AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,72

sur 427 notes
5
33 avis
4
52 avis
3
30 avis
2
7 avis
1
0 avis
France Culture a consacré en avril une semaine de « A voix nue » à Jérome Garcin et ces cinq émissions passionnantes m'ont incité à relire « Le voyant » et à retrouver Jacques Lusseyran qui fut un brillant étudiant, malgré la perte de sa vue à 8 ans, un résistant, un déporté, un professeur de lettres et de philosophie contraint à un exil américain, mais qui fut également influencé par « maitre » Georges Saint-Bonnet.

Le co-fondateur de Défense de la France, le déporté de Buchenwald force l'admiration et sa survie est un miracle rendu possible par la complicité, la protection d'autres détenus, pas toujours exemplaires, que Jacques Lusseyran remet debout et mobilise dans un combat quotidien qu'il immortalise en publiant « Et la lumière fut ».

Le survivant épouse Jacqueline Pardon, active elle aussi dans le réseau Défense de la France, mais, dépressif, tombe sous l'emprise d'un gourou Georges Saint-Bonnet … qui finit par épouser Jacqueline. Jérome Garcin analyse avec finesse et délicatesse la fascination du couple pour le « maitre » et montre comment des êtres cultivés et intelligents peuvent être embrigadés dans une secte si le « climat » de celle ci se traduit par un mieux être.

Jacques Lusseyran consacre un livre en 1964 à « Georges Saint-Bonnet, maître de joie » et ceci contribue à voiler la vie lumineuse du couple, tombé dans l'oubli d'où Jérome Garcin, les sort un demi siècle après.

Jérôme Garcin démontre qu'une bonne biographie n'est nullement une hagiographie et que chacun a ses zones d'ombre. Ce portrait ainsi nuancé est d'autant plus convaincant et riche d'enseignements pour le lecteur.

Agréablement écrit, cet essai fait écho aux drames que l'auteur a vécus et dominés depuis son enfance… ainsi, le visage de Jacques Lusseyran « s'éclaire, il parle, il sourit, il parait plus vivant que les vivants. »
Et le plus étrange est que cet aveugle nous regarde !
Commenter  J’apprécie          1082
Un instant d'exaspération… avec ma critique largement rédigée, qui disparaît !!! Je ne vais pas me laisser décourager … d'autant que je quitte très à regret ce très beau livre, qui m'a fait connaître une « belle personne », écrivain-philosophe-enseignant de talent, mais resté totalement méconnu. Nous ne pouvons qu'éprouver une large reconnaissance à l'encontre de Jérôme Garcin… à nous faire partager son admiration envers Jacques Lusseyran

Cette biographie, hormis les émotions que nous ressentons successivement au fil des coups du destin qui auraient dû abattre cet homme mais l'ont au contraire renforcé dans son appétit de la Vie, du monde , de la Connaissance sous toutes ses formes…nous offre d'autres sentiments intenses , remuants, bouleversants ; lorsque l'auteur explique la ligne constante des raisons de son travail d'écrivain et les sujets qui perdurent au fil du temps : rendre immortels par l'écriture ses « très chers disparus ». L'extrait qui suit l'explique fort justement…

« Une fois encore, une fois de plus, je pense à mon père, né à Paris, quatre ans après Jacques Lusseyran, passé lui aussi par la khâgne de Louis-Le-Grand, fou de littérature, amoureux de la langue du XVIIIe, éditeur accompli, mais écrivain empêché, dont la mort accidentelle en pleine nature, au printemps de 1973, à l'âge de quarante-cinq ans, dessine une ligne droite que je n'aurai jamais fini de vouloir prolonger dans des livres brefs peuplés de jeunes morts qui continuent de vivre, de lire, et d'écrire. (p.180) »

Nous songeons à plusieurs écrits, « Olivier », son jumeau décédé prématurément, « Bleus horizons », sur l'écrivain, La Ville de Miremont, fauché si jeune, lors de la première guerre…, mais également son excellent texte hommage à Jean Prevost (lui aussi, fauché dans ses jeunes années)

