AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,21

sur 2026 notes
Dur dur d'être un génie incompris, contraint à l'anonymat, muselé au quotitiden par sa propre modestie ! (moi-même, vous n'imaginez pas ce que j'endure... ;-))

Arturo Bandini en sait quelque chose, lui l'écrivain maudit dont l'oeuvre magistrale demeure injutement ignorée du public ! Bon, à y regarder de plus près, l'oeuvre magistrale se limite en fait à une unique nouvelle (le Petit Chien Qui Riait, en vente chez tous les bons charcutiers) mais déjà hein, c'est pas rien !
La gloire, l'argent et les honneurs ne vont pas tarder, c'est sûr, alors pour patienter Arturo Bandini déambule dans les rues poussiéreuses de Los Angeles, gaspille ses derniers dollars et vit d'expédients. Bars et hôtels miteux, rencontres improbables, mais toujours personne pour reconnaître en lui le nouveau Faulkner, l'égal d'Hemingway... Pourtant ça crève les yeux !
Fantasque, menteur, plein d'ambition et d'énergie, Arturo tire des plans sur la comète : c'est un vrai bonheur que de le suivre dans ses délires, et à l'inverse un vrai crève-coeur de se heurter avec lui à l'indifférence générale. Notre jeune homme en perd presque la tête, et son caractère changeant de grand émotif vire presque à la schizophrénie quand il rencontre la belle Camilla Lopez, une serveuse mexicaine tout aussi frappée que lui ! C'est la naissance d'une relation ambiguë, alternativement tendre et violente, mélange de haines et de passions, de "je t'aime moi non plus", qui nous offre des scènes et des dialogues assez décapants !

Tout au long du roman, John Fante (dont on m'avait fort justement vanté les mérites, merci @blandine5674 !), souffle ainsi le chaud et le froid, soulevant au passage cette poussière du désert qui, à l'en croire, plane en permanence sur la cité des anges.
Si l'histoire proprement dite ne m'a pas complètement transporté, le style vraiment original et parfaitement maîtrisé de John Fante (encensé dès la préface par Bukowski himself, excusez du peu !), son goût pour l'absurde, la force évocatrice de son texte et son phrasé étonnamment moderne (pour une oeuvre de 1939) me l'ont rendu, ainsi que son héros, éminemment sympathique !

