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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
France Culture a consacré en avril une semaine de « A voix nue » à Jérome Garcin et ces cinq émissions passionnantes m'ont incité à relire « Le voyant » et à retrouver Jacques Lusseyran qui fut un brillant étudiant, malgré la perte de sa vue à 8 ans, un résistant, un déporté, un professeur de lettres et de philosophie contraint à un exil américain, mais qui fut également influencé par « maitre » Georges Saint-Bonnet.

Le co-fondateur de Défense de la France, le déporté de Buchenwald force l'admiration et sa survie est un miracle rendu possible par la complicité, la protection d'autres détenus, pas toujours exemplaires, que Jacques Lusseyran remet debout et mobilise dans un combat quotidien qu'il immortalise en publiant « Et la lumière fut ».

Le survivant épouse Jacqueline Pardon, active elle aussi dans le réseau Défense de la France, mais, dépressif, tombe sous l'emprise d'un gourou Georges Saint-Bonnet … qui finit par épouser Jacqueline. Jérome Garcin analyse avec finesse et délicatesse la fascination du couple pour le « maitre » et montre comment des êtres cultivés et intelligents peuvent être embrigadés dans une secte si le « climat » de celle ci se traduit par un mieux être.

Jacques Lusseyran consacre un livre en 1964 à « Georges Saint-Bonnet, maître de joie » et ceci contribue à voiler la vie lumineuse du couple, tombé dans l'oubli d'où Jérome Garcin, les sort un demi siècle après.

Jérôme Garcin démontre qu'une bonne biographie n'est nullement une hagiographie et que chacun a ses zones d'ombre. Ce portrait ainsi nuancé est d'autant plus convaincant et riche d'enseignements pour le lecteur.

Agréablement écrit, cet essai fait écho aux drames que l'auteur a vécus et dominés depuis son enfance… ainsi, le visage de Jacques Lusseyran « s'éclaire, il parle, il sourit, il parait plus vivant que les vivants. »
Et le plus étrange est que cet aveugle nous regarde !
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Aveugle à l'âge de huit ans, jeune résistant déporté à Buchenwald, professeur dans des universités américaines - faute d'avoir pu enseigner en France à cause de son handicap -, le brillant Jacques Lusseyran surmonte les épreuves comme touché par la grâce.

Cet homme semble guidé par une étonnante lumière intérieure : " Jamais il n'évoque ses souffrances, toujours il remercie le ciel de lui avoir fait découvrir la sidérante faculté de l'homme à combattre la mort, à résister à ce qui le détruit. " Ce qui ne fait pas de Jacques Lusseyran un saint car souvent son amour des femmes a primé sur ses obligations conjugales et paternelles.

Mais un homme exemplaire malgré tout, qui montre le chemin pour atteindre à l'essentiel : " s'exercer à fermer les yeux est aussi important qu'apprendre à les ouvrir " écrit Jérôme Garcin. Un auteur que je découvre très inspiré, qui multiplie les envolées lyriques signifiantes en accord parfait avec le personnage.

Et si, comme le souligne Garcin, il reste peu de chose de la courte vie de Jacques Lusseyran, ce livre remarquable contribue largement à remédier à cette injustice.
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"Lisez le Voyant de Jérôme Garcin"!

Après la belle et enthousiaste critique de Fanfanouche, j'ai bien peu de choses à ajouter.

Résistant oublié, Jacques Lusseyran méritait cet hommage littéraire, pour ce destin si particulier, cette fulgurance dramatique de vie: aveugle par accident dans l'enfance, résistant à 17 ans, déporté vers Buchenwald à 20 ans, injustement oublié de ses contemporains français au retour des camps.
Interdit de Fonction Publique pour cause de cécité (incroyable!), il trouvera reconnaissance et avenir professionnel aux Etats Unis, où son travail d'écrivain a toujours été réédité.
Et comme s'insurge son biographe: "En France, rien!"

