Peut-on, tout d'abord, prendre quelques secondes pour admirer la magnifique couverture réalisée par Alexandra Charlier ? Ouvrir un livre sur une liseuse pour se retrouver face à une telle beauté coupe réellement le souffle.
Mais la couverture n'est pas la seule qualité de ce roman fantastique, loin s'en faut. L'histoire et les personnages sont également de gros points forts de ce récit.
Le héros est Ulysse Solo. Et, au début de l'histoire, pour être honnête, Ulysse n'a rien d'héroïque, sauf peut-être son prénom. C'est un gars un peu terne et banal, qui travaille dans une entreprise pharmaceutique et mène une vie assez rangée et routinière. le seul élément un peu folichon de son existence, c'est la thérapie qu'il suit pour tenter de se remettre du décès de sa mère, survenu dans des circonstances aussi mystérieuses que dramatiques. A part ça, Ulysse est Monsieur-tout-le-monde.
Mais cet homme en apparence si banal est en réalité au coeur d'une intrigue tout à fait exceptionnelle. Car un virus bien plus mortel que le Covid a fait son apparition sur Terre et c'est Ulysse qui en est à l'origine… Pourquoi ? Comment ? Ulysse ne le sait pas, et Archaiêl, un personnage mystérieux dont il croise la route n'en sait pas plus, malgré son statut d'archange.
Oui, vous avez bien lu : Archaiêl est un archange. Il est même le premier des dix-huit archanges d'Impériûs. Et c'est lui qui fait le voyage sur Terre, via la forêt de Fontainebleau, pour prévenir Ulysse du danger qui le guette et le ramener sur Impériûs (ou, tout au moins, pour y amener son âme pendant que son corps reste sur Terre).
Vous l'aurez donc compris : Impériûs – La cité des anges est un roman de fantasy mêlant habilement des éléments fantastiques avec des codes empruntés au polar (le frère d'Ulysse, Benjamin, est policier et va lui aussi se trouver mêlé à l'intrigue).
Le sort de Xénos, l'ennemi qui « diffuse » le nouveau virus sur Terre, m'a un peu rappelé celui de Morgoth dans
le Silmarillion, de
Tolkien. Tous deux sont rejetés à l'écart de leur monde par la puissance des forces du « bien » : ils ne sont pas mis à mort, mais gardés prisonniers, jusqu'au moment où ils pourront s'échapper, ce qui signera l'avènement d'une dernière grande bataille et de la fin du monde (chez
Tolkien) ou la vengeance ultime et l'extermination de la race humaine (chez Gallin). Les similitudes s'arrêtent là, car
Jule Gallin parvient à mettre en place son propre univers et ses propres personnages.
Et quel univers ! Impériûs est un monde absolument fascinant, et la hiérarchie entre les différents archanges l'est tout autant. Au milieu de ces personnages fabuleux, Ulysse va évoluer : il devient peu à peu le « vrai » héros de l'histoire et s'éloigne de plus en plus de sa vie de tous les jours.
Les rebondissements sont nombreux, les révélations sont distillées en petites touches afin de maintenir le suspense. Et, en prime, comme dans un film, on a droit à des « scènes bonus » à la fin du roman ! C'est une idée originale et je trouve ça sympa de la part d'un auteur de partager avec ses lecteurs des espèces de « fins alternatives » à différents chapitres : cela permet de mieux réaliser tout le travail qui réside derrière les romans que nous lisons, et de se rendre compte de l'ampleur du processus créatif (qui doit certainement être encore plus important pour un roman de fantasy que pour une histoire contemporaine).
Tout en utilisant des éléments d'actualité (le Covid, encore lui) et de réalisme (enquête policière, urgence sanitaire déclarée par l'OMS, etc.),
Jule Gallin parvient à créer une intrigue fantastique très originale. J'ai adoré découvrir Impériûs, Paradisius et les différents « habitats » des archanges, tout comme leurs différentes personnalités (certaines attachantes, d'autres effrayantes). Et la mention spéciale de l'originalité revient aux chapitres parlant de l'Air Ball, l'équivalent sur Impériûs du Super Bowl américain : tout comme c'est le cas avec le Quidditch de
J.K. Rowling, je regrette presque que l'Air Ball n'existe pas réellement sur Terre, car ce serait un sport passionnant à suivre !