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sur 132 notes
Après le prometteur Une pluie sans fin et le très beau Nulle part sur la Terre, c'est avec impatience que l'on attendait la publication d'un troisième roman de Michael Farris Smith. La voilà donc avec ce Pays des oubliés qui s'ouvre sur de très belles pages. On y découvre Jack Boucher, orphelin élevé par une mère adoptive, Maryann, quelque part dans le delta du Mississipi dont le sol « des générations durant avait fait bien des riches et bien plus de pauvres encore. » Jack a vieilli et Maryann aussi. Elle s'éteint lentement, minée par Alzheimer, dans une maison de retraite. Lui, après des décennies à gagner sa vie dans des combats clandestins qui ont brisé son corps et usé son cerveau, ne sait qu'une chose : il doit trouver de l'argent pour payer ses dettes de jeu et éviter que la banque ne mette la main sur la maison de Maryann. Alors il roule vers ce qui va sans doute être son dernier combat, avec un carnet dans lequel il note le nom des gens et ce qu'il a à faire, afin de compenser les trous de mémoire qui minent sa cervelle, et un sac de comprimés divers destinés à tenir à distance les douleurs qui l'accablent.
Voilà donc un splendide décor et des personnages rapidement attachants. Cependant, très vite, le Pays des oubliés peine à tenir la distance. On a parfois l'impression que Michael Farris Smith est parti d'une ébauche de livre, et surtout de quelques personnages forts, mais n'a pas toujours su comment les mettre en scène. Il multiplie donc les personnages secondaires, la plupart – comme la terrible Big Momma Sweet, Baron le chef du cirque itinérant, Ricky Joe la petite ordure, ou Annette à la recherche de son père – très caricaturaux, sans nuances. Et puis il les lance dans une intrigue qui, pour avancer, accumule trop les rencontres de hasard – Skeely trouve Jack, Baron les trouve, Annette trouve Jack, Ricky Joe retrouve par hasard Jack et Annette… - pour pouvoir rester crédible.
Si l'on s'accroche au roman parce que l'on a trouvé dans Jack et Maryann deux personnages forts et émouvants, à l'image de ceux que l'on avait aimé suivre dans Nulle part sur la Terre, on ne peut nier que l'on a souvent l'impression de s'embourber dans une histoire qui manque de cohérence et donc, en dehors de Jack et Maryann, de chair. En fin de compte, la déception est la hauteur des attentes que l'on pouvait avoir vis-à-vis de ce roman. Espérons que le prochain livre de Michael Farris Smith nous fera oublier les faiblesses de celui-ci.

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EXPIATION


J'avais lu, et grandement apprécié, « Nulle part sur la Terre » de Michael Farris Smith il y a de ça quelques mois.

Dans ce roman, l'auteur nous plonge à nouveau dans l'Amérique des laissés pour compte, les miséreux, les alcolos, ceux cramés au fer rouge des choix pourris et de la poisse.

Jack, quarantenaire au corps perclus d'années de combats sauvages, d'anti-douleurs et de whisky, doit de l'argent à Big Momma Sweet, truande du Delta appauvri du Mississippi et cherche aussi à sauver la propriété saisie par les banques de sa mère adoptive et lesbienne mise au ban de la société, Maryann, afin que celle-ci puisse mourir entre les murs de sa maison.

Son chemin croisera celui d'Annette, danseuse tatouée dans un cirque à la troupe de bras cassés et autres repris de justice, en éternelle quête de liberté et de changement.

On retrouve le style poétique et brutal de Michael Farris Smith, sa sensibilité à la nature humaine, ses travers, ses ratés et ses désirs d'absolution ainsi que sa voix pour les exclus du rêve américain.

Un très beau roman, violent et lyrique à la fois, dans la lignée de Jim Harrison, James Lee Burke ou Larry Brown.

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Le pays des oubliés de Michael Farris Smith est un roman d'une redoutable efficacité. Admirablement construit, littéralement ciselé, il se lit d'une traite, le souffle court et la peur au ventre.


Il est empli de hargne, de rage et de violence.
Ses personnages, les oubliés du monde qui file droit, les laissés pour compte, les abandonnés, jouent des poings et puis du coeur.
Pour survivre. Comme ils peuvent.
Écorchés – dans tous les sens du terme – ils se débattent. Souffrent et négocient. Ils font les mauvais choix, si tant est que choix il y a.
Ils sont ceux qu'on ne voit pas, les camés, les sauvages, les combattants.


La voix de Michael Farris Smith est claire. Précise. Terrifiante.
Elle dit le monde des exclus, des misérables et des survivants. le monde de ceux que le rêve américain a délaissés.
Elle dit l'Amérique qui a mal et qui fait mal. Celle des combats d'hommes et de chiens, des paris à la vie à la mort,
et des assassinats pour quelques centaines de dollars.
Elle dit le sang-froid et la folie,
Le désespoir et la fièvre.


