D'un petit oiseau gris souris

L'auteur Mathias Friman raconteur de fables animalières reviendra avec une petite souris qui se prendra pour un oiseau.


L'idée est mignonne, amusante, plus onirique et naïve que perdue dans une réflexion de genre ou d'espèce.

Notre souriceau saura bien qu'il est une souris mais pas forcément qu'il ne peut pas voler.

Comme le ferait un enfant rêveur et naïf, notre petit héros associera le logis familial (un nid dans les champs) à un calcul élémentaire : qui dit nid, dit oiseau.

Si nous dormons dans un nid alors nous pouvons voler.


Nous sourirons des aspirations du souriceau qui attendra avec impatience de grandir pour voler - et nous, gens désabusés ou très terre-à-terre, de nous dire que jamais cela n'arrivera : sauf que, voyez la fin, si ironique-.

Tout peut arriver et pas de la manière qu'on l'attendrait, arrivera un coup de pouce improbable.

La nature pourrait se charger du reste et d'une façon inattendue, contournant ses propres règles.


L'album mettra un accès sur l'alternative : on ne peut pas faire les choses à la manière de, si la nature ne nous aura pas fait de la sorte, mais on peut toutefois, parfois, être aidé pour réaliser ce rêve simple.

Qui sait ? L'histoire laissera une chance aux rêveurs de souhaiter des choses extraordinaires plus que des choses impossibles.


L'auteur se montrera encore inventif sur la forme, rendant à chaque fois ses volumes uniques. 

La narration bascule : le sens de la largeur du format du livre prendra lui-aussi de la hauteur en s'incliné de quelques degrés, nous soulèverons donc les pages au lieu de les tourner, avec le souriceau en bas de page et le ciel, ses serviteurs en haut de page.

Toujours du charme monochrome avec une touche de couleur concentré sur un personnage ou un élément de la nature: ici, le bleu.

Le bleu des plumes et des oiseaux percera le quotidien d'une grisaille fine plus terrienne pour offrir un sentiment rêvé de ciel bleu, logé dans le don de voler auquel notre souriceau aspirera.

C'est toujours un chouette rendez-vous avec Mathias Friman.

Quatrième album de Mathias Friman chez Les Fourmis rouges, il est facilement identifiable visuellement car il reprend les codes trouvés précédemment.
On y retrouve donc une couverture unie avec une découpe autour du héros de l'histoire. Les illustrations sont toujours très sobres avec un crayonné très épuré. Seules deux couleurs sont utilisées, le bleu et le noir, pour mieux accentuer le propos.
En effet, le récit explore la nature et sa dualité dans une dichotomie : terre/ciel dont aimerait bien se défaire le mulot-héros. Car tout est dans ce rêve, si bien exprimé, d'un rat des champs qui aimerait voler comme un oiseau.
La fin n'est pas aussi envolée que je l'aurai souhaité mais elle a le mérite d'être réaliste.

C'est le troisième album de Mathias Friman que je lis (après "D'une petite graine" et "D'un grand loup rouge") et je suis toujours émerveillée par la beauté de son trait si fin et la puissance de ses histoires. "D'un petit oiseau gris souris" est une sorte de fable sur la vie. L'album parle de ce qu'on est, de ce qu'on aimerait être, de nos rêves qui se confrontent parfois à la dure réalité. L'auteur commence son histoire en douceur. On est porté par l'espoir de ce souriceau qui veut devenir oiseau. C'est touchant, presque poétique, du moins jusqu'à un certain point ! Car il n'y a en réalité pas une mais deux fins : l'une où on peut naïvement penser que le souriceau réalise son rêve grâce à l'aide d'un oiseau, l'autre, plus cruelle et réaliste où le souriceau réalise aussi son rêve, avant de se faire dévorer par le rapace qui l'emporte. Cet album possède donc une double lecture très intéressante qui rappelle la dure loi de la nature.

Décidément avec Les Fourmis Rouges, je fonctionne au coup de foudre... L'oeil attiré par le format inhabituel, le hublot sur la couverture, j'ouvre cet album au titre étrange et...

Une merveille ! Une finesse de dessin, de trait, d'exactitude, de soin... c'est à la fois poétique et réaliste, d'une exécution parfaite et si fine ! Un album qui s'ouvre par le haut comme un carnet de dessin, en noir et blanc pour le monde des souris, en bleu (une sorte de bleu de Delft) pour les oiseaux, le tout sur un fond blanc qui rend inutile toute surcharge de décor. C'est superbe !!

Un souriceau vient au monde dans un nid au milieu d'un champ avec ses frères et soeurs. Mais lui se voit, se voudrait oiseau. Il veut voler ! Alors il poursuit son rêve, agite les bras, se hausse sur deux pattes et voudrait remplacer poils et moustache par des plumes et un bec. Des plumes, justement, il en trouve. le voilà sur le point de réaliser son rêve, il les ramasse, il prend son élan, il saute, il s'agite. Tant et si bien qu'il finit par attirer l'attention d'un rapace.. qui le prend délicatement dans ses serres. Ca y est ! Il vole, il est devenu oiseau. D'ailleurs, de gris il devient bleu !

Une fin ambiguë... Il vole, heureux. Mais dans les griffes d'un prédateur. Alors, un ami qui l'a compris ou un tueur affamé ? On ne sait pas et on ne veut pas savoir. On n'a pas besoin d'expliquer ça à l'enfant. Tout ce qu'il verra, c'est un souriceau qui réalise son rêve. Jusqu'au jour où il grandira et verra autre chose. Laissons le rêve aux enfants ! D'ailleurs je ne sais pas si je vais offrir cet album à un enfant. Il me plaît tellement que je vais peut-être le garder ou l'offrir à un adulte amateur de dessin et de gravure.

Des pages entières, ou doubles, au format inattendu, du gris et bleu, des textes courts disposés comme de petits poèmes rythmés et presque rimés. J'ai craqué ! Peut-être mon plus gros coup de coeur de cette année !

Ouvrez cet album ! Coup de foudre assuré !
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