1911 : Voilà cinq années que
Marie CURIE est veuve. Il est loin le temps où le dimanche, avec Pierre, ils accueillaient leurs amis dans leur jardin. Une bande d' "étudiants trentenaires" avec lesquels ils partageaient les mêmes idéaux scientifiques, politiques, éducatifs et sociaux. Il y avait là :
Pierre &
Marie CURIE (tous deux
Prix Nobel de Physique 1903 et elle, futur prix Nobel de Chimie ; Panthéonisés en 1995) ; Paul LANGEVIN (physicien, philosophe des sciences et pédagogue), Henriette &
Jean PERRIN (physicien, chimiste, qui deviendra
Prix Nobel de Physique 1926, créera le CNRS et homme politique), Georges SAGNAC (physicien, découvreur de l'effet qui porte son nom), Émile BOREL (mathématicien, spécialiste de la théorie des fonctions et des probabilités, futur homme politique, député et ministre.) et sa femme, née Marguerite APPELL, (écrivain sous le nom de plume
Camille MARBO, Prix Fémina 1913) et enfin André-Louis DEBIERNE (chimiste, découvreur de l'actinium.). Tous intimes de la famille CURIE et qui demeureront les indéfectibles soutiens de Marie.
Quel heureux temps que ce temps là où pouvaient se côtoyer quotidiennement de telles lumières ! 4
Prix Nobel (5 si l'on ajoute Irène CURIE âgée de quelques années qui jouait dans leurs jambes) et 4 Panthéonisés pour un groupe restreint d'amis ! (Les cendres de
Jean PERRIN et de Paul LANGEVIN ont été transférées au Panthéon le même jour de 1948).
1911 : En début d'année, la candidature de Marie CURIE à l'Académie des Sciences a été rejetée, alors qu'elle est favorite pour le
Prix Nobel de Chimie, au profit d'Édouard BRANLY, suite à une cabale monté par une certaine presse et certains membres de l'Institut ; cabale ayant des relents d'antidreyfusisme, de xénophobie, de racisme antijuifs et d'antiféminisme. Quel malheureux temps que ce temps là où s'exprimait quotidiennement un tel obscurantisme !
Paul LANGEVIN (1872-1946) est un homme extraordinairement brillant, mais marié avec une harpie, harcelé par sa belle-famille thénardiesque, battu et menacé en permanence. Plus ancien disciple de
Pierre CURIE, il est, de tous ces amis, celui qui souffre le plus de la disparition prématurée de son maître.
Tel est le décor dans lequel éclate l'affaire « LANGEVIN-CURIE ; affaire d'adultère montée en épingle à partir des mêmes ressorts populistes et haineux..
Irène FRAIN, ayant fait une long travail préalable d'historienne, trace précisément ce décor, malgré les lacunes documentaires organisées par les familles CURIE/ LANGEVIN et les pouvoirs publics sur cette période. Ce qu'elle ne peut prouver, elle le déduit des documents restants.
L'enquête est implacable, toutefois la part consacrée à l'affaire est trop restreinte par rapport au reste du livre. Cette biographie un peu romancée souffre de ce déséquilibre.
Marie CURIE et Paul LANGEVIN, auront leur revanche symbolique en 1948 lorsque la petite fille de "la sainte vierge des sciences", Hélène JOLIOT (1927-), épousera Michel LANGEVIN, un petit-fils de Paul.