Entre les pages du Pays des oubliés, une poésie rare fait son lit.
Ça pue, ça suinte, ça saigne,
ainsi va la vie, ainsi va la mort.
Mais au détour d'une ligne ou d'un amour naissant, une lumière se dessine, un espoir surgit.
Et on s'y accroche, pour ne plus le lâcher.

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Ce roman nous entraîne dans une Amérique des laissez-pour contre, de ceux qui sont à terre et qui ont tant de mal de se redresser mais aussi l'Amérique de la pègre.
Jack a tout perdu dès le départ, il est élevé par une femme remarquable Maryann qui ne va pas ou ne peut pas s'opposer aux choix de celui-ci.
Jack est au bout du rouleau, usé par la vie, l'alcool et les drogues.
Puis il fait une rencontre qui tient du miracle. Un ange nommé Annette …

Les miracles existent si l'on a la force d'y croire vraiment …
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J'avais apprécié le précédent opus de Michael Farris Smith « «  et je me disais que je devais lire son dernier pour confirmer si c'était juste une oeuvre magistrale ou un coup de chance.

Et bien, « Au pays des oubliés » a encore été un magnifique voyage au coeur du Mississippi. Je pourrai même étiqueté ma lecture de magique. Je me suis totalement abandonné dans cette lecture.

L'émotion monte d'un cran dans les derniers chapitre. Une beauté ces oubliés.

À lire ? Une lecture coup de poing direct dans votre coeur
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« Etre vivant, de toute façon, c'est avoir des cicatrices ». Cette phrase de John Steinbeck placée en exergue donne l'esprit du troisième roman de Michael Farris Smith.
Des stigmates, physiques et psychologiques, Jack, le personnage principal du « Pays des oubliés », en porte en abondance. « Alors qu'il avait deux ans le garçon fut déposé à la porte des dons du bric-à-brac de l'Armée du Salut à Tunica, ne portant rien d'autre qu'une couche informe. » Toute son enfance passée du côté du delta du Mississippi n'est qu'une succession d'abandons jusqu'à sa rencontre avec la douce Maryann. Elle aussi a des fêlures, empêchée qu'elle est de vivre librement son amour et sa sexualité.
Arrivé au mitan de sa vie, Jack est au bout du rouleau. Son corps martyrisé
par des années de pugilat, de fréquentation de dealeurs, de parieurs clandestins et d'hommes « qui tuaient des chiens avec d'autres chiens », n'est que souffrance. le choix est entre « frappe ou fais-toi frapper ». Bref, que de la violence. Enfin presque puisqu'il y a Maryann, tendre et empathique, qui agonise dans un mouroir. Pour la sortir de là et qu'elle puisse retourner dans sa maison saisie à cause des dettes accumulées par ses inconséquences, le boxeur doit, malgré ses douleurs, combattre de nouveau et gagner l'argent nécessaire. C'est sans compter sur Big Mamma Sweet, une impitoyable mafieuse, mais aussi sur les regrets qui le tourmentent. Est-il possible de tout recommencer ? Telle est la question qui le taraude, lui qui semble avoir oublié la formidable éducation que Maryann lui a transmise.
Chez l'auteur de « Nulle part sur la terre », il y a toujours des rencontres rédemptrices. Comme Maben et Russell dans le roman précédent, Jack et Annette, dont le corps entièrement tatoué affole les hommes, vont se trouver. Normal, la jeune femme est adepte de l'Eglise de la coïncidence et ces deux-là se ressemblent tellement.
Dans la lignée d'un R. J. Ellory ou d'un James Lee Burke, le fils de prédicateur baptiste se penche, avec une justesse dans le ton,sur le thème éternel de l'homme qui lutte pour sa survie et contre le mal. Tragique !
Merci à Babelio et aux Editions Sonatine pour cette belle lecture qui m'a fait penser au « Dans la cage » de Kevin Hardcastle publié l'an dernier. Sauf que, sur le même thème, Michael Farris Smith a réussi un bon roman là où le Canadien a échoué.

EXTRAIT
Il trouva l'angoisse de l'abandon et les heures noires de la solitude enfantine et la désolation de l'inconnu. Il trouva le visage carnassier de l'addiction qui avait vécu avec lui dans les chambres sentant le renfermé et il trouva les longues périodes de poisse durant lesquelles il avait foutu en l'air le travail de générations pour de pauvres frissons égoïstes. Il trouva la haine de soi à laquelle il n'avait pas eu le cran de s'opposer et il trouva ses propres yeux drogués lui retournant son regard dans le miroir de la honte

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« Il y avait des choses sur sa vie qu'il ne pourrait jamais savoir. (...) Il n'avait pas choisi d'être le fils de parents qui s'en fichaient. Il n'avait pas choisi d'être un enfant abandonné devant un bric- à- brac. Il n'avait pas choisi le vide. »