Jérôme Garcin nous dresse un portrait attachant d'un jeune homme doué, charismatique, intuitif, comme "extra-lucide" pour sentir ou juger situations et individus, capable de sublimer sa cécité et sa petite lumière intérieure pour s'affranchir des épreuves intolérables des camps.
Un homme qui n'échappe pas à sa part d'ombre et aux controverses des bien-pensants par une liberté de vie défiant morale et bienséance ( le puritanisme américain étant ce qu'il est...)

En marge de la vie personnelle de l'homme, un livre juste et nécessaire, une leçon d'espoir en rapport avec le handicap. Un récit très émouvant.
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Né en 1924, Jacques Lusseyran devient aveugle à l'âge de huit ans suite à un regrettable accident survenu à l'école. Loin de se laisser anéantir par cette perte irrémédiable, le jeune garçon décide de faire de sa cécité une force et non un handicap, développant ses autres sens ainsi que son intelligence et prouvant à tous que l'on peut être aveugle et clairvoyant à la fois.

Jeune homme brillant et charismatique, il intègre le prestigieux lycée Louis-le-Grand à seize ans. La France est alors occupée par les allemands. Jacques Lusseyran se retrouve à la tête d'un petit groupe de résistants : « Les Volontaires de la Liberté » avec lequel il publie le journal « Défense de la France », dénonçant la propagande et l'oppression allemandes. Une activité dangereuse qui lui vaudra d'être arrêté et déporté au camp de Buchenwald en 1944. Libéré un an et demi plus tard, diminué et amoindri, Jacques Lusseyran comprend que, malgré cette expérience traumatisante, son amour de la vie est plus fort que tout et parvient à surmonter cette culpabilité d'avoir survécu.

Amant attentif et prévenant, il devient un homme à femmes, accumulant les conquêtes et les mariages. Amoureux des lettres, il écrit ses mémoires ainsi que de nombreux romans et pièces de théâtre qui ne seront jamais publiés et part enseigner la littérature aux Etats-Unis. Mais c'est en France qu'il mourra, dans un tragique accident de voiture, à l'âge de quarante-sept ans, injustement oublié de ceux-là même pour qui il s'est battu…


Que dire après une telle lecture ? Les mots me manquent et celui qui me vient d'abord à l'esprit c'est « merci ». Oui, merci à Jérôme Garcin d'avoir réhabilité le nom de ce héros de la résistance tombé dans l'anonymat. Merci de l'avoir fait connaître au grand public et de m'avoir donné envie d'en apprendre plus sur cet homme d'exception en lisant notamment « Et la lumière fût », son autobiographie. Les quelques extraits cités laissent présager une plume délicate et un esprit à la fois tendre et passionné.

Celle de Jérôme Garcin d'ailleurs n'est pas en reste ! C'est la première fois que je lisais un texte de cet auteur pourtant confirmé dans le paysage de la littérature française et je regrette de ne pas avoir tenté l'expérience plus tôt tant j'ai été séduite par la finesse de sa plume ! Malgré l'aspect quelque peu factuel de l'écriture biographique, les phrases sont fluides, presque poétiques et rendent parfaitement hommage à la figure de Jacques Lusseyran. Certains passages m'ont semblé un peu pompeux, mais comment reprocher à l'auteur son exaltation pour son sujet ?

Un amour pour la vie et une foi en l'homme sans bornes, un esprit brillant et éclairé, une grande sensibilité alliée à une incroyable force de caractère, tel est le portrait lumineux et flamboyant dressé par Jérôme Garcin d'un homme qui ne peut que forcer le respect et l'admiration. « le voyant » est une biographie romancée à la fois édifiante et bouleversante, qui invite le lecteur à regarder le monde avec des yeux nouveaux… A lire absolument !


Un grand merci à Babelio et aux organisateurs du Prix Relay des Voyageurs-Lecteurs pour cette très belle découverte !


