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EAN : 9782021449945
180 pages
Seuil (05/12/2019)
3.25/5   4 notes
Résumé :
De février 2019 à mars 2020, des millions d'Algériennes et d'Algériens ont, vendredi après vendredi, manifesté leur aspiration à la « libération du peuple ». Ce soulèvement pacifique, connu sous le nom de Hirak, considère en effet que l'indépendance de 1962 n'a abouti qu'à la « libération du territoire », installant jusqu'à aujourd'hui au pouvoir un régime de type militaire. À travers une réflexion historique nourrie par l'expérience de terrain, Jean-Pierre Filiu re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un très chouette essai que son auteur désire « ouvert », du fait des évènements toujours en cours du mouvement du Hirak.

Dans ce petit bouquin, Jean-Pierre Filiu rappelle la confiscation de l'indépendance algérienne par une oligarchie méprisante, qui pousse l'outrage en 2019 en voulant faire accepter aux Algériens un énième mandat d'un président sénile : de là naît le mouvement non violent et les manifestations massives demandant le départ du gouvernement et d'importantes réformes.

Parmi les thèmes abordés par l'auteur, on retrouve un rapide exposé de la colonisation et les grandes dates qui conduisent au soulèvement, la violence considérée comme endémique dès la fondation de l'Algérie et la guerre civile concomitante, le féminisme algérien peu revendiqué afin d'éviter des accusations d'influence trop occidentale (en rappelant au passage le caractère arriéré du code de la famille algérien), le « brain push » (fuite des cerveaux où le pays d'origine fait office de repoussoir, au contraire du « brain drain » où le pays d'accueil attire), la hantise du complot et d'une manipulation sous-jacente de puissances étrangères, les revendications de séparation entre religion et Etat, ou encore le rôle des ultras du football algérien dans l'organisation et la sécurisation des cortèges de manifestations du Hirak.

Entre rappels historiques et analyses du mouvement du Hirak, on en apprend plus sur l'Algérie actuelle et les débats qui l'agitent, et l'on s'attriste que l'espoir suscité par les manifestations ait été bien vite douché par les restrictions imposées durant la pandémie de Covid-19. J'ai également trouvé intéressant les nombreux parallèles fait entre autres avec l'histoire politique égyptienne.

Une lecture aisée et courte, parfaite en guise d'introduction au Hirak.
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Auteur vu au salon du livre de Bron.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mais c'est l'adoption par le Maroc, en 2004, d'un droit profondément rénové de la famille qui contraint Bouteflika à assouplir le code algérien, déjà fort restrictif par rapport aux dispositions en vigueur depuis un demi-siècle en Tunisie. Le fait que la réforme algérienne du « code de la famille », en 2005, soit plus motivée par de telles rivalités maghrébines que par une pression dans le pays même explique son caractère très limité: la polygamie est réglementée, notamment par l'obligation du consentement de la première épouse; le divorce à l'initiative de la femme est relativement facilité; seule véritable percée, le devoir d'obéissance de l'épouse est supprimé.
Les droits des femmes, loin de bénéficier de la défaite officiellement infligée à « l'intégrisme » , continuent donc d'être bridés par un « code » discriminatoire, que sa révision de 2005 rend à peine moins rétrograde. Au-delà même de ce texte d'un autre âge, l'élite politico-militaire n'hésite plus à afficher la bigamie comme signe extérieur de réussite, le premier mariage, de facture traditionnelle, étant complété par une seconde union avec une épouse plus jeune.
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Un siècle presque jour pour jour avant le soulèvement démocratique en Algérie, le 9 mars 1919, le peuple égyptien entamait sa « thawra », elle aussi non violente, contre l'impérialisme britannique. Durant de longs mois, des cortèges pacifiques sillonnèrent le pays pour revendiquer l'indépendance du pays, occupé par la Grande-Bretagne depuis 1882 et placé sous son protectorat depuis 1914. Les protestataires brandissaient ensemble le Croissant et la Croix, devenus les emblèmes d'une Nation dont le colonisateur voulait monter les groupes les uns contre les autres. La participation féminine à ces manifestations, quoique limitée, était d'autant plus remarquée que des militantes voilées et dévoilées s'y côtoyaient. Le choix collectif de la non-violence, loin d'être un aveu de faiblesse, participait d'une double vision stratégique : d'abord, reconstruire dans la rue une dynamique nationale et inclusive, à rebours du « diviser pour régner » de l'Empire britannique; ensuite, consolider un rapport de force politique et symbolique avec une puissance dont l'avantage militaire était écrasant.
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L'Algérie présente, dans ce cadre interprétatif, la double spécificité d'être le pays où la lutte pour l'indépendance a été la plus longue et la plus meurtrière, d'une part, et celui où le détournement de l'indépendance a été le plus rapide, d'autre part. C'est en effet dès l'été 1962 que « l'armée des frontières » a écrasé la résistance intérieure, faisant fi du slogan « Sept années, cela suffit », scandé par des manifestants écœurés par ce nouveau bain de sang. Que la violence fondatrice du régime algérien se soit inscrite aussi vite dans le sillage de la violence extrême de la guerre d'indépendance a permis, encore plus que dans d'autres pays arabes, de légitimer cette violence d'État au nom de la « révolution » anticoloniale. D'où le carcan de cette violence qui a si longtemps emprisonné le peuple algérien.
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L'émigration légale a concerné avant tout des jeunes détenteurs d'un capital culturel et frustrés dans leur épanouissement social. Ce phénomène est désigné sous l'expression de brain-push plutôt que de brain-drain, afin de souligner que cette "fuite des cerveaux" doit plus au repoussoir du pays d'origine qu'à l'attractivité du pays d'accueil.
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Vidéo de Jean-Pierre Filiu
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Pour en parler, Emmanuel Laurentin reçoit : Sylvaine Bulle, sociologue Jean-Pierre Filiu, professeur des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain Jean-Marie Guéhenno, diplomate, ancien secrétaire général adjoint des Nations unies et professeur à l'université Columbia (New York)
Visuel de la vignette : Mohammed Abed / AFP
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