'est un soir important dans ma vie, parce qu'il faut que je prenne une décision pour l'hôtel. Ou bien je paie ce que je dois ou bien je débarrasse le plancher. »
Le ton est donné, à l'urgence du départ (éventuel) de l'hôtel se mêle l'urgence de l'écriture de Fante qui jusqu'à la dernière page, ne se démentira pas. Apre, brûlante, impérieuse, elle fleure bon le jus de tripes. Pas le temps pour des tournures de phrases intello-académiciennes, pas l'intérêt non plus, John Fante n'est pas là pour nous conter fleurette, ce n'est pas un ménestrel, c'est un chirurgien, il méprise le psaltérion pour le scalpel, il incise avec acuité, avec lucidité, il tranche dans le vif, il nous interpelle, nous réveille – particulièrement en ces temps de rentrée littéraire ou (honte à moi je vais généraliser, c'est mal, oui je sais, réduisons cela alors à tout ce qui est (sur)taxé de best-seller avant même d'être sorti de chez l'imprimeur) tout m'a semblé bien fade, déjà vu, déjà lu, déjà oublié. À peine le temps de faire connaissance avec Arturo Bandini, personnage central du livre, qu'on est entraîné dans son sillage, dans son impatience, dans son extrémisme. On se retrouve à tellement aimer ça qu'on en redemande sans hésitation de cette écriture qui résonne en nous, trouve un écho, nous secoue... Merveilleuse sensation, n'est-ce pas là le plus beau cadeau que peut nous faire un écrivain ?
Fante, avec « Demande à la Poussière » prend le pari d'arriver à mêler écriture brutale et sensibilité, à les marier et à les faire cohabiter avec génie. Pari réussi, ô combien. Même si ce style tendu comme une corde à linge pourrait à première vue passer pour familier voire pire, grossier (et pour le coup devenir assez vite lassant) ne vous y fiez pas, il n'en est rien. Chaque mot est travaillé, ciselé avec exactitude et cadré au millimètre pour produire le maximum d'effet. Fante fait preuve d'un talent de diamantaire parfaitement maîtrisé de bout en bout.