Challenge Variétés : Un livre basé sur une histoire vraie
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Jérôme Garcin nous raconte la vie incroyable d'un héros de la résistance pratiquement inconnu dans notre pays alors qu'aux Etats-Unis son autobiographie « Et la lumière fut » est un best-seller toujours réédité. Attention rencontre, Jacques Lusseyran devrait-être un Héros national tant son destin est exceptionnel.

Lorsqu'il devient aveugle accidentellement, l'enfant décide que la cécité doit être une chance, devant cette détermination sa mère, institutrice, prend en charge son éducation. Elève brillant, il peut rejoindre le collège puis le lycée parmi les voyants. Résistant de la première heure à seize ans, arrêté sur dénonciation à dix-neuf, incarcéré à Fresnes puis déporté à Buchenwald, il survivra.

Formidable livre que « le voyant », la prose de Jérôme Garcin nous emporte. L'écrivain redonne la parole à un homme audacieux qui pensait que : « L'amour, la confiance et l'enthousiasme doivent triompher de l'ambition, la crainte et la compétition. »

A l'heure où une vague sombre clapote aux pieds de nos belles démocraties, il est bon de se replonger dans l'Histoire de ces années noires. Cette époque où des jeunes hommes sont morts afin que nous puissions vivre et penser librement.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il fallait toute la sensibilité de Jérôme Garcin et tout son talent d'écrivain pour que naisse ce livre.
Il raconte l'existence de Jacques Lusseyran.
A huit ans, un stupide accident lui fit perdre la vue.
Toute sa vie, il fit de sa cécité une force.
Résistant, il fut déporté à Buchenwald.
Rescapé, il écrira sans relâche bien que peu de ses manuscrits aient été édités.
Ses oeuvres sont très peu connues.
Et pourtant, son parcours courageux et atypique est exemplaire.
Grâce à Jérôme Garcin, les honneurs qui lui sont dus lui sont enfin rendus.
J'ai vraiment hâte de le lire en commençant par lire « Et la lumière fut »
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Né en 1924, Jacques Lusseyran perd accidentellement la vue à huit ans. Enfant choyé, tendrement aimé et stimulé, il mène une scolarité ordinaire. Mieux, il transforme ce drame en une superbe opportunité :
« Il fait une découverte stupéfiante. Au lieu de tourner ses yeux morts vers l'extérieur, il les oriente vers l'intérieur, en lui-même, où il peut vivre, courir, dessiner, où tout est plus stable et plus amical qu'au-dehors, où rien ne distingue le jour de la nuit, où les ombres n'ont plus leur place, où il peut déplacer à sa guise l'horizon, où il a le sentiment d'aborder un continent neuf et vierge [..]
Alors il éclate de joie : ses yeux ne sont pas fermés, ils sont seulement renversés. »

Il ne laissait personne indifférent, résistant, déporté à Buchenwald, écrivain, son destin hors du commun est pourtant oublié des livres d'histoire. Jérôme Garcin répare cette injustice avec brio, il faut dire que c'est un biographe et portraitiste de talent dont j'avais déjà apprécié le style en lisant Son excellence, Monsieur mon ami.
Le voyant était un homme complexe, courageux, un universitaire passionnant avec des accès de mélancolie. Intellectuel exigeant, il a pourtant adhéré aux idéaux d'un gourou pendant de longues années et mari volage, éternellement amoureux des femmes, il aurait pu inspirer un film à Woody Allen.
Le voyant, un autre regard sur la vie….
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Magnifique et édifiant.

Jérôme Garcin livre ici un vibrant hommage à un homme méconnu au parcours et à la personnalité hors du commun : Jacques LUSSEYRAN.

Jacques LUSSEYRAN, cet homme devenu aveugle à 8 ans, qui considérera jusqu'à sa mort sa cécité comme un cadeau du ciel, à une époque où elle est encore considérée comme une infirmité dégénérative. « Je ne voyais plus avec les yeux de mon corps, je voyais avec les yeux de mon âme. » disait-il.

Cet homme qui n'aura de cesse d'affirmer sa "normalité"

Cet homme, résistant de la première heure, pour retrouver une liberté perdue, cette " lumière de l'âme" dans laquelle il puise sa force.