Voilà donc un livre tragiquement décalé, plein de rage, de misère et d'humanité, qui s'achève sur un très joli chapitre dans le sublime désert du Mojave. La fièvre créatrice d'Arturo Bandini (présenté comme le jumeau fictif de John Fante lui-même) est furieusement contagieuse et s'il est vrai, comme le disait Picasso, que "l'art lave notre âme de la poussière du quotidien", alors nous voilà durablement décrassés !
Commenter  J’apprécie          354
J'ai savouré les mots, les phrases, les ponctuations qui interviennent suivant le souffle, le ton que Jhon Fante donne à son personnage! J'ai savouré ces moments de rage de vouloir imposer sa gloire quand le monde vous ignore encore, ces montées et descentes de la gloire qui peut surgir s'un coté et décliner de l'autre côté, toutes ces péripéties qui engorge l'univers d'un génie ou d'un écrivain...
Commenter  J’apprécie          350
Dans l'histoire des lettres américaines , il ne faut surtout pas oublier Fante.
Cet auteur qui est demeuré dans l'ombre de Steinbeck mérite plus que largement le détour .
Il y a une force , une puissance , une envie de hurler à la face du monde chez Fante.
Ce texte fait partie intégrante de l'oeuvre majeure de ce très grand écrivain , que tout les amateurs de littérature américaine doivent découvrir un jour .
La discrétion relative dans laquelle Fante reste confiné est injuste .
Ce livre est un bijou noir , une oeuvre incontournable ...
Commenter  J’apprécie          345
Voilà, je viens de tourner la dernière page de ce sublime roman et j'ai ce sentiment qui n'est pas fréquent, mais que je ressens lorsque je termine un livre qui m'a particulièrement touchée : j'ai l'impression de devoir faire le deuil d'une histoire et de personnages auxquels je m'étais attachée.
Demande à la poussière, c'est Arturo Bandini, sa sensibilité, son talent, son amour pour Camilla, la « Mex » qu'il traîne parfois dans la boue, ses road trips à travers la Californie et son regard souvent très juste sur sa condition de fils d'immigrés italiens et de jeune écrivain parfois crève-la-faim et pourtant toujours très généreux (c'est même souvent un « panier percé »). L'écriture est crue, parlée, et c'est probablement ce qui fait sa richesse, puisqu'on se sent d'emblée proche de ce Bandini, jeune homme passionné et profondément humain qui a très envie de croquer la vie à pleine dent, malgré une culpabilité récurrente qui lui vient fort probablement de l'héritage catholique familial. Il en parle souvent d'ailleurs et revient vers Dieu quand ça l'arrange… On suit donc sa vie dans cette ville parfois chaotique qu'est Los Angeles, avec ses laissés-pour-compte (Bandini parle des prostitués, du ghetto noir où les usagers de cannabis s'entassent dans des endroits glauques pour fumer leur chichon, des « expatriés » originaires du midwest brûlés par le soleil californien, etc.). Et on l'imagine dans sa petite chambre d'hôtel miteuse où il passe parfois des journées à écrire, étant persuadé – à juste titre – qu'il finira un jour par devenir un écrivain de renom.
Après avoir lu Mon chien stupide, que j'ai aussi beaucoup aimé, je me suis dit qu'il fallait que je me lance dans l'aventure Fante et tout lire de lui. Si je n'avais pas été déjà convaincue, Demande à la poussière aurait achevé le travail… Eh oui, ça y est, je suis tombée sous le charme de l'écriture de John Fante et de son alter ego Arturo Bandini
Commenter  J’apprécie          347
Vous voyez, ces gens agaçants et excessifs, ces personnalités difficiles qui vous donnent envie de fuir? Ceux qui sont à l'opposé de la vie que vous croyez avoir envie de vivre? Ceux qui vous rappellent trop ce que vous n'aimez pas chez vous?
Et un jour, au milieu d'une anecdote au téléphone, ils lâchent un simple "bon, moi, tu me connais, narcissique..."
ou au comptoir d'un pub "... je l'aime encore, ce bâtard..." et à cet instant, désarmé par tant de sincérité, vous savez que vous aurez un mal fou à vous passer d'eux. Dans ma vie, ces personnes ont un prénom qui commencent par Y. Dans ce roman, par un A.

On est soufflé comme quand le décollage d'un avion vous plaque à votre siège, on ne peut plus que laisser faire et on adore ça.

C'est tel quel et pas tel que ça devrait être. Arturo hait sa princesse maya plus qu'il ne l'aime, il veut lui faire du mal plus qu'il ne veut lui faire du bien, puis la tendance s'inverse...il est en proie à ses contradictions, et il les couche sur le papier sans avoir cherché à les rendre cohérentes. Il se regarde vivre, et se voit déjà l'écrire même dans le pire, sans rien policer surtout pas sa vanité d'écrivain au talent surhumain. Il assume de ne pas assumer son désir puis de s'en rendre esclave. Qu'est-ce que c'est drôle!

Est-ce qu'on finit par les envier d'avoir ce courage ou est-ce qu'en laissant briller leur lumière, ils nous donnent la permission de faire de même (pour paraphraser Marianne Williamson)
Commenter  J’apprécie          332
Comment foirer sa lecture, en une leçon, par Belette Cannibal Lecteur.

Alors, vous prenez tout d'abord un Classique de la Littérature Américaine, un roman grandiose super vachement bien côté par vos petits camarades de Babelio et partout ailleurs.

Poussez le vice jusqu'à prendre celui qu'un de vos potes dans la IRL (In Real Life) vous a conseillé en vous disant que c'était un chef-d'oeuvre à ne pas manquer, que votre vie n'avait pas encore commencée parce que vous ne l'aviez pas encore lu.

Installez-vous confortablement dans votre fauteuil, préparez-vous une bonne tasse de café et commencez la lecture...

Faites un "waw, tout ça" en lisant l'intro réalisée par Charles Bukowski qui est dithyrambique sur cet ouvrage :

"Et je compris bien avant de le terminer qu'il y avait là un homme qui avait changé l'écriture. le livre était Ask the Dust et l'auteur, John Fante. Il allait toute ma vie m'influencer dans mon travail".

