Corpus de réflexions sur la notion de monnaie selon la notion de "bien social partagé", véhiculée (entre autre sans doute) par
Michel Aglietta. L'usage de la monnaie n'est ni neutre ni transparente et ne vise pas à simplement réaliser un échange. À la monnaie est associée un usage. On achète avec ce qu'elle donne le droit d'acheter - et donc ce qu'elle définit, le type d'économie qu'elle circonscrit.
Le propos que j'ai retenu et que le problème de l'époque contemporaine tient en ce que les monnaies défendent des modèles de sociétés qui ne s'accordent pas entre eux malgré l'évidence de la communauté des objectifs à poursuivre tels que les enjeux climatiques et environnementaux les établit. Or, sauf bouleversement révolutionnaire dont les effets seraient par manque de planification et d'anticipation de leurs conséquences plutôt à craindre qu'à souhaiter, on ne peut subitement interdire du système économique ce à quoi donne aujourd'hui accès l'euro et qui serait considéré comme pénalisant la mise en place d'une économie pérenne : par exemple, les hydrocarbures, le plastique.
Il s'agirait alors de considérer que ce type d'économie pourrait se mettre en place non pas en remplacement brutal, mais en complémentarité influente de l'économie actuelle. La création de monnaies spécifiquement conçues pour une économie pérenne, greffée -, au flux de l'économie actuelle, et dont elles seraient nettement singularisées, permettrrait d'opérer ce qui est nécessaire à l'échelle locale comme mondiale : la transition énergétique, la modération jusqu'à résorption du changement climatique, la rationalisation des matières premières.
La complémentarité des monnaies permettraient ainsi de donner une visibilité au type d'économie que l'on veut instituer : quand j'utilise telle monnaie, je défends une économie sans plastique ; sans hydrocarbure ; aux ressources partagées ; etc. Une monnaie, en effet, c'est une valeur, qui est comptablement prise en compte.
J'en ai déduit que si l'unité de valeur de la monnaie n'est pas, comme c'est le cas d'une monnaie nationale, le respect de la loi (je peux acheter tout sauf ce qui est illégal), ni comme c'est le cas pour une monnaie "communautaire", comme l'euro, l'intégration culturelle (je défend la politique d'une "union toujours plus étroite" - où l'on saisit pourquoi une monnaie est liée au nationalisme et à la souveraineté, et pourquoi, par exemple, les Britanniques refusent aussi bien la monnaie que l'intégration communautaire), alors, la valeur de l'unité de la monnaie pourrait être la promotion du développement durable (avec cette monnaie j'achète, au prix requis, le cas échéant différent de celui demandé par la monnaie nationale ou la monnaie communautaire, les produits et services qui s'inscrivent dans le cadre d'une économie pérenne). La valeur de l'unité de compte de la devise est partagée puisque la monnaie l'est : la monnaie est politique. Et selon le cadre de la politique que l'on mène (les échelons des collectivités locales à l'ONU en passant par les États et l'Ue), on devrait, si tout fonctionnait bien dans le meilleur des mondes, bénéficier de monnaies "à échelon".
Dans cet ordre d'idée, les derniers chapitres portent sur une idée intéressante, qui donnerait une justification à une telle monnaie "écologique" en inversant le calcul de la valeur : il ne s'agirait plus d'entrer dans le calcul du PIB la consommation de matière (achat d'hydrocarbure), mais le gain de la non-production de CO2 (et de GES) : ce qui serait nommé la VSC : Valeur Sociale au Carbone évité. C'est là que je n'ai pas tout saisi (mais les contributions sont courtes) : il s'agirait de donner une valeur initiale à la tonne de carbone évitée (sans doute vis-à-vis d'une quantité initialement évaluée, peut-être la production des années 90 qui servent déjà de références aux engagements internationaux) et de l'intégrer dans les système d'évaluation de la richesse, la valeur augmentant avec le temps. À préciser à nouveau, mais intéressant.