Il me tarde de me plonger dans les « mots » de ce « Voyant aveugle »….qui m'a séduit par son caractère lumineux, sa passion pour l'écriture, la philosophie, l'enseignement, les femmes, La vie sous toutes ses facettes… et « cerise sur le gâteau »…se profile derrière le visage de Jacques Luysseran, celui d'un autre écrivain-philosophe, si cher à mon coeur… Je voulais nommer « Albert Camus » que notre écrivain-résistant a rencontré…sans omettre la rencontre en septembre 1942, d'un professeur agrégé de Lettres, Jean Guéhenno, qui le marquera durablement ; je vous retranscris un extrait de Jérôme Garcin, décrivant cet étudiant brillant devant ce professeur admiré :

« Dans un Paris vert-de-gris, il enseigne le droit des peuples à être heureux. Jacques Luysserand lui trouve une voix ancestrale qui a « les douceurs de Virgile, la bonhomie de Montaigne et la bravoure de Michelet ». Il boit les paroles de ce moraliste humble qui vante d'autant plus le devoir de se surpasser qu'il doute de ses dons littéraires et se dit sans cesse tenté par « la naïveté ». Il ignore que, dans la résistance, Guéhenno s'appelle Cévennes comme Jean Bruller se nomme Vercors, mais il sait que jamais il n'a connu « maître aussi noble et d'une si totale conscience » (p.70)

Je dis, redis à l'infini le plaisir intense de cette lecture-découverte absolue…qui va m'entraîner maintenant vers les mots et les écrits de Jacques Luysseran… j'enchaînerai sans doute, ensuite, la relecture de Jean Guéhenno, dans la foulée de l'enthousiasme de cette biographie captivante…

.Je termine cette chronique un peu désordonnée sur une déclaration d'amour fou de jacques Luysseran à l'Existence et à la nécessité de l'écriture qui transfigure tout…
"Je le répète, il n'y a rien d'autre. Les jours où j'ai écrit, je Suis. Il peut m'arriver tout ce qu'on voudra. J'aime le monde et tout ce qu'il contient. Si je n'écris pas, je suis infirme.". S'il écrit, il n'est donc plus handicapé. Il vit mieux, plus fort, plus haut. (p. 154)

Commenter  J’apprécie          7818
Aveugle à l'âge de huit ans, jeune résistant déporté à Buchenwald, professeur dans des universités américaines - faute d'avoir pu enseigner en France à cause de son handicap -, le brillant Jacques Lusseyran surmonte les épreuves comme touché par la grâce.

Cet homme semble guidé par une étonnante lumière intérieure : " Jamais il n'évoque ses souffrances, toujours il remercie le ciel de lui avoir fait découvrir la sidérante faculté de l'homme à combattre la mort, à résister à ce qui le détruit. " Ce qui ne fait pas de Jacques Lusseyran un saint car souvent son amour des femmes a primé sur ses obligations conjugales et paternelles.

Mais un homme exemplaire malgré tout, qui montre le chemin pour atteindre à l'essentiel : " s'exercer à fermer les yeux est aussi important qu'apprendre à les ouvrir " écrit Jérôme Garcin. Un auteur que je découvre très inspiré, qui multiplie les envolées lyriques signifiantes en accord parfait avec le personnage.

Et si, comme le souligne Garcin, il reste peu de chose de la courte vie de Jacques Lusseyran, ce livre remarquable contribue largement à remédier à cette injustice.
Commenter  J’apprécie          646
Jacques Lusseyran méritait bien ce livre tant son parcours fascine, force l'admiration et le respect. Tombé aveugle à la suite d'un accident pendant son enfance, élève brillant, il s'engage dans la résistance malgré son handicap, arrêté en 1943, il connaitra L'horreur des camps nazis (Buchenwald),en réchappera pour mourir à 47 ans dans un accident de voiture. Un destin forcément peu banal, qui méritait cette mise en lumière.
Pourtant si l'histoire est forcément forte, j'ai eu du mal à avoir de l'empathie pour cet homme admirable et respectable. le style de Garcin est à mon avis pour beaucoup dans ce sentiment d'inachevé, ce style suranné, cette manière de mettre à distance le lecteur (en tout cas moi) m'a empêché d'éprouver l'émotion que cette histoire appelait. A lire assurément ne serais-ce que pour saluer la vie de Jacques Lusseyran, malgré ma réticence quant au récit propre.
Commenter  J’apprécie          640
"Lisez le Voyant de Jérôme Garcin"!

Après la belle et enthousiaste critique de Fanfanouche, j'ai bien peu de choses à ajouter.

