AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,78

sur 285 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le dernier hiver du Cid est le récit poignant des dernières semaines de Gérard Philippe, un peu gâché quand même par un Jérôme Garcin qui s'écoute écrire et abuse des envolées lyriques et références aux héros incarnés par le comédien.

Ainsi parlant du chirurgien qui l'a opéré et annoncé sa fin imminente à Anne, son épouse, Garcin écrit «  il se souvient d'être allé voir le Cid ... Ce soir-là, il découvrit que, malgré le col trop amidonné du pourpoint, Rodrigue avait la grâce, que la voix d'un guerrier pouvait être caressante et que portées par une sincérité qui frôlait l'innocence, ces vieilles stances pouvaient être d'une candeur éclatante. Même la manière dont il allait embrasser Don Diègue était joyeuse. La tragédie renouait avec l'espagnolade. La Castille était lumineuse. On ne sentait ni le poids du palais ni la lourdeur des étoffes. le théâtre exultait de vie et descendait dans celle des spectateurs. El Cid rayonnait. »

Bien sûr, on peut comprendre Jérôme Garcin en gendre admiratif d'un parfait héros de tragédie, jusqu'à sa vie écourtée par la maladie. Un héros beau, humain, sympathique attirant la lumière et les foules. Passant outre les railleries des tenants de la Nouvelle Vague. Épousant une femme discrète à la beauté imparfaite alors qu'il a tenu dans ses bras les plus brillantes et belles des comédiennes. Un jeune héros résolument de gauche qui ne retira jamais ni son aide ni son affection à son père Marcel, collabo nationaliste condamné à mort par contumace, réfugié en Espagne.

Finalement Gérard Philippe apparaît un être singulier sans fioritures inutiles. Et malgré les réserves de style, moi qui n'avais pas d'intérêt particulier pour Gérard Philippe (livre lu dans le cadre d'un cercle de lecture), contre toute attente, j'ai trouvé ce livre touchant et me suis attachée à la personnalité du comédien. Je peux même dire que grâce à Jérôme Garcin, j'ai découvert un être engagé et sensible qui m'a émue.

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
Commenter  J’apprécie          8410
Si je vous parle de "Fanfan la Tulipe", du "Cid" ou encore de "Si Paris nous était conté", je pense que vous trouverez sans problème le dénominateur commun. Il s'agit bien de Gérard Philipe, un comédien et acteur disparu bien trop tôt pour des millions de Français.

Dans ce court récit romancé, Jérôme Garcin revient sur les derniers moments de la vedette d'après-guerre. Spectateurs d'une fin certaine, nous entrons dans l'intimité d'un homme passionné qui a vécu une vie à mille à l'heure dans un domaine qui le rendait heureux.

Alors que l'on pourrait s'attendre à découvrir un texte assez sombre, j'ai trouvé au contraire un ouvrage assez lumineux rendant un bel hommage à un grand homme qui n'a pu tirer sa révérence sur scène. Au travers son travail d'écriture, Jérôme Garcin a su retracer une époque que j'ai apprécié découvrir.

Comme les plumes délicates et majestueuses de ce bel oiseau, "le dernier hiver du Cid" se révèle être un magnifique hommage tel un chant du cygne que je ne peux que vous conseiller de découvrir...
Commenter  J’apprécie          323
Dans cet ouvrage, Jérôme Garcin, évoque son beau-père Gérard Philipe qu'il n'a jamais connu car disparu le 25 Novembre 1959 alors que sa femme, la fille de l'acteur, Anne-Marie, n'avait que 4 ans..... Il retrace les dernières semaines de cet acteur (dont on parle très peu je trouve) d'Août à Novembre 1959, d'un été en Provence où les premiers symptômes sont apparus jusqu'à ce dernier matin où il a tiré sa révérence.

C'est un témoignage très pudique et émouvant, à la manière d'un journal de bord des derniers jours mais aussi de qui fut Gérard Philipe, son parcours, ses origines, sa famille mais aussi et surtout ses liens avec Anne, sa femme, et le théâtre, le cinéma, la littérature, ses grandes passions.

