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"Les veines ouvertes de l'Amérique latine" est un ouvrage d'une grande richesse. S'il est impossible de tout retenir étant donné la multitude de détails, il est une chose que l'on ne peut que retenir, c'est la honte pour tous ces pays européens et l'Amérique du Nord qui sont devenus ce qu'ils sont en pillant les richesses naturelles des pays d'Amérique Latine et en massacrant, en torturant, en humiliant les populations.
À chaque page, j'avais envie de m'arrêter de lire pour noter les faits mais cela n'a aucun sens de recopier le livre il faut le lire. Mon exemplaire est dorénavant truffé de post-it. Je pensais, vu la densité des informations que je mettrais beaucoup de temps pour le lire mais en fait c'est tellement intéressant que la lecture se fait rapidement et puis l'écriture n'est pas alambiquée, elle est factuelle et donc très accessible pour tous. Il est toutefois difficile psychologiquement car il n'est pas simple de lire noir sur blanc que nous sommes ce que nous sommes car nous avons méprisé, dans son sens le plus fort, des peuples entiers. Je reprendrai une déclaration (une fois n'est pas coutume) faite par des évêques de France à Lourdes en 76
" Nous, qui appartenons aux nations qui prétendent être les plus avancées du monde, nous faisons partie de ceux qui bénéficient de l'exploitation des pays en voie de développement. Nous ne voyons pas les souffrances que cela provoque dans la chair et dans l'esprit de peuples entiers. Nous contribuons à renforcer la division du monde actuel, dans lequel ressort la domination des pauvres par les riches, des faibles par les puissants. Savons-nous que notre gaspillage des ressources et des matières premières ne serait pas possible sans le contrôle des échanges commerciaux par les pays occidentaux ? Ne voyons-nous pas qui profite du trafic d'armes dont notre pays a donné de tristes exemples ? Comprenons-nous donc que la militarisation des régimes des pays pauvres est une des conséquences de la domination économique et culturelle exercée par les pays industrialisés, où la vie est régie par l'appât du gain et les pouvoirs de l'argent ?"
Ce livre nous donne une leçon d'humilité et devrait être lu par tous, ce qui nous rendrait peut-être moins hautains, moins fiers, réputation, que nous Français, avons souvent à l'étranger.
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Ecrit dans le feu de l'indignation, l'essai Les veines ouvertes de l'Amérique Latine d'Eduardo Galeano, qu'Hugo Chávez a offert à Obama lors de leur première rencontre, dénonce la spoliation économique et idéologique à laquelle est soumis le continent latino-américain depuis sa découverte jusqu'à aujourd'hui, d'abord au profit de l'Europe sous l'ère coloniale puis au profit des Etats Unis, avec un fil conducteur d'analyse : la colonisation, l'exploitation, la répression, le capitalisme, le marché, la division du travail, les multinationales.
Passionnant, très documenté et facilement lisible, cet essai au souffle puissant est né dans un contexte bien déterminé : alors que l'Amérique Latine tente une première transition économique libérale plus moderne (à des degrés divers selon les pays) en tentant d'évincer les vieilles structures économiques héritées du colonialisme et qui concentrent les richesses entre les mains d'une haute bourgeoisie minoritaire souvent détentrice également du pouvoir politique, un mouvement intellectuel très politisé à gauche oppose, plus ou moins fortement selon les régions, une résistance à cette transition néolibérale. C'est dans cette perspective de gauche et d'opposition à cette transition économique (Galeano est un journaliste militant socialiste depuis les années 60) que l'auteur rédige cet essai supporté par une vague idéologique qui déferle sur les milieux intellectuels latino-américains, d'où son succès. Cependant, son orientation idéologique évidente ne rend pas toutes ses analyses contestables. le pillage en règle des ressources de ce continent qui est une chasse gardée économique et politique des USA est évident.