Résistant oublié, Jacques Lusseyran méritait cet hommage littéraire, pour ce destin si particulier, cette fulgurance dramatique de vie: aveugle par accident dans l'enfance, résistant à 17 ans, déporté vers Buchenwald à 20 ans, injustement oublié de ses contemporains français au retour des camps.
Interdit de Fonction Publique pour cause de cécité (incroyable!), il trouvera reconnaissance et avenir professionnel aux Etats Unis, où son travail d'écrivain a toujours été réédité.
Et comme s'insurge son biographe: "En France, rien!"

Jérôme Garcin nous dresse un portrait attachant d'un jeune homme doué, charismatique, intuitif, comme "extra-lucide" pour sentir ou juger situations et individus, capable de sublimer sa cécité et sa petite lumière intérieure pour s'affranchir des épreuves intolérables des camps.
Un homme qui n'échappe pas à sa part d'ombre et aux controverses des bien-pensants par une liberté de vie défiant morale et bienséance ( le puritanisme américain étant ce qu'il est...)

En marge de la vie personnelle de l'homme, un livre juste et nécessaire, une leçon d'espoir en rapport avec le handicap. Un récit très émouvant.
Commenter  J’apprécie          553
Né en 1924, Jacques Lusseyran devient aveugle à l'âge de huit ans suite à un regrettable accident survenu à l'école. Loin de se laisser anéantir par cette perte irrémédiable, le jeune garçon décide de faire de sa cécité une force et non un handicap, développant ses autres sens ainsi que son intelligence et prouvant à tous que l'on peut être aveugle et clairvoyant à la fois.

Jeune homme brillant et charismatique, il intègre le prestigieux lycée Louis-le-Grand à seize ans. La France est alors occupée par les allemands. Jacques Lusseyran se retrouve à la tête d'un petit groupe de résistants : « Les Volontaires de la Liberté » avec lequel il publie le journal « Défense de la France », dénonçant la propagande et l'oppression allemandes. Une activité dangereuse qui lui vaudra d'être arrêté et déporté au camp de Buchenwald en 1944. Libéré un an et demi plus tard, diminué et amoindri, Jacques Lusseyran comprend que, malgré cette expérience traumatisante, son amour de la vie est plus fort que tout et parvient à surmonter cette culpabilité d'avoir survécu.

Amant attentif et prévenant, il devient un homme à femmes, accumulant les conquêtes et les mariages. Amoureux des lettres, il écrit ses mémoires ainsi que de nombreux romans et pièces de théâtre qui ne seront jamais publiés et part enseigner la littérature aux Etats-Unis. Mais c'est en France qu'il mourra, dans un tragique accident de voiture, à l'âge de quarante-sept ans, injustement oublié de ceux-là même pour qui il s'est battu…


Que dire après une telle lecture ? Les mots me manquent et celui qui me vient d'abord à l'esprit c'est « merci ». Oui, merci à Jérôme Garcin d'avoir réhabilité le nom de ce héros de la résistance tombé dans l'anonymat. Merci de l'avoir fait connaître au grand public et de m'avoir donné envie d'en apprendre plus sur cet homme d'exception en lisant notamment « Et la lumière fût », son autobiographie. Les quelques extraits cités laissent présager une plume délicate et un esprit à la fois tendre et passionné.

Celle de Jérôme Garcin d'ailleurs n'est pas en reste ! C'est la première fois que je lisais un texte de cet auteur pourtant confirmé dans le paysage de la littérature française et je regrette de ne pas avoir tenté l'expérience plus tôt tant j'ai été séduite par la finesse de sa plume ! Malgré l'aspect quelque peu factuel de l'écriture biographique, les phrases sont fluides, presque poétiques et rendent parfaitement hommage à la figure de Jacques Lusseyran. Certains passages m'ont semblé un peu pompeux, mais comment reprocher à l'auteur son exaltation pour son sujet ?

Un amour pour la vie et une foi en l'homme sans bornes, un esprit brillant et éclairé, une grande sensibilité alliée à une incroyable force de caractère, tel est le portrait lumineux et flamboyant dressé par Jérôme Garcin d'un homme qui ne peut que forcer le respect et l'admiration. « le voyant » est une biographie romancée à la fois édifiante et bouleversante, qui invite le lecteur à regarder le monde avec des yeux nouveaux… A lire absolument !