Cet homme, rescapé de Buchenwald après 15 mois de captivité, dont il dira qu'il a appris là-bas à y aimer la vie. Car il y a appris à refuser de mourir, à se battre pour survivre.

Cet homme dont le rêve était d'enseigner et d'écrire, ce que sa patrie lui refusera en vertu de la loi Abel Bonnard qui interdisait aux non-voyants d'accéder aux fonctions publiques, mais qui persévérera pour enfin trouver la reconnaissance aux États Unis (qu'il considère comme sa troisième naissance)

Enfin aussi, cet homme amoureux des femmes, "Trois fois marié, mais cent fois conquis; infidèle à toutes mais fidèle à chacune." sans lesquelles il n'aurait pu exister.

Il y a bien plus de choses mais je vous laisse découvrir.

Car c'est un très beau portrait, d'un homme tombé dans l'oubli, et qui mérite d'être découvert. Une belle âme, avec ses forces et ses faiblesses, ses erreurs aussi, mais dotée d'une force de caractère exceptionnelle, qui malgré les épreuves et les déceptions, a toujours gardé une foi inébranlable dans la vie et dans les hommes.

Un portrait que je recommande vivement.
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Entrer en guerre contre ennemi qu'on ne peut voir... Un paradoxe et une expérience peu commune qui méritait qu'on s'y intéresse.

Jérôme Garçin retrace dans cette biographie romancée le parcours de Jacques Lusseyran : un enfant devenu aveugle accidentellement, amoureux des lettres et des idées par goût, résistant par choix et amoureux des femmes à s'y perdre mais père seulement sur les actes de naissance.
La partie qui m'intéressait le plus, celle sur l'expérience de la Résistance et la déportation à Buchenwald tiennent peu de place (2 chapitres). Mais on ne peut nier que la première partie du roman est prenante et émouvante.

Pour écrire ce roman, Jérôme Garcin cite beaucoup l'oeuvre de Lusseyran , à tel point qu'on se demanderait parfois pourquoi on a choisit de lire ce roman plutôt que l'autobiographie du résistant.
Son écriture assez factuelle n'empêche pas de voir son admiration pour l'homme, devenu héroïque par les force d'un Destin qui le dépassait, comme dans une tragédie grecque.
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Et voilà encore un personnage qui a joué un rôle important dans notre Histoire et dont personne ne se souvient. Jacques Lusseyran, le non-voyant, avait tout pour être malheureux et les événements se sont succédé pour lui mener la vie dure. Mais grâce à la très belle de plume de Jérôme Garcin, j'ai pu découvrir le destin tragique et pourtant si lumineux de ce petit héros.

Être fortement handicapé, être rejeté par la société, être déporté et toujours garder le sourire, c'est schématiquement le résumé de la vie de Jacques Lusseyran. A travers ce personnage ultra optimiste et charismatique, on met aussi le doigt sur les injustices qui gouvernaient le monde. le fait qu'il n'ait pas pu devenir professeur en France ou le fait qu'il se sentait plus aimé et moins stigmatisé en camps de concentration qu'en liberté, en disent long sur les mentalités de cette période. J'ai donc non seulement appris à connaître l'homme hors du commun mais aussi l'époque dans laquelle il évoluait.

J'ai craint dans les premiers paragraphes que l'auteur ne se lance dans une adulation de ce résistant aveugle. Il n'en est rien. Il nous dépeint sans concession sa destinée qui n'en reste pas moins fascinante. Comme il le dit si bien, Jérôme Garcin n'a pas voulu encenser Jacques Lusseyran mais simplement le sortir de l'oubli où il n'avait pas sa place. Il ajoute dans les dernières pages (en version poche), les modifications et les précisions apportées par les témoins encore vivants, ce qui accentue la véracité et surtout la bienveillance de ce travail contentieux.
Merci pour cette mise au point qui était méritée et nécessaire!
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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