Eduardo Galeano à la fin de sa vie a entamé un travail critique très courageux de toute son oeuvre et a reconnu que le prisme d'analyse qu'il avait utilisé pour cet essai historique et socio-économique avait perdu en partie de sa validité.
En effet, s'il a soutenu Castro et sa révolution communiste et qu'il a été très proche d'Hugo Chávez, force lui a été de reconnaître que Cuba est sous tente à oxygène et que le Venezuela ne se porte pas mieux. La Chine qui a connu une des colonisations les plus dures qui soient s'en sort beaucoup mieux que l'Amérique Latine avec un capitalisme d'Etat aux mains d'un régime autoritaire.
Le mal développement structurel de l'Amérique Latine est beaucoup plus complexe, tout autant intérieur qu'extérieur : Galeano a fini par le reconnaître, ce continent est autant victime que responsable (et j'accorde volontiers la part du diable au capitalisme globalisateur dans ce jeu de domination/exploitation). L'analyse de ce mal développement latino-américain mérite une approche plus rationnelle et nuancée et moins idéologique, même si cet essai est un acte de courage intellectuel évident et que sa température émotionnelle le rend profondément bouleversant.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Tout comme dans " Une histoire populaire américaine " d'Howard Zinn , ce qui nous est raconté ici n'est pas la version officielle de l'histoire , mais la triste réalité .
C'est l'histoire d'un pillage systématique s'étendant sur cinq siècles . Dès l'arrivée de Christophe Colomb , les crimes contre les autochtones voire leur mise en esclavage iront en s'amplifiant au gré de l'arrivée d'autres explorateurs .
Quand après avoir parcouru divers pays de ce continent au mains de quelques sanglants dictateurs ( souvent soutenus par la CIA ou financièrement aidés par des multinationales occidentales ) pour emmagasiner la documentation de l'ouvrage , son livre se voit censuré dans son pays ( Uruguay ) et lui contraint à l'exil .
A tout ces crimes contre les population locales , les envahisseurs trouvent comme toujours des justifications morales et s'appuient sur celles de l'église . L'homme blanc croit en sa supériorité sur les " sauvages " .
Si un continent aussi riche a engendré tant de misères , de pauvreté , d'esclavage et de sous-développement c'est du a la cupidité sans limites des différentes puissances colonisatrices . Car dès que les richesses minières sont mises à jour , modes de vie et systèmes de subsistances sont bouleversés . Les européens dans un premier temps puis les américains , économiquement et politiquement mettent en place au détriment des activités traditionnelles , la rationalisation de l'énergie humaine disponible pour l'exploitation des mines ou des cultures ( or , argent , pétrole , sucre ,cacao , salpêtre . Les peuples asservis creusent les mines et y meurent par millions tandis que les intérêts occidentaux rapatrient les richesses . Ce continent , vache à lait des dominants voit sa survie encore aggravée lorsque les Etats-unis entrent dans la danse . La main-mise stratégique par le biais d'une politique de choc , de manoeuvres " barbouzardes " d'éliminations d'opposants , permirent à l'oncle Sam d'achever le pillage .
Un livre très instructif donc sur les " bienfaits de la civilisation "et dont le déroulement peut aisément s'appliquer à l'Afrique ou plus près de nous , au pillage de la Grèce .
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Livre emblématique de la pensée de la gauche sud-américaine, "Les veines ouvertes de l'Amérique Latine" est le plus célèbre des ouvrages de l'uruguayen Eduardo Galeano.

Dans ce livre, l'auteur décrit un à un et dans toute leur complémentarité les éléments historiques, politiques et géographiques qui ont débouché sur le sous-développement ou le mal-développement de cette région, pourtant très riche, pendant des siècles.
Le titre est ainsi très évocateur : il s'agit pour l'auteur de faire la démonstration que l'Amérique Latine a été vidée de son sang, c'est-à-dire de ses ressources vitales, de l'extérieur, qui s'est appuyé pour cela sur les faiblesses internes de la région. Il faut donc bien garder à l'esprit qu'il s'agit d'un discours militant, à charge, ce qui ne lui enlève cependant pas de sa pertinence factuelle.

S'il permet de comprendre les mécanismes qui ont abouti à des dictatures et à l'appauvrissement de ce continent, ce livre est aujourd'hui daté mais il reste un référent indispensable pour comprendre la politique et les sociétés sud-américaines.
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"Les veines ouvertes de l'Amérique latine" (las venas abiertas de America latina) livre écrit par l'écrivain uruguayen Eduardo Galeano en 1971 mais actualisé depuis... C'est un peu la chronique d'un pillage annoncé..Galéano analyse les raisons du sous-développement de nombreux pays d'Amérique du Sud, et le scénario est souvent le même: monoculture, monoproduction industrielle, détournement des richesses minières par les pays occidentaux. Livre-symbole de la nouvelle gauche sud-américaine, à lire absolument si on veut meiux comprendre tout ce qui passe actuellement dans cette zone du monde...
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Les veines ouvertes de l'Amérique latine de l'auteur uruguayen Eduardo Galeano relate la longue et douloureuse histoire de ce continent depuis sa découverte par les européens jusqu'au début des années 1970.