Un grand merci à Babelio et aux organisateurs du Prix Relay des Voyageurs-Lecteurs pour cette très belle découverte !


Challenge Variétés : Un livre basé sur une histoire vraie
Commenter  J’apprécie          461
Dans le Voyant, Jérôme Garcin sort de l'ombre Jacques Lusseyran dont il n'aura de cesse de vanter le destin hors du commun.
Aveugle à huit ans suite à un stupide accident, résistant à vingt, déporté dans les camps de Buchenwald en 1944, rescapé, puis universitaire aux Etats-Unis puisqu'en France les non-voyants ne peuvent enseigner à cette époque, cet enchaînement de circonstances est en effet remarquable, mais ce qui rend le récit encore plus intéressant, plus profond, c'est ce que la cécité lui apportera.
Une semaine après l'accident, l'enfant constatera avec surprise et soulagement que loin d'être plongé dans le noir, il se retrouve entouré de lumière et de couleurs: dorénavant chaque lettre sera rouge, verte, bleue, plus tard, ce sera ce regard dorénavant tourné vers l'intérieur qui sera sa force, son courage et sa clairvoyance.
La matière de ce livre est ample et pourrait être passionnante si Jérôme Garcin n'avait pas exprimé la nécessité d'insister lourdement sur la vie et le caractère exceptionnel de cet être hors du commun, injustement traité ensuite et retombé dans l'anonymat dès sa mort.
Lui qui critique gentiment le style ampoulé, emphatique de son héros ne semble pas se rendre compte qu'il en est de même pour son écriture, qui m'a régulièrement gênée parce qu'elle m'a semblé si peu naturelle et fluide.
Si après cette lecture je suis impressionnée par la vie de Lusseyran, je ne me suis pas attachée à lui, je n'ai pas été particulièrement émue non plus, même si le chapitre sur Buchenwald apporte quelques nouvelles pierres à l'édifice.
Malgré ces quelques reproches, je sais déjà que je n'oublierai pas ce récit facilement, et c'est déjà un bon point.

Lu dans le cadre du Prix Relay des Voyageurs Lecteurs 2015,
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
Commenter  J’apprécie          450
Né en 1924, Jacques Lusseyran devient aveugle accidentellement à huit ans. Il apprend à vivre avec son handicap grâce à des parents aimants et volontaires. Sociable, optimiste, lumineux, intelligent, déterminé, il est scolarisé avec des élèves 'valides'. Il entre dans la Résistance à dix-sept ans, est arrêté par la Gestapo et incarcéré à Fresnes pendant six mois, puis déporté à Buchenwald de janvier 1944 à avril 1945. Ce séjour éprouvant dans les camps nazis a eu raison de la "lumière intérieure" qu'il a toujours su préserver ; Jacques Lusseyran est pour la première fois plongé dans les ténèbres, enfermé dans sa dépression jusqu'à sa rencontre avec Georges Saint-Bonnet, un "guérisseur et maître spirituel".

« Il ne reste pas grand chose de la vie brève de Jacques Lusseyran » dit et répète Jérôme Garcin à la fin de cette biographie. Si, désormais, grâce à ce bel hommage - trop beau pour me plaire. Si l'auteur arrive à rendre ce grand homme sympathique, rayonnant et admirable, il a un ton qui peut agacer et tenir le lecteur à distance. Un style exalté, affecté, et surtout très parisien - certaines envolées lyriques sur la province (ou la "campagne" ?) sont particulièrement comiques, pour ne pas dire franchement ridicules :

- C'est là, dans ce petit coin de France où les potagers sont dispendieux et les amitiés, tenaces, qu'il a appris à préférer les hommes simples, fussent-ils rudes et peu éduqués, et même ce qu'on appelait autrefois les idiots du village, aux personnages avantageux, aux précieux ridicules et aux consciences torturées qui pullulent dans Paris. (p. 43)
- [...] un corps que le destin allait briser sur une route des pays* de la Loire, où les prairies ressemblent à des poèmes et où le ciel est un grand roman. (p. 179)

Ce genre de style et d'effet de manche suffit à me pourrir une lecture. Je ne regrette pas, néanmoins, d'avoir fait connaissance avec Jacques Lusseyran.

