Ziereis (Franz Ziereis, le commandant du camp) lui ordonna de chanter un extrait de Rigoletto, plus particulièrement La Dona e mobile.
Mais Juanito avait pour habitude, quand il chantait ce genre de musique, de parodier les paroles et d'interpréter les plus grands morceaux en les arrangeant "à sa sauce". (...)
Juanito prévint qu'il allait interpréter ce passage en catalan; le seul SS susceptible de le comprendre (le responsable de la laverie) n'était pas présent. Il valait mieux, car voici ce que fut son interprétation:
"La Dona e mobile
Sois uns cabrooons
Uns fills de pute
I uns maricooons
Uns mals parits
Donats per culo..."
Juanito chantait l'air pénétré, le plus sérieusement du monde, accompagné par Botella et quelques autres qui connaissaient relativement bien la musique. Tous se mordaient les lèvres pour ne pas éclater de rire. Les SS, commandant en tête, furent enchantés de son interprétation et l'applaudirent à tout rompre. Et Juanito jouait le jeu, saluant comme à l'opéra.