Depuis le début, j'aime beaucoup les oneshots que sortent Akata, alors forcément j'ai foncé sur ce nouveau titre à la couverture et au titre prometteurs avec cette ado au regard rebelle qui regarde vers nous genre "hé ho, je suis là !" sur un fond de ciel crépusculaire. Je ne suis donc pas surprise d'avoir été totalement séduite par lui.
C'est rare les titres où je me dis qu'il faut de suite que j'écrive sur eux, ici c'est pourtant le cas. Nous sommes en présence d'un récit brut, le premier d'une jeune mangaka :
Ami Fushimi, qui semble en avoir bavé pour le sortir. Elle nous y fait le récit de vie de deux familles éclatées et dysfonctionnelles, celle d'une jeune collégienne et celle d'un petit garçon.
J'ai été touchée parce que malgré sa jeunesse dans le métier, l'autrice a réussi à écrire un récit de vie abrupt avec des personnages qui mettent du sel sur les plaies des autres et qui ont des confrontations rudes mais tout cela dans le but de faire bouger les choses et de sortir des situations pourries dans lesquelles ils se trouvent. C'est vraiment une très belle histoire, l'une de celle qui remue quelque chose à l'intérieur de nous.
Pourtant, je n'ai pas eu l'histoire que j'attendais. Je pensais plutôt à une sorte de remake japonais d'Hartley coeur à vif, l'une des séries de mon adolescence avec des ados à fleur de peau, mais avec le prof qui aide son élève. Ici, en fait on a plutôt eu l'inverse pendant une grande partie de l'histoire. On découvre un petit garçon dont les parents sont séparés et qui vit avec sa mère qui a trouvé un nouveau copain. Il aimerait voir plus souvent son papa mais c'est compliqué et ce sont tous les deux des taiseux ce qui n'aide pas. J'ai été très touchée par ce petit garçon, de même que par la voisine ado de son père qui va les aider à se rapprocher et qui a elle aussi une relation complexe avec sa mère.
La mangaka utilise la rencontre fortuite de ces deux enfants aux relations compliquées à la cellule familiale pour nous faire un récit poignant et âpre sur la parentalité et la famille. Elle dépeint des situations banales de familles éclatées pour x ou y raison mais où les enfants pâtissent de la situation dans pleins d'aspects de leur vie. C'est l'occasion de parler de plein de thèmes comme la confiance en soi, la pauvreté, la poursuite des études, la prostitution juvénile, la séparation des parents, la maltraitance, l'amour filial, l'expression des sentiments, etc. C'est très très riche pour un premier récit et en plus une histoire en un seul tome.
La narration est parfois un peu abrupte dans ses transitions mais elle reste très belle et parfois elle peut être très bien orchestrée à l'image du premier chapitre vraiment travaillé de ce côté-là pour apporter sa surprise finale. C'est vraiment une belle surprise pour le premier récit publié d'une jeune autrice.
Il en va de même pour les dessins. La mangaka a vraiment sa patte et ça j'adore ça. J'aime les auteurs qui ont leur propre univers graphique. Ici, c'est un trait simple en plein dans la veine josei du magazine où elle est publiée, mais avec une belle rondeur. Et si parfois les planches font très brouillons quand même, dans le sens où elles n'ont pas l'air d'avoir été retravaillées avec la publication, comme si c'était encore un document de travail, ça donne une force étrange mais supplémentaire au récit, comme s'il était capturé sur le vif. Ça ajoute à son âpreté.
Show me Love est une histoire courte, rapide, intense qui se suffit amplement à elle-même et qui offre de très belles réflexions, à lire pour tous ceux qui souhaitent voir plus de josei chez nous ou qui sont à la recherche de récits bien écrits et âpres sur le thème de la cellule familiale. Pour ma part, j'ai été conquise par la force du récit malgré sa simplicité parce que c'est une histoire de vie poignante et pleine d'espoir en même temps (et puis je suis fan des petits garçons comme Kenta >
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