Le gouverneur Ericson E. Maklund était écroulé plus qu’assis dans son vaste fauteuil recouvert en peau de gazelle. Il ricana, soufflant son haleine alcoolique à la face de son jeune visiteur. Trônant sur la douceur et l’innocence, il devait, lui, le gros Maklund, affronter la tâche la plus horrible, la plus dégoûtante et la plus désespérante qu’il fût capable d’imaginer. Il devait disputer sa ville aux salopards, aux petits et grands voyous, aux criminels de tout poil : les voleurs, les escrocs à la petite semaine, les assassins sadiques, les gangsters, les racketteurs et bien d’autres dont les pompes et les œuvres s’étalaient chaque matin en première page des quotidiens.