On y lit les autochtones décimés, l'esclavage à une échelle industrielle, les guerres fratricides, le pillage des ressources par les pays plus avancés… mais le livre ne se résume heureusement pas à une longue liste de malheurs. L'auteur en profite pour développer des idées intéressantes notamment :

-Sur la "malédiction" des matières premières : quelques années avant que ne se développe en économie le concept de "dutch desease", l'auteur démontre comment l'exploitation des matières premières dans les différents pays de la région les ont enfermés dans une spirale de sous-développement empêchant la constitution d'une industrie compétitive.

-Sur le libre échange imposé par les pays développés à divers pays d'Amérique Latine pour maintenir une division internationale du travail qui leur est favorable.

-Sur la notion de "sous impérialisme" l'auteur explique comment les plus grandes nations latino-américaines reproduisent un schéma de domination économique (qu'ils subissent eux-mêmes), vis à vis des autres pays moins puissants de l'Amérique du Sud et Centrale.

-Sur la captation discrètes des richesses des colonies espagnoles par l'empire britannique puis par les USA, processus commencé avant même l'indépendance de ces pays.

Si ces différents points évoqués peuvent être sujets à débat, ils ont le mérite d'être développés de façon originale et convaincante par E. Galeano.


Si le ton de l'auteur est souvent engagé, son travail de recherche est palpable et les références abondent. En dépit de cela, Eduardo Galeano me semble parfois manquer des nuances nécessaires au travail d'historien. Ainsi on apprendra au détour d'une phrase (p 267) que "l'empire esclavagiste de Pedro II, dont les troupes se nourrissaient d'esclaves et de prisonniers gagna cependant des territoires", l'affirmation de cannibalisme concernant l'armée brésilienne n'est précédée ni suivie d'aucun élément de contextualisation ni d'aucune nuance comme si les soldats brésiliens du XIXème siècle mangeaient quotidiennement de la viande humaine... le même manque se fait également sentir sur d'autres aspects et particulièrement vis à vis des personnages historiques qui semblent invariablement se situer soit dans un axe du mal ou au contraire dans le camp du bien. C'est pour moi le principal défaut du livre.


Plus anecdotiquement, pourra regretter l'absence de comparaison avec d'autres région du monde comme l'Afrique ou l'Asie (où certains pays comme Taiwan ou la Corée du Sud avaient déjà tirés leur épingle du jeu en 1970 et progressaient vers un réel développement).

Enfin, on remarquera bien sur l'âge avancé du livre lui-même écrit il y a près de 50 ans (1971) … Bien que les crises économiques (Argentine, Mexique) et politiques dans les années qui ont suivies ne démentirent pas son constat amer.


