C’était une chambre petite et presque nue, où se trouvaient pour tout meuble deux chaises et une couchette en bois blanc. Dans un coin se voyait une pauvre petite harpe qui n’était, hélas ! ni peinte, ni sculptée, ni dorée comme celle du salon de Penhoël…
Dans la ruelle du lit, au-dessus d’un petit bénitier de verre, pendait une image de la Vierge.
Diane et Cyprienne venaient de rentrer. Les quatre étages qui séparaient leur chambre de la rue avaient achevé d’épuiser leurs forces.
Cyprienne s’était laissée choir sur une chaise. Diane était tombée à genoux devant le lit, et sa tête brûlante se cachait entre ses deux mains.
En ce moment, il n’y avait aucune différence entre les deux jeunes filles : le courage de Diane fléchissait enfin, et son accablement égalait celui de Cyprienne.
Elles ne se parlaient point ; un voile était sur leur pensée confuse. Elles se laissaient aller à l’engourdissement du désespoir.
En ce moment de suprême lassitude et d’apathie profonde, elles ne songeaient même pas à la rencontre qu’elles venaient de faire.
Il y avait à peine deux ou trois minutes qu’elles avaient vu Blanche de Penhoël, leur cousine aimée, et nulle parole ne s’échangeait entre elles à ce sujet.
Elles ne pouvaient plus… Et pourtant, par suite de circonstances que nous connaîtrons bientôt, Diane et Cyprienne étaient à même de mesurer l’importance de cette rencontre fortuite.
Diane et Cyprienne n’ignoraient rien de ce qui s’était passé à Penhoël, après la nuit de la Saint-Louis. Elles savaient l’enlèvement de l’Ange, l’expulsion des maîtres du manoir et tout ce qui s’y rattachait.
Elles savaient que Madame, brisée de douleur, Madame, qu’elles aimaient si tendrement autrefois ! cherchait sa fille depuis deux mois, courant la ville au hasard et arrêtant les passants, comme une pauvre folle, pour leur demander son enfant !…
Mais il est des heures où l’âme épuisée reste sourde à toute voix. On dit que, dans les vastes solitudes d’outre-mer, le voyageur, accablé, se couche parfois sur la terre. Il reste là, immobile, haletant ; il reste, s’il entend au loin la voix menaçante du lion ou du tigre. Et, si tout près de lui, sous l’herbe, ce bruit sinistre se fait ouïr qui annonce l’approche du serpent, il reste encore.
Une demi-heure se passa ; puis Diane releva la tête lentement et jeta un regard sur sa sœur.
– Tu souffres ?… dit-elle.
Cyprienne serrait toujours sa poitrine à deux mains. Elle ne répondit pas.
Montalt avait mis grande hâte à recomposer sa physionomie ; mais gagnez donc de vitesse le regard d'une femme !
"Il y a quelques années, « on » murmurait que Claude Mesplède pourrait bien recevoir la médaille des arts et des lettres. Et puisque qu' « on » m'avait demandé mon avis sur la question avant d'entamer les démarches afférentes à ce genre de circonstances, j'avais indiqué que Claude ne voulait de médaille d'aucune sorte. Il avait déjà refusé celle du travail malgré ses 40 années de labeur à Air France !
Ce que Claude aurait aimé, c'est le prix Paul Féval de littérature populaire. Mais ce prix n'est attribué qu'à des auteurs qui écrivent des romans populaires. Lui, écrivait À PROPOS des romans populaires et donc, n'entrait pas dans cette catégorie.
Aussi voir naître, grâce à Quais du Polar que je remercie très sincèrement, un prix portant le nom de Claude Mesplède qui récompensera au choix : essai, ouvrage historique, correspondance, document, enquête, traduction, édition originale d'oeuvres complètes ou inédites, traductions nouvelles ou encore travaux académiques et universitaires… c'est énorme !
Et c'est finalement, en honorant sa mémoire, un joli retournement du sort. Claude aurait très fier qu'un prix porte son nom et sûrement un peu ébahi devant tant d'honneur.
Et que celles ou ceux qui comptent écrire sur l'oeuvre de Paul Féval se mettent au travail très vite. On ne sait jamais..." - Ida Mesplède
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