Préface
Contrairement à une idée reçue, la mythologie ne se réduit pas à une succession de « contes et légendes », de récits d’aventures plus ou moins fantastiques avant tout destinés aux enfants. Elle représente au contraire une tentative grandiose pour apporter des réponses à l’antique question du sens de la vie, de la vie bonne pour les mortels. De là, le fait que la distinction entre mortels et immortels, entre les hommes et les dieux, y soit aussi cruciale qu’omniprésente. À bien des égards, la philosophie qui naît en Grèce n’est rien d’autre qu’une sécularisation, une présentation laïque et rationalisée du message de ces grands mythes dont l’étude, passionnante en elle-même, est aussi indispensable à sa compréhension. Que la mythologie grecque ait marqué comme nulle autre la culture européenne, c’est ce dont témoigne le fait que, sans y penser, nous utilisons presque quotidiennement et par dizaines des images qui lui sont directement empruntées : « pomme de discorde », « prendre le taureau par les cornes », toucher le « pactole », « tomber de Charybde en Scylla », « suivre le fil d’Ariane », se perdre dans un « labyrinthe », un « dédale » de ruelles, succomber au « chant des Sirènes », « jouer les Cassandres », et tant d’autres encore. Impossible d’énumérer ici les métaphores endormies d’Océan, Typhon, Cerbère, Triton, Python, Chimère et autres êtres merveilleux qui habitent incognito notre langage de tous les jours. Ce livre propose justement de les réveiller en racontant les histoires magnifiques qui en constituent l’origine. Mais l’intérêt de la mythologie ne s’arrête pas là. Les grands mythes proposent, sur un plan proprement philosophique, une pléiade de leçons de vie et de sagesse d’une profondeur abyssale.
La sagesse des mythes : la mythologie en BD !