J'ai beaucoup souffert avec ce livre. C'est la première fois depuis plus d'un an que je ralentis à ce point mon rythme de lecture tellement je l'ai trouvé pénible. Cela étant dit, ma note globale ne reflète pas mes avis assez contrastés sur les différentes histoires.
Côté positif :
le joueur et
Les nuits blanches. Il y a là des narrations assez intéressantes, équilibrées avec les dialogues, qui posent de vrais problèmes existentiels comme les ressorts de l'addiction et la passion irrationnelle. À la fois agréables et instructives à lire, parfois même drôles, ces deux histoires valent le détour.
Côté négatif :
L'adolescent et le Sous-Sol. le premier est un chaos indescriptible, un capharnaum composé presque exclusivement de dialogues invraisemblables, quasiment pas de narration, une foule de personnages qui se mettent à éprouver des sentiments contradictoires les uns pour les autres à partir de rien, un personnage principal constamment dans l'exaltation et dans l'indécision, et tout cela tourne autour d'une histoire de document compromettant, pour le coup absolument pas exaltante. On a l'impression que l'auteur s'est lancé dans l'écriture sans savoir où il allait, se laissant emporter par son imagination sans l'ordonner, en faisant apparaître les personnages et les coïncidences pour servir un dessein avant de les congédier radicalement lorsqu'il n'en avait plus besoin. Cette impression se conjugue paradoxalement avec la pratique à outrance de l'ellipse, avec des passages entiers incompréhensibles sans la connaissance d'un élément qui n'apparaît que 300 pages plus loin (quand il y en a une, ça va ; quand il y en a cinq en même temps, c'est dur). Je suis peut-être encore trop jeune pour apprécier l'oeuvre, mais si je la relis dans 10 ans je penserai à m'armer d'un stylo et d'un carnet pour retenir qui est qui, qui aime qui, qui connaît qui, qui a fait quoi, qui sait quoi... Ce premier roman fleuve m'a déjà bien assommé, le Sous-Sol m'a achevé. le roman est en deux parties, avec une première partie entièrement théorique, où une espèce d'antihéros fait plus ou moins l'apologie de l'inaction et de l'absence d'ambition, et une deuxième partie narrative, où on suit le personnage à une période de sa vie, où ses grandes théories ne lui prodiguent que haines, mépris, impuissance et misère. Extrêmement laborieuse à lire, l'oeuvre piège le lecteur dans la tête d'une loque humaine qui lui fait endurer le spectacle de la nullité absolue, avec sa logorrhée de crasse, de cris et de menaces creuses. A la rigueur, ce n'est pas le problème, mais rien dans le dénouement ni dans l'écriture ne vient justifier cet étalage de médiocrité. C'est là que j'ai ralenti le rythme.
La dernière histoire, L'Éternel mari, n'est pas inintéressante sans être particulièrement remarquable. On retrouve ce thème de la décision irrévocable en apparence qui s'effondre dès sa confrontation au réel. Je reste ébahi devant la faculté de l'auteur à représenter un dialogue contradictoire pendant plus de 10 pages, dont on est incapable de donner les termes à l'issue. Là aussi, je n'ai peut-être pas encore la maturité nécessaire pour apprécier.
C'était ma première confrontation à
Dostoïevski, je crois que je vais faire une longue pause avant d'aller plus loin.