J'ai aimé l'écriture de l'auteur, on ressent tout le respect, l'admiration qu'il a pour cet homme,  mais aussi et surtout pour son épouse, Anne, qui choisit de cacher à son époux la gravité de son mal, pour que ces derniers jours soient à son image, pleins de vie, d'espoir, de projets et de sérénité auprès d'elle et de ses enfants.

Que de courage et d'amour finalement il a fallu pour faire ce cadeau à l'homme qu'elle aimait, trouvant, dans les moments les plus difficiles d'une existence, la force d'imposer aux médecins et au peu de proches mis dans la confidence, le silence sur l'issue fatale.

"C'est une énigme pour le médecin, ce maître des horloges, soucieux d'une exactitude à laquelle ce malade-i, réfugié dans un temps parallèle, paraît indifférent, voire rétif. La conversation des deux hommes, qui ne semblent pas parler la même langue, est aussi chaleureuse que fausse. L'un manie la rhétorique du mensonge et l'autre, l'éloquence de l'ignorance. (p117)"

Jérôme Garcin porte l'accent sur les valeurs de l'homme : ses relations avec ses parents, une mère Minou qu'il adorait, son père, Papy, au passé trouble pendant la seconde guerre mondiale et tellement loin de ses propres engagements, mais aussi les joies que lui procurait sa vie de famille, loin des caméras et des tabloïds, un homme engagé, fidèle en amitié et dans ses convictions politiques, qui gardera pour toujours l'image d'un jeune homme, à la voix si particulière.

C'est un court témoignage tout en retenu malgré tout respectant ainsi l'intimité d'une famille, n'entrant pas dans le voyeurisme et s'attachant à évoquer la relation qui unissait le couple et surtout à la détermination de Anne, sa femme, de respecter ce qu'il était intrinsèquement : un homme simple, un éternel jeune homme, attaché à des valeurs, à sa famille et ses enfants.

Il est intéressant de le remettre sur le devant de la scène, de retracer tous les  grands rôles qu'il a tenus, son amour des classiques et j'ai été frappé par la manière ou tout a été très vite dans sa vie, comme une urgence de vivre comme si le temps était compté. 

"- Quelle pensée s'impose souvent à vous ?

- L'urgence des choses que je dois faire

-Qu'est-ce qui vous étonne dans la vie ?

-Sa brièveté." 

Gérard Philipe Arts 1958

Je partage avec vous cette chanson de Jean-Pierre Boutayre écrite pour lui rendre hommage, lui qui restera pour toujours le Prince en Avignon avec Jean Vilar qui fut son père spirituel et qui déclara à sa mort :

"La mort a frappé haut"

Jean Vilar - Chaillot, 25 Novembre 1959
Lien : http://mumudanslebocage.word..
Commenter  J’apprécie          290
D'août 1959 au 29 novembre 1959, ce sont les derniers mois de Gérard Philipe.
36 ans, c'est bien jeune pour mourir.
Quand on a tant de talent, tant de projets.
Jérôme Garcin, gendre de Gérard Philipe lui rend un bel hommage.
Évolution de sa maladie à partir du diagnostic implacable :
Cancer.
Il ne lui reste que quelques mois à vivre, il ne le saura pas.
Souvenirs des derniers moments avec Anne, sa femme.
Évocation de sa carrière, de ses pièces.
Rencontre avec ses amis.
Jérôme Garcin met toujours beaucoup d'émotion et de délicatesse dans ses portraits.
Commenter  J’apprécie          284
J'ai lu ce livre il y a quelques semaines et je m'empresse de publier un petit billet juste après l'hiver. Vous l'aurez compris, l'anniversaire de la mort de Gérard Philipe il y a un peu plus de soixante ans a été l'occasion pour Jérôme Garcin d'évoquer la flamboyante carrière de celui qui a ressuscité le personnage du Cid et qui a incarné sur scène et au cinéma tant de héros jeunes, fougueux, impétueux, engagés comme il l'était lui-même dans la vie. C'est un destin passionnant à retrouver ou à découvrir, un élan coupé en pleine jeunesse par une maladie foudroyante.

