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EAN : 9782718191584
136 pages
Société d'édition d'enseignement supérieur (12/01/1998)
4/5   1 notes
Résumé :
Second volet d'une enquête commencée avec l'Essai de génétique théâtrale, Corneille à l'œuvre, le présent ouvrage s'interroge sur le caractère mimétique de la tragédie cornélienne : autrement dit, il essaie d'établir la nature du rapport qu'entretient ce théâtre avec le réel qu'il prétend représenter, en tenant compte de la conception de la fiction que l'on se faisait au XVIIème siècle. C'est la question du sens de la tragédie cornélienne qui est donc en jeu ici. >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre prend la suite de L'Essai de génétique théâtrale / Corneille à l'oeuvre du même auteur. Alors que l'opus précédent s'attachait à décrire la façon dont Corneille concevait et écrivait ses pièces, en replaçant son travail dans le contexte de l'époque, dans celui-ci Georges Forestier se propose d'examiner « le fonctionnement mimétique de la tragédie cornélienne, c'est-à-dire na nature de son rapport au réel qu'elle prétend représenter ». Corneille voulait « créer un monde fictif acceptable comme vrai par son public », et pour cela il s'est servi de l'histoire et de la politique, et ce faisant il a produit du sens, un sens complexe, qui interroge toujours le lecteur et le spectateur, au-delà même du sens que Corneille pensait proposer.

G. Forestier examine d'abord la dimension historique dans l'oeuvre de Corneille. Il rappelle que le recours à l'histoire ou à la mythologie était la norme à l'époque chez les auteurs de tragédies. Mais Corneille était considéré comme le plus historien des dramaturges de son temps. Il faut dire que la fidélité aux événements historiques n'était pas de règle à l'époque, en s'appuyant sur l'autorité d'Aristote, les auteurs et théoriciens ont considéré que la poésie est plus noble que l'histoire, plus générale, qu'elle dit le vraisemblable et le nécessaire. Et au nom de ce vraisemblable et nécessaire, on peut changer dans une pièce les événements historiques. Or au contraire, Corneille cherchait dans l'histoire des événements qui n'étaient pas forcément vraisemblables pour un spectateur de son temps, mais qui devenaient crédibles, car ils avaient bien eu lieu dans l'histoire. Sa fidélité était loin d'être scrupuleuse, elle était d'une certaine façon intéressée et découlait de ses constructions dramatiques. Il se donnait comme objectif de respecter les éléments principaux de l'action, quitte à imaginer des éléments manquants, voire de modifier un peu des éléments jugés secondaires. Dramatiser l'histoire aboutit toujours forcément à la réécrire.

La question du politique (et de la politique ) est abordée dans un deuxième temps. Il faut rappeler que de par la façon dont a été codifié le genre de la tragédie, les personnages principaux en sont des rois, des princes, des héros hors du commun. Ce qui induit, de façon plus ou moins directe, une perspective politique. Alors pourquoi Corneille, plus qu'un autre auteur de son temps, est crédité d'un discours politique ? G. Forestier défend l'idée que la place du politique dans l'oeuvre de Corneille est induite par une nécessité de cohérence dramatique de par sa conception. Ce qui n'empêche pas que qu'au-delà de cette nécessité de cohérence elle produise du sens. Il écarte l'idée que Corneille aurait voulu parler des événements de son temps d'une façon codée, en prenant quelques exemples. Corneille a défendu l'idée d'une tragédie dont l'objectif premier est le plaisir du spectateur, et non pas son instruction, et au-delà que le sujet d'une tragédie est amoral, même si elle peut avoir un effet moral pour le spectateur, qui va rejeter des actes condamnables représentés d'une façon parfaitement convaincante, dont le jugement propre va donner un sens moral à ce qu'il voit. de même, la question politique, nécessitée par la construction dramatique, et non pas un désir de l'auteur de délivrer un message dans ce domaine, peut donner lieu à une interprétation du spectateur.

Je vais m'arrêter sur ce point, déjà parce qu'il est difficile de rendre compte de toutes les idées de ce livre riche et complexe, et sans doute parce que cette idée d'un auteur qui dépose un contenu sans forcément avoir l'intention de délivrer un message intentionnel et univoque, mais qui laisse finalement au lecteur d'y mettre en partie son propre sens, en s'appliquant à ce que les constructions, les fils de la fictions, la rigueur de l'échafaudage dramatique, soit de telle qualité, que beaucoup de projections soient possibles, me séduit. Me donne le sentiment, tout à fait subjectif, que je tiens peut être une raison (comme si c'était une affaire de raison) explicative du pourquoi ce théâtre me parle tant.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
On remarquera simplement qu'il ne s'agissait pas chez Aristote d'un constat de nature esthétique : l'argument était strictement rhétorique ; l'intérêt d'un sujet historique est dans le fait qu'il permet de "persuader", c'est sa seule supériorité sur un sujet inventé. L'argumentation a été reprise par tous les théoriciens de la poésie héroïque, c'est à dire non seulement de l'épopée et de la tragédie, mais aussi du roman, et il semble que Corneille soit l'un des seuls à avoir réfléchi sur la manière de dépasser ce point de vue rhétorique : tout en s'en servant pour donner la couleur du vrai aux conflits extraordinaires - et jugés invraisemblables par les théoriciens de son temps - qu'il mettait en scène, il a conçu la fiction théâtrale comme un jeu dialectique entre le vrai et le faux pour reconstruire une histoire à la fois plus forte que la véritable histoire, et compatible avec elle.
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Vidéo de Georges Forestier
Rencontre proposée par Yves le Pestipon. Jean Racine, Lettre à La Fontaine, 11novembre 1661, de «De Lyon» à la fin.
On lit, on joue, on voit, on étudie beaucoup les tragédies de Racine. On a raison, mais on oublie parfois qu'il eut une vie, des amis, et qu'il écrivit des lettres. Ce qui nous reste de sa correspondance occupe presque tout un volume de la Pléiade. C'est passionnant, et c'est admirablement écrit. Parmi ces lettres, celle qu'il écrivit d'Uzès, le 11novembre1661, vaut par son ton, son humour, ses anecdotes, et son destinataire, le célèbre fabuliste qui ne l'était pas encore. On y découvre des complicités, presque de «loup» à «loup», une pratique de la langue, des styles, et du voyage, qui nous en apprend beaucoup sur le xviiesiècle français, et fait rêver. Très petite bibliographie Racine, Oeuvres complètes, II, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard. Georges Forestier, Jean Racine, Gallimard, 2006.
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04/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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