Avec ce style si particulier, John Fante ne se contente pas de nous raconter l'histoire d'Arturo Bandini, il est Arturo Bandini, un garçon plein de paradoxes et d'émotions à fleur de peau, pressé de vivre, pressé d'aimer
« J'ai 20 ans, j'ai l'âge de raison, j'ai le droit d'aller écumer les rues en bas pour me chercher une femme »
Cette phrase tirée du début du livre résume à elle seule ce que ce personnage haut en couleurs voudrait, aimerait pouvoir faire s'il ne trouvait pas inlassablement sur son chemin cette sacro sainte religion catholique que sa si chère Mama lui a inculqué et dont il n'arrive pas à s'émanciper tout à fait. Alors il approche des femmes, s'imagine des relations qu'il n'aura jamais, finissant toujours par battre en retraite quand les choses deviennent trop sérieuses. Comment faire pour se débarrasser de ces encombrantes chaînes ? Arturo a un truc : il fantasme son avenir ! Il sera un grand écrivain. Un grand ? Non le plus grand, ce qui le mettra à même de pouvoir épouser une belle, riche et blonde américaine. À travers cette obsession, Fante injecte dans les veines de son personnage ce qu'il considère alors comme ses deux raisons de vivre : la littérature et les femmes.
« Ses cheveux coulaient sur l'oreiller comme une bouteille d'encre renversée »
C'est ainsi qu'Arturo Bandini, à l'instar de son géniteur d'auteur, décide un beau jour de quitter son Colorado natal, de tout plaquer pour partir vivre à Los Angeles, la ville où tout arrive même aux pauvres fils d'immigrés italiens comme lui. D'ailleurs à L.A il fera oublier ces pondéreuses racines, là-bas, il sera un américain pur et dur !
Un programme parfait et dont l'esquisse se profile sûrement puisqu'il compte déjà à son actif « le Petit chien qui riait », une nouvelle exempte de toute ingérence canine publiée dans une revue d'importance. Un clin d'oeil explicite à H.L Mencken, écrivain et rédacteur en chef de « The American Mercury », revue à laquelle Fante doit ses premières publications.
Arturo Bandini est donc sur le bon chemin mais il faut réitérer l'exploit s'il veut se faire un nom et pour écrire, écrire la vie, écrire les sentiments, écrire les hommes, il doit trouver la matière que le manque d'expérience dû à son jeune âge ne lui fournit pas. Très bien, il ira au-devant de la vie s'il ne s'agit que de ça, et c'est là qu'il prendra conscience qu'il est facile de venir s'installer dans un bouge miteux de Los Angeles – et ils sont nombreux à tenter leurs chances en cette période de Grande Dépression aux Etats-Unis mais bien rares sont ceux qui décrochent leur billet pour la gloire. Pour tous ces sans noms, ces oubliés du rêve américain, Los Angeles, Mecque de la célébrité et du cinéma se transforme vite en Tartare poussiéreux. La poussière... John Fante en parle jusque dans son titre car ici ce n'est pas juste un phénomène dû au sable venant de la proche côte pacifique, non, ça devient un personnage à part entière qui ne laisse jamais en paix la plèbe de la Cité des Anges et Bandini n'y échappe pas. Collant à ses habits, à ses cheveux, à sa peau, elle l'accompagne dans tous les bas fonds où il se rend, même au café minable dans lequel travaille cette serveuse qui lui fait un tel effet qu'il préfère l'insulter que de s'avouer cette attirance (ce sera l'occasion de scènes joliment cocasses entres ces deux personnages, chacun n'ayant rien à envier au panache de l'autre). Cette Camilla, elle n'est pas vraiment la blonde qu'il espère, bon sang non, elle n'est même pas américaine. Malgré tout il en tombe amoureux et encore plus éperdument quand il apprend qu'elle aime ailleurs, ce qui donnera lieu à une fin de livre troublante et mémorable.
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Je crois que je viens de tomber sous le charme de l'écriture de John FANTE. Une écriture qui tourbillonne, vibre, virevolte.
J'ai donc retrouvé Arturo Bandini (découvert dans Bandini) jeune écrivain ayant quitté son Colorado natal pour s'installer dans la « ville des possibles » où le ciel est éternellement bleu : Los Angeles. Ce jeune homme a des ambitions gigantesques : devenir le meilleur écrivain au monde, et des fins de mois souvent difficiles. Il ne connait pas grand-chose à l'amour, jusqu'au moment où il rencontre une jeune serveuse au caractère aussi explosif que le sien. Mais la jeune fille en aime un autre…à la folie et jusqu'à la folie.
Ce n'est pas tant ce que raconte l'auteur qui m'a accroché que sa manière de le raconter. Un style bourré d'énergie et d'humour, plein de fantaisie.
Tiens, je n'ai pas pu résister, j'ai pris hier Mon Chien stupide et je vais me jeter dessus.
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John Fante est un écrivain fulgurant, aimablement désespéré et ironique, jouisseur aimant les femmes et la littérature.
Voici ce qu'en dit Bukowski dans la préface dune réédition, en 1979 :

"Un jour, j'ai sorti un livre, je l'ai ouvert et c'était ça. Je restais planté un moment, lisant et comme un homme qui a trouvé de l'or à la décharge publique. J'ai posé le livre sur la table, les phrases filaient facilement à travers les pages comme un courant. Chaque ligne avait sa propre énergie et était suivie d'une semblable et la vraie substance de chaque ligne donnait sa forme à la page, une sensation de quelque chose sculptée dans le texte. Voilà enfin un homme qui n'avait pas peur de l'émotion. L'humour et la douleur mélangés avec une superbe simplicité. le début du livre était un gigantesque miracle pour moi. (...) Et je compris bien avant de le terminer qu'il y avait là un homme qui avait changé l'écriture. le livre était "Ask the Dust" et l'auteur, John Fante. Il allait toute ma vie m'influencer dans mon travail."
C'était ça!, "Pleins de vie", c'est le titre d'un autre de ses romans.
John Fante n'a pas cessé de nous faire connaître ses fantômes intimes, ses errements intérieurs, ses bagarres dérisoires et surtout sa capacité inouïe à voir au-delà, lorsque les choses de la vie ne vont pas dans le sens qu'on souhaite.
Jamais, dans la violence des sentiments et de l'écriture, il n'oublie la condition humaine, sa fragilité, sa vanité.
C'est ce qui donne à l'oeuvre entière cette dimension permanente d'un humour chaleureux qui déconstruit et retisse, par-delà la réalité sombre, une humanité morale, pleine de faiblesse pathétique et d'héroïsme quotidien.