(* on écrit "Pays de la Loire", c'est une région administrative)
Commenter  J’apprécie          426
Ce livre est une merveilleuse rencontre.
Avec un écrivain tout d'abord, à la langue parfois sophistiquée mais sobre toujours, et dont la beauté des mots transfigure la réalité monstrueuse où explose la laideur des Hommes.
Mais Jérôme Garcin nous dit avant tout et surtout la lumière d'un résilient fabuleux, une force vive, un être hors du commun : Jacques Lusseyran.

Né en 1924, il nait une seconde fois à l'âge de huit ans lorsqu'un banal accident de la vie le prive de la vue. Mais il n'y voit là aucun motif de pitié et transcende la cécité et la pare de couleurs et de lumière. Elle lui confère une acuité visuelle qui vient de l'âme et nourrit l'intuition. Quelle extraordinaire force mentale de transmuter ainsi en atout ce que d'aucuns considèreraient comme un terrible handicap. Il nous rappelle la jolie phrase de Saint-Exupéry "On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux".

La vie le fracasse à nouveau quand la guerre éclate.
"Il y a simplement qu'il vécut la défaite de la France en cinq semaines et son occupation par les nazis comme un nouvel accident, un autre traumatisme. Neuf années après avoir perdu la vue, il perdait en effet son pays. C'était comparable, selon lui, à une seconde cécité : "Après la lumière extérieure, on m'ôtait la liberté extérieure. J'avais retrouvé la lumière intacte, augmentée, au fond de moi. Cette fois, je voulais retrouver la liberté tout aussi présente et exigeante. J'ai su qu'une deuxième fois le destin attendait de moi le même travail. Car j'avais appris que la liberté, c'est la lumière de l'âme. Il n'y a pas d'autre cause à mon engagement dans la Résistance."

Mais la Résistance le mènera finalement à la prison de Fresnes après dénonciation, puis à Buchenwald.
De la déportation, il y laissera un très cher ami et au lendemain de la libération, la lumière s'éteindra au fond de lui et il traversera un immense trou noir, une dépression longue de sept ans.

Intellectuel, érudit et sensible à l'ésotérisme, il fera une rencontre déterminante qui le fera émerger de sa détresse et renaître une fois encore. Il se mariera trois fois, aura des enfants et repartira pour une nouvelle vie, une de plus, en Amérique. Il est écrivain, mais la France, l'Allemagne et les États-Unis ne retiendront que "Et la lumière fut" où il raconte son expérience de la déportation. Elle sera réécrite plutôt que traduite quelques années plus tard sous le titre "The Blind Hero Of The French Resistance".

Ce destin inouï, cette vie si pleine d'ombres et de lumières, le fauchera dans un triste et absurde accident de la route en 1971 à 47 ans.

J'ai été absolument conquise par la plume de Jérôme Garcin qui nous raconte avec une beauté déchirante un être non moins bouleversant qui nous fait sentir si petits tant il nous apparait admirable.

Un livre sublime dont vous ne devez pas redouter le sujet car c'est de l'humain que vous y rencontrerez.
Commenter  J’apprécie          3810
Jérôme Garcin nous raconte la vie incroyable d'un héros de la résistance pratiquement inconnu dans notre pays alors qu'aux Etats-Unis son autobiographie « Et la lumière fut » est un best-seller toujours réédité. Attention rencontre, Jacques Lusseyran devrait-être un Héros national tant son destin est exceptionnel.

Lorsqu'il devient aveugle accidentellement, l'enfant décide que la cécité doit être une chance, devant cette détermination sa mère, institutrice, prend en charge son éducation. Elève brillant, il peut rejoindre le collège puis le lycée parmi les voyants. Résistant de la première heure à seize ans, arrêté sur dénonciation à dix-neuf, incarcéré à Fresnes puis déporté à Buchenwald, il survivra.

Formidable livre que « le voyant », la prose de Jérôme Garcin nous emporte. L'écrivain redonne la parole à un homme audacieux qui pensait que : « L'amour, la confiance et l'enthousiasme doivent triompher de l'ambition, la crainte et la compétition. »

A l'heure où une vague sombre clapote aux pieds de nos belles démocraties, il est bon de se replonger dans l'Histoire de ces années noires. Cette époque où des jeunes hommes sont morts afin que nous puissions vivre et penser librement.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          330




Lecteurs (989) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..