Là, vous vous dites que oui, en effet, c'était une honte que de ne pas l'avoir encore lu et vous souriez rien qu'à l'idée de découvrir ce roman dont on dit tant de bien ! Vous êtes chaud boulette, plus qu'une baraque à frites et vous vous apprêtez à passer un tout GRAND moment de lecture.

Et là, bardaf, c'est l'embardée, vous passez à côté ! Vous trouvez le style pas facile à lire, un peu étrange, décousu, et vous devez vous forcer à lire, espérant tomber enfin sur "de l'or à la décharge publique" comme disait le grand Charles.

Bon, comme je suis maso, j'ai tout lu, jusqu'au bout (c'était pas un pavé, heureusement) mais je l'ai refermé avec une impression horrible : on m'avait vanté un chef-d'oeuvre - ce qu'il est sûrement, parce qu'autant de lecteurs ne peuvent pas se tromper et on ne cause pas de 50 nuances ou de Twoilett - et moi, triple imbécile de banane dégénérée, je venais de passer à côté.

Loin à côté, même...

J'enrage parce que quand j'apprend que "Demande à la poussière" a été perçu au fil des années comme un roman de première importance sur le Sud de la Californie et moi, je suis la béotienne qui n'a même pas été capable d'apprécier ce roman.

Pourtant, il avait tout pour plaire, le récit de Fante, car dans son roman se retrouvent les thèmes récurrents de ses écrits : la pauvreté, la religion (catho), la vie familiale, l'identité italo-américaine, les sports, la vie d'écrivain, la place qu'il voulait se faire et la faim, car on a un homme qui est réduit à manger des kilos d'orange !

Pas de cotation parce que ce roman ne mérite pas que je le saccage ou que je cote vache, je n'ai pas réussi à l'apprécier, c'est tout et la responsable, c'est moi.
Commenter  J’apprécie          3114
J'attendais beaucoup de John Fante. Trop peut-être.
Cette histoire d'amour houleuse sur fond de déambulations dans ce Los Angeles des années 30 m'a parue assez répétitive, bien que je sois très sensible à ces personnages de paumés en quête de reconnaissance et aux descriptions des quartiers miteux de cette ville. Certains passages sont même bouleversants. Je retrouve là tout ce que j'aime chez Bukowski mais sans les considérations sociales que Bukowski adresse directement au lecteur, et qui font toute la force de ses livres.
Commenter  J’apprécie          310
C'est l'histoire d'un type jeune, seul, qui a reçu une éducation, égocentrique immature , sans le sou, qui pense qu'il a un talent d'écrivain... et qui devient un "père" petit-bourgeois qui achète à sa "fille" rebelle un petit chien et loue une maison au bord de la mer avec une jolie clôture blanche.
Le tout en moins d'un an (mon estimation).
Pas assez intelligent pour faire une analyse tant les thèmes abordés sont nombreux, je me contente du simplisme. Mais le livre lui, et c'est là le signe du talent, est clair, limpide, brut.
C'est pour moi un roman d'apprentissage accéléré, peuplés d'anti-héros, écrit "avec les tripes et du coeur" dit Bukowski , ce que l'écriture confirme page après page.
Ce roman est moderne depuis 70 ans et cela va durer.
Commenter  J’apprécie          312
Je viens de le finir. Un livre beau et prenant. La fin est de toute beauté. Il n'a pas été des plus simples à lire. Pas comme le premier qui m'avait fait connaître l'auteur - offert par le libraire pour deux autres achetés. «Mon chien stupide», un coup de coeur immédiat lu presque d'une traite (Ici)
Non celui-ci a été plus dur. J'ai vécu les montagnes russes avec lui. Il y a eu des hauts et des bas mais la langue, elle, cet étonnant mélange de style, syncopé et poétique à la fois, m'a terrassée.
Son style n'appartient qu'à lui: brisé, blessé mais têtu, «fonce dedans», à cru. le contraire du style élégant et feutré.
Que dire de l'histoire tout en évitant de trop résumer? Je retiens avant tout que ça semble vécu par l'auteur tant c'est plein d'émotions retenues. Son héros, Arturo Bandini , jeune auteur d'une vingtaine d'années qui attend d'être enfin publié, raconte son histoire d'amour fou, à Los Angeles, dans les années quarante, avec Camilla, une serveuse de bar, de laquelle il s'entiche violemment et définitivement malgré tout ce qu'elle lui fera voir. Elle n'est pas facile, en aime un autre qui la déteste. Elle aime les chiens et la marijuana. Elle sera à jamais le premier véritable amour de Bandini qui ne la laissera jamais tomber, et pourtant !
Mais ce n'est pas ça l'important.
C'est le héros lui-même qui m'a intéressée. C'est un drôle de type. Pas facile à comprendre. Paumé, désarmé, sans ami, sans aide dans une ville hostile où il ne connaît personne et où il ne se fera pas d'amis mais qu'il connaît par coeur à force d'y déambuler jour et nuit. Il ne fait rien, si ce n'est attendre la sortie de son premier roman. Son éditeur lui envoie régulièrement de l'argent qui lui sert à vivre chichement car il dépense tout pour cette Camilla. Il dépense à tort et à travers. Il est trop généreux et on a envie de lui dire de se protéger de tout et de tout le monde et surtout de lui-même. Sa force, c'est sa foi dans son destin d'écrivain . Il est sûr d'y arriver et ne pense qu'à ça. Mais sa fragilité, c'est son amour pour les plus déshérités que lui.
Fils d'immigrés italiens, il est hanté par son éducation chrétienne. La culpabilité le poursuit, bref, c'est un personnage très complexe, très puissant que je ne suis pas prête d'oublier. J'ai ressenti le même attachement pour un autre grand de la littérature, le Martin Eden, de John London.