Ce livre a remué des choses en moi, notamment sur l'annonce de l'étendue du cancer à Anne Philipe et sur sa décision de cacher la vérité à son mari, il m'a beaucoup émue. « La mort a frappé haut » comme le disait Jean Vilar au TNP, le soir de la mort de l'acteur. La plume de Jérôme Garcin est élégante, elle rend vraiment honneur à ce grand monsieur du théâtre qui restera à jamais figé dans la beauté de ses trente-six ans.

Je n'en dis pas plus, je vous laisse découvrir la richesse de cette vie si vous le souhaitez. Ca m'a presque donné envie de relire « le temps d'un soupir » d'Anne Phiipe, lu il y a très très longtemps, car la force de l'amour entre Anne et Gérard est elle aussi très puissante dans le récit de Jérôme Garcin.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
Commenter  J’apprécie          220
Gérard Philipe si beau, si talentueux, si engagé est mort à la veille de ses 37 ans.
Jérôme Garcin qui a épousé, Anne-Marie sa fille, reconstitue les derniers mois de l'acteur.
De Ramatuelle, heureux, insouciant à son enterrement, nous le suivons vers l'inéluctable fin.
Ce récit est également un hommage à Anne, son épouse qui lui cachera sa maladie et lui permettra ainsi de partir sans peur.
Chaque chapitre se veut un jour de la fin de sa courte vie avec les amis qui viennent le voir, ses pensées, ses projets, des oeuvres à annoter, ses convictions et engagements.
Le style est poétique et sans pathos. A lire.
Commenter  J’apprécie          190
Je n'ai vu que deux films mettant en vedette Gérard Philipe (Le Rouge et le Noir et La Beauté du Diable), mais ils m'ont marquée, m'amenant par la suite à lire le Temps d'un Soupir d'Anne Philipe. C'était il y a fort longtemps. Lorsque Jérôme Garcin s'est présenté à La Grande Librairie avec son récit biographique le dernier hiver du Cid, j'en ai noté le titre avec empressement, attirée encore une fois par la figure mythique d'un acteur charismatique trop tôt disparu.
Ce sont donc les derniers jours du « héros cornélien et romantique » que recrée l'auteur, gendre à jamais inconnu de son sujet. À travers les premiers malaises physiques, l'hospitalisation, l'opération chirurgicale et la convalescence, Garcin ramène du passé certains pans méconnus, pour ma part, de la vie personnelle de Gérard Philipe (je pense, entre autres, à son père qui fut jugé collabo après la guerre 39-45), en plus de citer son implication sociale à plusieurs niveaux. Un hommage inspiré au père de sa bien-aimée, Anne-Marie Philipe, et qui m'a fait redécouvrir des hommes et des femmes de l'art depuis longtemps oubliés.
Commenter  J’apprécie          170
Un récit bouleversant qui m'a été conseillé par une amie babéliote lors d'échanges à propos de la lecture du livre d'Anne Philipe « le temps d'un soupir », merci Martine.

J'ai apprécié cette lecture bien que très triste, car Jerôme Garcin relate les derniers jours de Gérard Philipe d'août 1959 au 25 novembre 1959, jour de son décès.

J'ai déjà évoqué mon admiration pour ce grand comédien, que je n'ai pu voir qu'au cinéma, mais combien j'ai entendu de compliments sur son jeu au théâtre par mes parents, ils m'ont transmis l'adulation de ce comédien culte, et jamais star, comme on l'entend aujourd'hui, j'avais épinglé un poster dans ma chambre d'adolescente ! C'est dire !

Un homme engagé, qui ne négociait jamais ses convictions.

J'ai été surprise de lire un billet qui affirmait ce livre sans intérêt, et d'autres estimant ce récit incomplet.
Ce récit est plus un hommage que je trouve très bien écrit et non pas parsemés d'adverbes superflus (!)

On y trouve les références de nombreuses pièces qu'il a jouées, ce qui me paraît essentiel pour alléger le récit qui est poignant. J'ai été souvent importunée par les larmes qui me montaient aux yeux….