Pour Brice Matthieussent qui a traduit la plupart de ses oeuvres, John Fante, "c'est écouter Radio Bandini ou Radio Molise. Il se fait le porte-parole de ces voix secrètes qui le hantaient".
Tout fait de la lecture de ce livre une rencontre avec le flux même d'une vie;
John fante, c'est un peu la noirceur itinérante d'un Manset, avec l'élégance et le mystère de Bashung et un grain de la folie de H.F Thiéfaine.
Sacré Bandini! il a mal fini.
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Arturo, le héros de Bandini, a bien grandi. Jeune adulte expatrié à Los Angeles, il se rêve écrivain et vient de publier sa première nouvelle dans une revue. En attendant que son talent lui ouvre les portes de la gloire, il crève la faim dans une chambre sordide, bouffant de la vache enragée et ayant toutes les peines du monde à payer son loyer. Et puis dans cette ville immense, Arturo est seul, tellement seul. Dans un troquet minable où le café est pire que de l'eau de vaisselle, il va rencontrer Camilla, une serveuse d'origine mexicaine dont il va tomber fou amoureux, pour le meilleur et surtout pour le pire.

Ah le bonheur de replonger dans un texte découvert il y a 20 ans ! Un roman culte, incontournable, une pépite qui a déclenché en moi un coup de foudre pour la littérature américaine. Demande à la poussière est une réécriture de la faim de Knut Hamsun. Il y a dans ces pages une vitalité, une fraîcheur, une urgence et une liberté de ton incomparables. Les phrases se bousculent, Arturo est tour à tour égocentrique, affreusement méchant, imbuvable, touchant ou exaspérant, parfois d'une totale mauvaise foi. Humain, quoi. Ce roman est d'une infinie tristesse mais il déborde d'amour. Il est aussi plein d'humour, d'autodérision, de désespoir. On touche à la folie, à la passion, à la vie dans ce qu'elle propose de plus universel, ce mélange de sentiments allant de la colère à la compassion, de l'attendrissement au dégoût.

L'écriture de John Fante est très orale, elle coule avec une sidérante simplicité. J'adore la variété de son registre de langue. le vulgaire côtoie des moments de pure beauté, les dialogues sonnent parfaitement juste, c'est tout ce que j'aime en fait.

Fante mon amour ! Sans John Fante, je n'aurais jamais connu Selby et consorts. Sans John Fante, une certitude, ma vie de lecteur aurait été bien plus triste !
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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John Fante...un inconnu pour moi jusqu'à ce jour.
Un auteur mythique, précurseur de la "beat-generation" aux Etats-Unis, unanimement apprécié par les amateurs de littérature américaine.
Ses romans sont en grande partie autobiographiques et traitent de son parcours difficile d'écrivain entamé en Californie où il est allé chercher fortune fuyant les quartiers misérables de son Colorado natal.
Pour nous conter tout cela, il met en scène son alter-ego, Arturo Baldini.
Fils d'émigrés italiens et très vite attiré par la littérature, il veut tenter sa chance ailleurs, là où l'argent coule à flot et où il lui semble qu'il pourra se forger une renommée.
Arrivé sans le sous, il s'est installé dans un petit hôtel et écrit des nouvelles publiées de temps en temps dans un journal local.
Les cachets qu'il perçoit, il en envoie une grande partie à sa mère et dépense le reste à traîner.
Complexé, persuadé de ne pas valoir grand'chose, à la fois effrayé et attiré par les femmes, il vit difficilement sa relation avec Camilla rencontrée dans un bar.
Serveuse mexicaine mal dans sa peau, alcoolique et droguée, elle réussit pourtant à éveiller chez ce "gamin" de 20 ans torturé et impulsif, un sentiment ambigu fait de haine et d'amour mêlés.

Cette réédition est préfacée par Bukowski qui exprime toute son admiration pour Fante, confessant même avoir trouvé sa voie grâce à ce roman, précisément.
Dans un langage simple, percutant, Fante déroule sous nos yeux une partie de son parcours chaotique d'écrivain dans un Los Angeles encore poussiéreux du désert menaçant.
Un humour grinçant, beaucoup d'auto-dérision et un style étrange, inhabituel, avec lequel j'ai eu quelques difficultés d'adaptation et qui justifie mes trois étoiles.
Ce livre est assurément un classique de la littérature américaine que je suis contente d'avoir découvert.
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