Jack est un enfant de personne, et un enfant de tout le monde. Abandonné à sa naissance, ayant fait plusieurs familles d'accueil, il tombe enfin sur Maryann, elle aussi mise au ban de la société et qui l'accepte, malgré son caractère difficile, et l'élève comme s'il était le sien.
Jack devenu adulte vit, ou plutôt survit de ses combats de boxe clandestins. Jack a le corps et la tête usés par les coups. Il carbure à l'alcool et au Tylenol. Les dettes s'accumulent, auprès de Big Momma Sweet qui tient le business de la région, mais auprès des banques qui veulent saisir la maison de sa mère malade et en fin de vie.
Jack n'a pas d'autre choix que de payer ; d'une part parce qui Big Momma Sweet est impitoyable, et que Jack sait ce qu'il doit à sa mère, elle qui n'est jamais revenue sur son choix.

Le pays des oubliés, littéralement le boxeur nous emporte dans le delta du Mississipi sur les traces d'un homme marqué par ses blessures d'enfant, par ses manques affectifs et éducatifs, et qui par amour pour une femme aussi exclue de lui s'engage dans un combat qu'il a toutes les raisons de perdre, mais qu'il ne s'autorise pas à perdre.
C'est à la fois un roman terriblement noir et poisseux, et une histoire où l'espérance pointe son nez à chaque page tant nous avons envie de croire en Jack.
Jack est un garçon attachant, que l'on a envie de prendre sous notre aile pour le guider, le consoler, le sermonner, l'encourager…

Il y a dans l'écriture de Mickael Farris une certaine rudesse en total accord avec son sujet et son personnage. Comme pour son premier roman Nulle part sur la terre, on ne rentre pas instantanément dans cet univers ; il faut accepter de prendre son temps.

Jack n'est pas un personnage que l'on oublie de sitôt !

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Le titre annonce d'emblée le propos :nous sommes au pays des oubliés, le Mississippi profond où sont enracinés tous les paumés, balayés par les puissants .
Alcooliques, drogués, chômeurs de longue durée, prostituées, bookmakers ont trouvé leur porte-parole. Farris est le romancier du désespoir le plus noir, des impasses et des lendemains de gueule de bois. Il décrit, avec une réelle humanité, un homme qui tente de survivre en participant à des combats qui l'ont précocement brisés. Il a été abandonné, tout bébé, devant l'armée du Salut. Il a toujours été confronté à l'indifférence, au mépris et s'est construit un corps de combattant pour être reconnu.
Mais alors que son corps le lâche, il doit mener un dernier combat en hommage à la seule personne qui lui ait donné de l'affection.
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« le pays des oubliés », c'est avant tout un roman à l'atmosphère prégnante, dans la lignée de « le poids du monde » de David Joy. C'est sombre, noir, les personnages sont paumés, drogués, malades...l'ecriture est maîtrisée, on y est complètement. le roman est assez court mais très efficace. Des personnages principaux attachants...une lueur d'espoir à la fin...Vraiment un auteur qui tient ses promesses. A éviter si vous aimez les feel good...Là on est dans la vraie vie et pas une vie de rêve...
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Une vieille maison décrépite, au milieu de terres vendues au plus offrant. c'est là que Jack revient, abîmé par une vie d'errance et de combats qui l'ont rendus accro aux antalgiques.
Il revient pour Maryann, celle qui lui a donné un toit et de l'amour quand il n'avait rien qu'un passé de foyers, de violence, et de solitude. Maryann qui se meurt et qui l'a oublié, qui a tout oublié. Jack rêve de sauver la maison et d'y ramener Maryann. Seulement il a des dettes et celle à qui il doit de l'argent, Big Momma Sweet, n'est pas du tout arrangeante.

Jack va devoir choisir entre rembourser sa dette ou tenter le dernier combat, celui qui peut tout changer ou tout détruire. A ses coté Annette, jeune femme au corps tatoué, qui croit Aux signes que la vie lui envoie. Sa route a croisé celle de Jack et pour elle, pas de doute cela estsans doute la réponse à une question qu'elle se pose depuis bien longtemps.

Michael Farris Smith signe encore ici un roman dédié aux loosers, aux paumés, à tous ceux que le rêve américain à oublié. La Louisiane et le Mississippi ce n'est pas que de belles cartes postales avec de jolies maisons coloniales et des bateaux à aube. C'est la misère, la drogue, l'alcool, le chômage et l'ennui qui pousse les hommes à chercher la bagarre, et que le sang versé par d'autre attire comme les mouches sur un cadavre.
C'est aussi pour certains la poursuite d'un rêve, la qu^te d'un meilleur qui s'enfuit, et le besoin de trouver la rédemption après des années d'égarement.

Ce livre est sombre, violent et triste. Mais il est aussi lumineux car ses personnages principaux, Annette, Jack et Maryann le sont, chacun à leur manière.

Une très belle lecture .

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