On n'écrase pas !
"En aucune circonstance, aucune, le conducteur d'une automobile ne peut avoir le droit à l'écrasement."
Cette citation de Louis Baudry de Saunier, nous est offerte par
Mathieu Flonneau à la page 9 de son ouvrage, En tous sens, une histoire des équipements de la route.
Voilà une injonction catégorique qui réchauffe tout de suite le coeur du piéton du XXIe siècle qui s'apprête à franchir une voie rapide urbaine sur un passage piéton largement marqué au sol par de grands rectangles blancs. (Souvenez-vous de la pochette du vinyle Abbey Road des Beatles franchissant à la queue leu-leu un tel passage ! Illustration page 150.)
Sans doute ce passage est-il aujourd'hui éclairé par des luminaires ou constellé de diodes, telles des lucioles clignotant dans la nuit. Les équipements de la route sont pensés pour sécuriser la circulation et surtout, éviter l'écrasement du piéton ! Mais le piéton songe-t-il que, du haut de ce luminaire, plusieurs siècles d'histoire des équipements de la route le contemplent ? J'écris plusieurs, mais l'historien, lui, est précis. Il ne se contente pas d'une formule vaseuse, d'un espace-temps approximatif. Et la sentence est sans appel : « La civilisation moderne des équipements de la route ne peut […] se concevoir qu'une fois l'âge de l'automobilisme engagé et la quête de la vitesse réellement initiée […] C'est à la charnière des XIVème et XX siècles qu'est survenue la renaissance de la route. »
Pourtant, l'être humain s'est toujours déplacé. Des civilisations anciennes ont pavé des chemins, aménagé des routes. Les hommes ont borné, installé des relais de poste, mis en place une signalétique destinée aux cochers. Mais ce qui importait avant tout, c'était de faciliter l'expansion du territoire. Il en reste des exemples, dont la célèbre Via Appia romaine, ou les bornes fleurdelysées de Louis XIV, encore visibles.
Alors, comment en est-on arrivé à une telle homogénéisation des revêtements des chaussées, à une signalétique internationale, à des symboles lisibles par tous ? de l'âge Lépine et son fameux concours d'inventions, suivi de l'âge robuste, qui naît à la fin de la seconde guerre mondial et prend son essor dans les années 80/90, jusqu'à l'âge contemporain, celui des équipements « pluriels », c'est une aventure humaine du déplacement que l'on découvre.
En tous sens vous explique tout et c'est passionnant. Ce livre largement illustré et documenté est un régal et un guide pour appréhender l'époque routière du XXIe siècle. Ce qui se joue désormais engage toute une technologie, digitale, connectée, des cités « intelligentes », des véhicules automatisés. Ce qui se joue surtout, c'est la sécurisation des déplacements, la diminution des accidents, l'intégration de tous les publics, la préservation des écosystèmes traversés. L'aventure continue !
Une fois que vous aurez ouvert ce livre, vous ne le lâcherez pas.