« Au terme d'une analyse de ces documents comptables et des surprenantes variations des dépenses privées de la découvreuse du radium, c'est une amoureuse que j'ai vu surgir, vibrante, passionnée, une femme beaucoup plus attachante que l'icône de la sainte laïque et de la scientifique sacrificielle que nous propose la légende. » « Cette sensation d'approcher enfin, sous l'intimidante Mme Curie, l'amoureuse Marie.»
Tout est résumé dans ces citations de l'auteure. Son livre s'attache à nous faire découvrir une autre facette de la scientifique deux fois prix Nobel , le premier de physique avec son mari Pierre en 1903 et le deuxième de chimie,seule, en 1911.
Celui la , elle a bien failli ne pas l'avoir parce que cette année 1911 est celle où la presse se déchaîne contre elle parce que, peut-on lire , «
Marie Curie a un amant » ! Elle est veuve depuis 5 ans mais celui qu'elle aime et avec lequel elle voudrait refaire sa vie est marié et père de famille et, à l'époque, on ne plaisante pas avec l'adultère. Peu importe s'il est tout aussi amoureux qu'elle et prêt à divorcer.
L' occasion est trop belle pour une presse nationaliste et xénophobe (Marie est polonaise d'origine), de la salir : publication de
lettres volées, procès, duels, attaques contre sa maison… Un cauchemar qu'elle traverse avec une poignée d'amis fidèles seulement : la société et le milieu scientifique en particulier est extrêmement misogyne et c'est sur elle qu'on s'acharne, « l'amant », le physicien
Paul Langevin, échappant plus ou moins à l'opprobre.
J'ai un avis mitigé sur ce livre.
Même si je connaissais l'histoire de Pierre et
Marie Curie, j'ai apprécié toutes les pages sur leur travail, la communauté scientifique qui gravite autour de leur couple, le portrait d'une époque où les femmes devaient se battre pour faire reconnaître leur travail au même titre que les hommes
Irène Frain a visiblement fait un gros travail de recherche. Pour transcrire dans le détail cet épisode amoureux et si douloureux pour
Marie Curie, elle s'est essentiellement fondée sur l'étude des carnets de comptes de Marie qui tenait scrupuleusement le détail de ses dépenses . Seuls témoignages concrets de cet amour puisque,
Irène Frain le dit elle-même, « les deux amants ont détruit leurs
lettres d'amour. Leurs amis, ensuite, sur la requête expresse de Marie, en ont fait autant des courriers où il était question de cette période tumultueuse. ». Or, dans ce livre, c'est toute la vie privée de Marie « si pudique, si secrète » qui nous est livrée, sans compter celle de Paul qui, tout grand physicien qu'il fut, apparaît ici sous un jour peu flatteur. Ce « voyeurisme » m'a gênée et j'ai trouvé ces descriptions intimes inutilement répétitives et finalement lassantes.
J'avais déjà lu cette histoire dans le livre d' Édouard
Launet, «
Sorbonne plage » qui ne m'avait pas laissé la même impression . Il est vrai qu'il mettait davantage l'accent sur la communauté scientifique (Perrin, Joliot, Curie etc..) qui prenait ses quartiers d'été en Bretagne à la pointe de l'Arcouest.
Mon premier
Irène Frain, lu pour le Challenge solidaire 2024.