J'attends impatiemment la réouverture de sa maison de Cergy en 2024, lieu d'exposition avant sa fermeture pour restauration. Un endroit charmant, paisible et bucolique au bord de l'Oise aux pieds de ma ville.
Commenter  J’apprécie          155
Paris, 25 novembre 1959, Gérard Philipe, le flamboyant interprète du Cid, vient de mourir , fauché en pleine jeunesse, au faîte de sa gloire, comme quatre ans plus tôt James Dean, ou, bien avant, Alexandre le Grand, un héros comme ceux qu'il savait si bien incarner.
Jérôme Garcin a choisi le 60ème anniversaire de sa disparition pour publier ce livre sur ce comédien dont il a épousé la fille, Anne-Marie. C'est dire qu'il connaît bien les détails, même intimes, de ce "dernier hiver". Parcourant ce récit au jour le jour, le lecteur comprend que le mal dont souffre Gérard Philipe va empirer, et que la tragédie se joue cette fois dans la vraie vie, et non plus sur les planches. Anne, l'épouse attentive et lucide, l'a compris très vite, à Ramatuelle, dans l'été finissant, quand elle voit son mari anormalement épuisé alors qu'il n'a que 36 ans.
De retour à Paris, il semble ignorer (ou feint d'ignorer) la gravité de ce mal qui le condamne à brève échéance, comme les médecins l'ont annoncé à Anne. Il fait des projets, lit , annote des oeuvres qu'il souhaite interpréter ou mettre en scène.
De ce récit à l'écriture assez austère , presque pesante, jaillit par moments l' émotion. Comme des fulgurances, les temps forts de la carrière, si courte et pourtant si intense, de ce comédien adulé et charismatique, viennent recréer le puzzle d'une vie brutalement interrompue.
Un bel hommage, comme Gérard Philipe le mérite.
Commenter  J’apprécie          103
C'était au siècle dernier un artiste habité par la grâce. Gérard Philipe « avait révolutionné l'interprétation classique de l'héroïsme, modernisé le jeu classique, rendues actuelles des tragédies révolues », redonné à Rodrigue sur la scène du Théâtre National Populaire de Jean Vilar toute la la fougue juvénile du héros « À quoi attribuez-vous ce renouveau, cette jeunesse du Cid ? » « A Pierre Corneille. » avait-il répliqué cinglant dans son humilité.
C'est toute une période que Jérôme Garcin va, pour nous, reconstituer. le bouillonnement intellectuel de l'époque gaullienne et la place essentielle consacrée alors à la culture, la générosité et l'engagement politique de l'acteur dans le communisme, son militantisme, il signera en 1950 l'appel de Stockholm contre le nucléaire « Nous considérons que le gouvernement qui, le premier, utiliserait contre n'importe quel pays l'arme atomique commettrait un crime contre l'humanité et serait traité comme criminel de guerre », toujours actuel.
Mais en cet été suffocant de 1959, dans sa résidence de campagne de Ramatuelle, dans le Var, le héros est fatigué. Il l'ignore, il est condamné. Il ne lui reste plus que cinq mois à vivre. Sa femme le sait, joue au comédien la comédie de la santé, pour qu'il puisse encore se projeter dans ses rêves, dans ces grands rôles qu'il n'osait interpréter avant sa pleine maturité. Lui l'ignorera toujours, jusqu'au terme de sa vie, jusqu'en ce 25 novembre 1959, où son cancer va le foudroyer dans son sommeil. Et c'est dans les habits du Cid qu'il sera enterré pour rejoindre l'Olympe des géants.
« C'est moi qu'ils ont étendu sous cette froide pierre ; c'est pour moi qu'ils avaient aiguisé leurs épées ; c'est moi qu'ils ont tué. Adieu la gaieté de ma jeunesse ; l'insouciante folie, la vie libre et joyeuse au pied du Vésuve ! Adieu les bruyants repas, les causeries du soir, les sérénades sous les balcons dorés ! » déclamait-il encore dans Les Caprices de Marianne d'Alfred de Musset.
C'est sa femme Anne à ses côtés qui l'aura empêché de céder à la facilité « où sa beauté droite lavait la France de sa laideur morale » et qui jusqu'au bout va le protéger de son amour, brisé par un impitoyable destin. Désormais seule, ensevelie dans son immense chagrin. « Vivre n'est plus qu'un stratagème / le vent sait mal sécher les pleurs […] Je reste roi de mes douleurs » Aragon.
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (522) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}