En dépit de quelques défauts, c'est donc un livre édifiant pour qui souhaite découvrir l'histoire de l'Amérique latine. Je profite de cette critique pour recommander également à ceux qui s'intéressent à l'histoire de cette région les récentes émissions de France Culture sur les "héritages" de Christophe Colomb et de Simon Bolivar (Série « Concordance des temps », émissions radios écoutables et téléchargeables gratuitement).
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L'Amérique du sud est pillée depuis les temps de la colonisation. Les colonisateurs sont partis, mais sur le fond rien n'a changé. Le continent est riche de son sous-sol et de son sol, mais cette richesse ne lui profite pas : elle s'en va vers les anciens pays colonisateurs. Tel est le constat que faisait au début des années 70 Eduardo Galeano dans ce livre indispensable à celui qui s'intéresse à ce continent. Certes le livre date un peu : la mondialisation s'est accentuée, le libéralisme est – provisoirement ? - vainqueur, l'Opep et les nouvelles techniques d'extraction du pétrole sont passées par là. Certains chapitres devraient donc être repris et actualisés.
Mais sur le fond le constat reste valable : l'Amérique du sud reste un continent pauvre et exploité. L'auteur en analyse avec beaucoup d'acuité les raisons : le poids de la colonisation par l'Espagne et le Portugal, relayés rapidement par le libéralisme anglo-saxon, la trahison des « élites » locales uniquement soucieuses de leur confort à court terme et n'hésitant pas à user de la force la plus brutale et la plus bestiale pour garder le pouvoir. Un livre terrible.
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L'Amérique latine, c'est cette formidable partie du continent américain qui s'étend au sud de la frontière des USA, du Mexique à la pointe d'Ushuaïa, en Argentine. Cette terre fertile, luxuriante par endroits, pourrait être un paradis terrestre pour les humains qui y vivent aujourd'hui. Mais voilà, l'arrivée des européens, à l'aube du développement du mode de production capitaliste, en a fait un enfer pour des millions de pauvres. C'est l'histoire d'un continent saigné à blanc. (Et on pourrait décliner le titre à d'autres régions du monde : les veines ouvertes de l'Afrique, les veines ouvertes de l'Inde, essais qui restent à écrire, ou qui existent, mais sous une multitude de titres...)
C'était inéluctable, couru d'avance ? C'est la loi : du plus fort/de la nature/de l'innovation technologique/de la compétition économique/du capitalisme ? Pourquoi la rencontre entre une civilisation dotée de la puissance technologique avec des civilisations plus faibles sur ce plan devrait nécessairement se solder par la domination et l'asservissement ? N'y-a-t-il pas de place pour une rencontre fraternelle, humaine, faite d'échanges et de coopération ?
Ce formidable travail de Galeano est une mine d'arguments contre ceux qui rejettent les difficultés actuelles (ou passées), sur les opprimés eux-mêmes. Les conditions « naturelles » initiales ne doivent pas occulter la responsabilité des envahisseurs. Certes, les amérindiens, avant 1500, ne connaissaient ni le fer, ni la roue, ni le cheval. Ils ne purent donc pas cultiver efficacement la terre, et créer ainsi les conditions qui permirent au « Croissant fertile » méditerranéen, par exemple, d'émanciper une classe sociale des contingences matérielles (oligarchie romaine ou grecque, noblesse, clergé, puis bourgeoisie). Mais quand la rencontre, puis la dépendance permanente, d'une société plus puissante qui exploite, pille, et pire, empêche tout développement indépendant (ou tout développement tout court), alors ce ne sont plus les conditions initiales, ou la prétendue « paresse » des peuples opprimés qui sont en cause, mais bien la domination d'une classe sociale sur toutes les autres. C'est ce que montre Eduardo Galeano, avec une quantité d'exemples. A la lecture de ce formidable essai, fruit d'un travail remarquable, on comprend tous les rouages (dont la corruption des élites n'est pas la moindre) de l'asservissement total de peuples entiers.
Dans les années 1980, l'Amérique Latine était considérée comme une « poudrière sociale »... plus de trente ans après, il reste encore beaucoup à faire...
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Cet ouvrage de 1971 est un lamento sur le sort de l'Amérique Latine pillée au long des iècles par l'Europe d'abord puis par les Etats-Unis ; Les titres des deux parties de l'ouvrage : « La pauvreté de l'homme comme conséquence de la richesse de la terre » et « le développement est un voyage avec plus de naufragés que de navigants » montrent que l'auteur est un témoin engagé dans les luttes de son temps .Son constat terrible n'en est pas moins étayé par des documents et un travail sérieux. Malgré sa relative ancienneté l'ouvrage garde son intérêt qui vient aussi du style de l'auteur.
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Véritable cri de guerre et de révolte, Les veines ouvertes de l'Amérique latine se veut l'histoire crue et sans fard de ce continent sans cesse pillé par les puissances colonisatrices, puis par les impérialismes anglais et américains, et enfin par notre système économique actuel.
Offrant un tableau précis de l'Amérique latine dans son ensemble et des pays qui la composent, cet ouvrage présente également une documentation étayée sur les agissements économiques de plusieurs entreprises étrangères et de la main-mise sur les ressources et matières premières du continent, dont l'exportation servira à conserver une rente captée par les élites des différents pays, tandis que la plus-value des produits transformée ira aux pays développés d'Europe.
Révélateur des liens qu'entretinrent l'Espagne et le Portugal avec leurs colonies, le texte montre aussi les profondes inégalités qui succédèrent à la colonisation, et qui détruisent toujours autant le tissu social aujourd'hui.
Livre phare pour toute personne s'intéressant à l'Amérique latine, Les veines ouvertes de l'Amérique latine permet de mieux comprendre la violence sous-jacente des sociétés d'Amérique du Sud ; cependant, la lecture est parfois perturbante tant le ton est véhément et accusateur ; le récit se veut réel et sans atténuation des horreurs vécues par les populations, et le lyrisme militant d'Eduardo Galeano renforce la sensibilité du lecteur à ses écrits : ne sombrez pas dans le cynisme et le dégoût du monde après l'avoir lu !
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