La Fin du Monde est derrière les Parisiens depuis un gros siècle, depuis que les habitants de l'Ancien Monde ont fracturé la Terre pour en extraire ses ultimes ressources énergétiques. Heureusement pour l'Homme et les Français (pas tous, évidemment), Paris a tenu bon dans la débâcle qui a suivi. La ville se dresse aujourd'hui au coeur des Terres Vides comme l'un des derniers bastions de l'espèce, une cité fantastique et tordue, transformée par ce qui Dieu seul sait à résulté de l'Apocalyspe. Dans les sous-sols parisiens épargnés par la canicule infernale de l'été, Chet chante du Jazz le soir, rejoint sa mansarde pour y pioncer le jour et rêve de ses amis et amours perdus. le jour où un bellâtre lui glisse une mystérieuse note dans un bar où il vient de se produire, Chet se retrouve malgré lui propulsé dans une affaire qui le dépasse, avec à la clé le salut de la ville entière.
Disclaimer préalable : j'adore Estelle faye et je pense avoir lu suffisamment de ses écrits pour continuer dans cette voie malgré mon expérience salée avec
Un éclat de givre - un titre qui au passage claque et intrigue de loin. Des romans qui me reviennent en tête (la trilogie de la voie des oracles,
Les seigneurs de Bohen,
Les révoltés de Bohen, Porcelaine et
Les nuages de Magellan), je me souviens d'une Estelle à la plume toute en légèreté, avec parfois quelques envolées aériennes et lyriques, mais toutes maîtrisées et surtout vachement bien dosées. Dans
Un éclat de givre, plutôt que de poursuivre avec ce joli équilibre que j'aime d'amour (parce que je suis douce et que j'ai besoin de douceur, parfois), on a avant tout mis en avant un très, très beau texte, puis seulement (en second plan et très loin derrière) une intrigue pour le servir. le bouquin, à mes yeux, c'est avant tout une tonne de froufrous littéraires (comme j'aime appeler ça) et loin sous des couches et des couches de voiles et de tutus, il y a le frêle petit squelette qui doit soutenir tout ça : le post-apo, la ville qui se meurt, l'urgence à se bouger les fesses. C'est clairement un parti pris, un souhait de l'autrice de proposer un roman pareil et je respecte ça - d'autant que si je parle très objectivement, c'est hyper bien écrit.
Mais pour ceux qui comme moi sont généralement du genre terre-à-terre, action avant tout et trémolos loin derrière,
Un éclat de givre est d'un grand ennui. On vit le sauvetage de Paris (de sa banlieue monstrueuse aux temples télékinétiques, catacombes comprises) par les yeux de Chet, sauf que Chet, il est du genre artiste jazzy-maudit à se complaire dans son malheur et son mal-être ... et si ça en touche profondément certains, moi ça m'a prodigieusement lassée passé le tiers du roman.
Aurélie Wellenstein est une autre autrice francophone que j'aime beaucoup mais qui elle est plutôt du genre à aller droit au but - souvent un peu trop franco, justement - et avec le recul je me dis que l'histoire que me raconte
Estelle Faye, j'aurais finalement bien aimé l'entendre racontée par
Aurélie Wellenstein. Il y avait pourtant un chouette scénario (quoique la corde de la nouvelle drogue qui débarque en ville ait déjà été un peu, un tout petit peu surjouée), comme quoi ici j'ai surtout rencontré un problème de forme que de fond, et en un sens ça me rassure parce qu'Estelle et moi, on reste copines.
Et parce que je suis quelqu'un de complexe, je tiens à souligner que j'ai adoré les froufrous littéraires de
Vincent Tassy dans
Apostasie. Oui, le coeur a ses raisons que la raison ignore !
Enfin comme dans nombre de ses romans,
Un éclat de givre c'est l'occasion de mettre en lumière un héros à voile et à vapeur torturé par ses amours perdus et présents (un peu trop torturé pour moi, vous avez compris). Pouce vert, aucun problème et même chapeau bas parce que la psychologie est top moumoute... mais je reste dubitative sur la nécessité de nous rappeler constamment le galbe parfait des fesses de Galaad, le crush de Chet - son brun ténébreux dont il nous rabâche les oreilles dès la première page. Trop c'est trop, et j'en ai soupiré et levé les yeux au ciel plus d'une fois, suffisamment pour me demander, parfois, si j'étais toujours en post-apo ou bien dans une romance érotique avec de la gueule. A vrai dire je me pose toujours la question et du coup j'ai pas résisté : j'ai épinglé le premier (et dernier, j'espère) libellé "érotisme" du blog à ce billet ! Une chose est sûre : cet échec m'empêchera pas de suivre les parutions d'
Estelle Faye !
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