Comment expliquer une équation si simple en apparence, mais relevant d'une théorie au contenu si révolutionnaire et si contre-intuitif ?
Cette théorie, la théorie de
la relativité d'
Albert Einstein, est devenue l'un des piliers de la physique au début du siècle précédent, et a mis fin à la vision newtonienne de l'espace et du temps, qui régnait alors en maître depuis plus de deux siècles.
L'équation
E=mc2 est l'exemple même d'équation que tout le monde connaît, que tout le monde retient, que tout le monde a déjà vu dans sa vie au moins une fois sur une affiche – celle qui représente un champignon atomique ou celle qui représente un Einstein facétieux tirant la langue, au choix – mais dont la profondeur est sans doute moins accessible que la formulation.
Alors comment faire ? le défi est ambitieux.
Christophe Galfard a trouvé une astuce.
Il utilise peu de mots. Il utilise des mots simples.
Des phrases courtes. Des images parlantes.
Un style.
Eh oui...
Bon.
Je vais à mon tour tenter de faire de même... Oups... Perdu ! (ici, j'ai bien essayé de diminuer encore le nombre de mots dans mes phrases mais je n'y suis hélas pas parvenu, n'est pas
Christophe Galfard qui veut).
Ce livre est vite lu. Il se lit d'une traite. Si vous tentez l'aventure, une petite heure vous suffira.
C'est ça qui est bien.
Ma critique va être vite écrite du coup. Avec publication à la clé le jour même, s'il vous plait !
Pour une opération masse critique « privilège », on ne peut rêver mieux.
Et ça me fera renouer avec mon activité de pourvoyeur de critiques scientifiques dans Babelio. Ça faisait longtemps, diront certains… J'en profite au passage pour remercier comme il se doit l'éditeur Flammarion et la team Babelio pour cet envoi, ainsi que Pierre Krause pour son mail.
Bon, les préambules étant faits, quel est l'objectif de ce livre, au fond ?
Il vulgarise.
Il ne rate pas sa cible, si l'on en juge par les critiques déjà postées.
Il rappelle que la lumière, la matière, la masse,
l'énergie, l'espace, le temps, la vitesse, l'Univers, les atomes, les étoiles, les noyaux atomiques, bref, tout ça, sont des concepts qui ont été revisités par
la relativité.
Il évoque mais seulement dans sa conclusion, à l'avant-dernière page du livre, que
la relativité générale viendra compléter en 1915
la relativité restreinte de 1905.
Et c'est Einstein qui comme un seul homme a tout imaginé.
Avec ses fameuses expériences de pensée (Einstein n'aurait eu que peu d'intérêt pour les expériences réelles).
Il termine son hagiographie en comparant Einstein aux hurluberlus dont les idées provocatrices, le plus souvent fausses, ne servent qu'à se faire distinguer. Ce n'est bien sûr pas le cas d'Einstein : « La seule différence, c'est qu'Einstein, lui, avait raison ».
Et parfois, c'est
Christophe Galfard qui a tort.
Ou, du moins, qui pèche par excès de simplicité.
Einstein n'a pas « imaginé » à lui seul
la relativité.
Les idées étaient dans l'air du temps. On peut citer Voigt, Lorentz, Poincaré, Minkowski…
Einstein pratiquait beaucoup les expériences de pensée. Mais il était aussi très attentif aux expériences concrètes et réelles.
Son passage au bureau des brevets de Berne en atteste, ainsi que son intérêt pour les mesures faites lors de l'éclipse solaire par Sir Arthur Eddington, confirmant sa théorie.
Enfin, Einstein n'avait pas toujours raison. La fameuse controverse avec Bohr sur l'interprétation de la physique quantique est assez célèbre (Bohr avait raison).
L'essai de
Christophe Galfard est presque un exercice de style.
Sa lecture est agréable.
Mais si vous voulez creuser un peu le sujet, je vous recommande quand même la lecture d'autres ouvrages sur le même thème, comme : «
E=mc2 : Histoire méconnue d'une célèbre formule » de
Jean Hladik ; «
E=mc2 : Une formule change le monde » de
Harald Fritzsch ; «
E=mc2 une biographie de la plus célèbre équation du monde » de
David Bodanis ; «
E=mc2 » de
Jean-Louis Bobin ; «
Pourquoi E=mc2 ? Et comment ça marche ? » de
Brian Cox et
Jeff Forshaw ; «
Comment je suis devenu Einstein : La véritable histoire de E=mc2 » de
Jean-Paul Auffray…
Et ce ne sont là que quelques-uns des ouvrages de référence.
Je vous donne ici quelques pistes, pour aller au-delà des 134 pages.
Mais il vous faudra plus de temps pour tout lire, et aussi plus d'espace pour stocker tous les bouquins.
L'espace-temps…
C'est toujours un peu ça, le problème…