Ecriture classique me vient à l'esprit même si je ne sais si une définition de ce style existe. Disons que les phrases sont limpides, linéaires, bien construites, pas de digression qui noie le poisson, pas d'écriture poétique à laquelle on n'y comprend goutte, pas de circonvolutions faisant tourner notre souci de compréhension en bourrique, pas de construction type tour de Babel à y perdre son latin et ainsi de suite. C'est clair, limpide, concis et dense à la fois.
Idem pour l'histoire que l'on suit aisément malgré l'intranquillité de ses rebondissements.
Le cadre.
l'Allemagne, une région que je ne pourrais situer, nord ouest probablement, un village et une ferme de gens aisés, les Leeb, tous prénommés Willhem pour les garçons aînés,
Le temps.
Un survol de 7 générations, de 1755 le premier Leeb fermier à 1962 le drame mais des temps d'arrêt plus longs sur la période de guerre, la deuxième, l'après guerre et 1962.
Les personnages.
Une flopée et pas facile de suivre entre tous ces Willhem Leeb. Trois personnages sortent du lot pas forcément pour la bonne cause.
Gerda, la narratrice fil conducteur et éconduite jeune car pas assez riche. le patriarche éconducteur Willhem senior, partit à la guerre, la deuxième, revenu puis reparti puis prisonnier puis retour aux pénates où il reprend d'une main trop de maître le pouvoir. Et Willhem junior, le fils qui peine à exister mais à qui la faute.
Donc. Allemagne. Une lignée familiale sur 7 générations de devenus riches fermiers. Gerda éconduite jeune car trop mauvais parti pour épouser le grand Willhem qui ayant le sens du devoir sacrifie son amour. Ce même Willhem qui héberge chez lui le bureau local des SA. Puis s'en va en guerre diriger une région agricole occupée afin d'en tirer le maximum, il faut nourrir l'Allemagne, l'armée et les nazis. Dur et juste retour de bâton, la défaite, prisonnier 5 ans en Pologne. Puis revient à la ferme et reprend son rôle de dictateur.
Willhem fils, qui au retour du père redevient plus personne et s'en ira jusqu'au drame de 1962.
Les péchés des pères, quelques regrets néanmoins.
- A commencer par le titre, en quoi consistent ces péchés. Et ce regard d'aujourd'hui doit il juger en négatif les façons de vivre d'antan où la priorité était de faire fructifier la ferme plus que l'individu.
- Willhem, les SA, Sonderführer, faute d'éléments peut être ou pudeur face à un passé familial peu glorieux, tout cela n'est pas suffisamment développé. Les atrocités allemandes sont tues.
- le juste après guerre et les exactions envers en particulier les femmes allemandes, idem le strict minimum.
- Féminisme, en cette période délicate pour les hommes, faut il en rajouter une couche et rendre Willhem père responsable d'une grande partie de tout. P 385, note de l'auteur je me suis concentré sur les aspects historiques et le conflit entre père et fils.
Au risque donc d'éclairer trop les excès paternels aux dépens du reste.
Les péchés des pères. Un beau livre et une belle histoire de lignée familiale dont on aurait pu attendre plus. Des pères qui en prennent pour leur grade alors que les responsabilités étaient, je le suppose à l'évidence plus partagées. Enfin ainsi que j'aime à le dire, nul n'est prisonnier de son histoire, comprenez de son enfance et adolescence où on se construit en tant que personnalité, mais Willhem fils est resté enfermé dans la sienne.
Contrairement à mes habitudes, je ne vous citerai pas la phrase de la fin. Je n'aime pas ce verbe d'aujourd'hui, spoiler, aussi ne lui donnerai je pas cours.