Les aventuriers de l'art moderne, tome 1 : Bohèmes

C'était au temps où tout Paris rêvait
C'était au temps du cinéma muet
C'était au temps où tout Paris chantait
C'était au temps où Paris parisait

Place du Tertre on voyait des artistes
C'était des hommes des portraitistes
Place du Tertre on voyait l'omnibus
Avec des femmes on dirait des Vénus
Et sur l'impériale
Le coeur dans les étoiles
Il y avait Apollinaire
Il y avait Picasso
L'un était littéraire
L'autre jouait du pinceau
Il pensait bien il peignait bien
Et on voudrait que je sois malin

C'était au temps où tout Paris rêvait
C'était au temps du cinéma muet
C'était au temps où tout Paris chantait
C'était au temps où Paris parisait

Dans les cafés de Montparnasse
Buvaient les hommes et leur angoisse
Sur les pavés passaient les omnibus
Avec des femmes des messieurs en gibus
Et sur l'impériale
Le coeur dans les étoiles
Il y avait m'sieur Paul Fort
Il y avait m'sieur Jarry
Il écrivait alors
Il écrivait aussi
Ils l'avaient donc fait tous les deux
Et on voudrait que je sois sérieux

C'était au temps où tout Paris rêvait
C'était au temps du cinéma muet
C'était au temps où tout Paris chantait
C'était au temps où Paris parisait

Sous les lampions de la place Drouot
Chantaient les hommes les femmes sans chapeau
Sous les lampions passaient les omnibus
Avec des femmes Kiki, Elsa ou Lotus
Et sur l'impériale
Le coeur dans les étoiles
Y avait André Breton
Y avait Aragon
Il revenait de la guerre
Il attendait sa cavalière
Ils étaient gais comme le canal
Et on voudrait qu'j'aie le moral

C'était au temps où tout Paris rêvait
C'était au temps du cinéma muet
C'était au temps où tout Paris chantait
C'était au temps où Paris parisait

(Un grand merci pour ce petit emprunt au grand Jacques
Un grand merci aussi à mon smartphone pour découvrir au fil de la lecture tous les tableaux dont on parle ici)

Excellent livre pour découvrir la vie trépidante des artistes du début du XXe qui arpentaient Montmartre puis Montparnasse, enflammaient les nuits parisiennes et lui donnèrent ses lettres de noblesse...Gens de Lettres, peintres ou sculpteurs, artistes maudits pour certains, dans la misère pour la plupart, beaucoup deviendront les artistes les plus connus du monde entier, qu'ils soient français ou étrangers. Et c'est bien là le plus intéressant, cette histoire artistique qui participa à faire de Paris et de la France ce qu'elle est, on la doit à beaucoup d'étrangers qui trouvèrent refuge en France quand déjà les pogroms annonçaient la catastrophe à venir. Un livre à découvrir impérativement, on en sort moins sot et avides de découvrir les peintures de Soutine ou de Picasso.

Grâce à ce livre, on devient cultivé ! On apprend tant d'informations sur cette période, qu'on a envie d'en savoir plus sur l'art, les artistes : voir leurs oeuvres, lire leurs livres...
Dommage que la suite soit décevante.

C'est à l'occasion de la publication en 2015 chez Grasset du Temps des bohêmes (1 200 pages serrées !), qui regroupe les trois tomes des Aventuriers de l'art moderne, que j'ai entrepris de lire le premier tome de la trilogie, Bohêmes, qui m'avait échappé lors de sortie en 1998.

Dan Franck est un des écrivains français les plus sympathiques et les plus talentueux, qui inonde depuis plus de 35 ans les librairies d'une quantité ahurissante d'oeuvres qui ont tout le mérite d'être à la fois très agréablement écrites, très faciles à lire, et d'une érudition étonnante.

Lire la suite de la critique sur le site le Tourne Page.
Lien : http://www.letournepage.com/..

Voilà un ouvrage qui fleure bon le début du 20° siècle. Il fourmille d'anecdotes concernant les personnages qu'on y croise ainsi que les lieux populaires de l'époque. J'ai plongé avec délice dans cette période débordante de talents en devenir.

J'ai rencontré Guillaume Apollinaire déclamant sa poésie dans les rues de Montmartre, mangé en compagnie de Braque au Lapin Agile, autrefois Lapin à Gill, nid préféré de la bande à Picasso, croisé de nombreux modèles dénudés comme la belle Fernande courant poser dans les couloirs du Bateau Lavoir.

C'était au temps où, quelques sous en poche, les artistes se noyaient dans l'absinthe et l'opium pour oublier l'incompréhension que rencontrait leur travail, les laissant dans une précarité dangereuse. le temps où des mécènes comme Ambroise Vollard, Léo et Gertrude Stein, Khanweiler et bien d'autres, achetaient les toiles de Matisse, Derain, etc, sentant poindre le génie chez certains alors qu'ils étaient rejetés par tous les Salons traditionnels.

Puis, avec la période difficile de la première guerre mondiale, la faune artistique a peu à peu déserté la Butte pour investir Montparnasse. Une nouvelle ère artistique s'ouvre, tout aussi décriée que la précédente. D'autres muses se trouvent propulsées sur le devant de la scène telle que la célèbre Kiki de Montparnasse. L'impressionnisme est presque rentré dans le rang, place au fauvisme, au dadaïsme décadent et bien d'autres mouvements trop novateurs pour répondre aux caractéristiques formatés de l'époque.

Les trente premières années du 20° siècle sont explorées et fouillées, laissant le lecteur pantelant devant cette explosion de couleurs, de mots, de chorégraphies. Ce livre donne un aperçu de la recherche dont ont fait preuve les artistes en tous les domaines pour trouver une nouvelle dimension à l'Art.

Ce volume est le premier tome d'une trilogie: Libertad (1931-1939) et Minuit (1940-1944). le premier sur fond de guerre d'Espagne reprend les artistes rencontrés dans Bohèmes auxquels se rajoutent des écrivains comme Hemingway, Céline, Lorca...etc. le deuxième donne un éclairage sur le comportement trouble de certains pendant la deuxième guerre mondiale.

La trilogie est intéressante mais j'ai préféré, sans hésitation, "Bohèmes". Certains pourront être déroutés par la richesse et le nombre d'artistes qui habitent ces pages mais, à mon sens, c'est tout à fait représentatif du rythme endiablé et ébouriffant de l'époque.