Des livres comme ça, j'en voudrais tous les jours !
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
Commenter  J’apprécie          302
Depuis le temps que j'en entendais des dithyrambes sur Fante, il fallait bien que je m'attaque un jour à son oeuvre. Ayant quelques a priori contre l'autofiction, j'ai pris mon temps, mais j'ai finalement décidé de faire comme Bukowski (qui signe la préface) et de commencer par celui-ci.
N'ayons pas peur des mots : j'ai pris une claque, tout comme le grand Charles.
Ce qui frappe en tout premier lieu, c'est la faculté de l'auteur à captiver son auditoire avec une histoire des plus simples. On cherchera en vain coups d'éclat, bagarres ou retournements de situation, il n'y en a goutte, c'est une histoire de tous les jours, de quelques laissés-pour-compte parmi des milliers d'autres dans le Los Angeles des années trente, d'une banalité presque à pleurer. Et pourtant, c'est puissant et profond, par cet art de l'exégèse des sentiments, ceux d'un homme mis à nu, lui et ses quelques camarades de galère.
Par cette puissance d'introspection, on est avec Arturo Bandini. On est derrière lui, à côté de lui, côte à côte, on pourrait presque lui taper sur l'épaule. On n'est pas lui, non. Personne ne peut l'être, il est inimitable. Car quel personnage que ce Bandini ! Un monument de paradoxe, de mauvaise foi et d'autodérision, qui nous donne alternativement envie de le serrer dans nos bras, de s'arracher les cheveux devant sa nullité crasse, ou de lui botter le cul (quand il s'apitoie sur son sort, ce qui arrive assez fréquemment, quoi qu'il en dise). La culpabilité judéo-chrétienne en toc est probablement le clou du spectacle de ce loser impénitent, terrible et assumé. Si terriblement humain.
Quant à sa relation impossible et torturée avec la mexicaine Camilla, on y trouve tous les paradoxes de l'Amérique multiculturelle et pluriethnique, avec le rêve lointain de gravir les échelons d'une société que l'on devine impitoyable. C'est l'une des relations homme-femme les plus complexes, les plus belles et les plus intelligentes qu'il m'ait été donné de voir en littérature.
Commenter  J’apprécie          280




Lecteurs (5389) Voir plus



Quiz Voir plus

"Demande à la poussière" de John Fante

En quelle année a été publié le livre de John Fante aux USA ?

1935
1939
1945
1951

15 questions
140 lecteurs ont répondu
Thème : Demande à la poussière de John FanteCréer un quiz sur ce livre

{* *}