Le sommeil, ami de l'homme

Livre reçu dans le cadre de Masse critique. Mon merci à Babelio et aux éditions Salvator est un peu crispé, mais merci quand même. Si je rends ma chronique beaucoup plus tard que d'habitude, c'est que de nombreux propos m'ont gênée, heurtée même et que ce livre , pourtant court, m'est souvent tombé des mains.
L'auteure commence par nous rappeler des faits plutôt connus sur le manque de sommeil des Français et leur consommation record de somnifères, anxiolytiques et antidépresseurs. Puis, elle nous offre des conseils à nous parents. Pour peu qu'on soit un minimum concernés, on sait qu'il faut faire attention au sommeil des enfants et ne pas les laisser sur des écrans. Puis, l'auteure fustige l'éducation sans contrainte, regrette les leçons de choses, l'autoritarité et la hiérarchie sans lesquelles on ne devient pas des adultes. Oui mais les problèmes de sommeil ?
Tout ceci est délayé dans des citations dont certaines datent d'avant J. C.. Puis plus on avance, plus on arrive au sujet qui, seul, intéresse l'auteure : la religion. On a donc de plus en plus de citations bibliques.
Le début m'a seulement ennuyée. La suite a failli me faire tomber de mon canapé.
L'auteure étant journaliste, je m'attendais à des exposés sur des études scientifiques et à des pistes de solution. Ces pistes « athées » sont à peine effleurées : tisanes (je pense que ceux qui ont de vrais problèmes vont se contenter d'une tisane !), sophrologie, hypnose, acupuncture …
Puis arrive l'autre solution, la seule, la vraie : la prière . C'est paraît-il prouvé scientifiquement. On part alors dans des considérations religieuses pendant des pages et des pages. D'après l'auteure, pour bien dormir, il faut être heureux. Pour être heureux, il faut aimer les autres et pratiquer le Bien et prier, prier, prier. Arrivent enfin, les considérations condamnant l'Homme d'aujourd'hui. Les hommes sont orgueilleux, pensent trop d'où un surmenage et des problèmes de sommeil. le laïus Vade retro réseaux sociaux, tablette, et smartphone achève la démonstration.
Je retiens de ce livre qu'il faut revenir à une école autoritaire, arrêter de trop penser, arrêter de vouloir être le meilleur partout, lâcher les écrans, et surtout prier pour ne pas être aspiré vers le fond par le Mal. Et que le sommeil n'est l'ami que de l'Homme croyant.
Le sommeil me fait l'effet d'être un prétexte à l'auteure pour parler de son sujet fétiche. le livre n'est que remplissage pour nous emmener là où elle veut nous emmener. Ce qui m'a gênée c'est la leçon de morale et par- dessus tout la condamnation de l'Homme qui n'est pas croyant et de l'Homme qui a le malheur de vivre avec son temps et qui n'est vu que comme un diable orgueilleux, narcissique et étriqué.
Dis Maryvonne, si je fais un usage raisonnable d'internet et ne suis que sur le réseau Babelio, si je ne cherche pas que les petits plaisirs, si je n'ai pas un ego surdimensionné, est-ce que je suis quand même condamnée (voir les extraits plus bas) ? Ah j'ai oublié de te dire mais tu l'auras peut-être deviné, je ne suis pas croyante.
Sur la quatrième de couverture, il est noté que l'auteur journaliste collabore à plusieurs revues chrétiennes. Ceci explique cela. Si j'avais su …


Quelques passages du livre. Désolée pour ces longues citations, mais elle sont très révélatrices.
« Celui qui ne prie pas court quelques dangers : son esprit risque de se scléroser, se dessécher, s'étioler. S'il ne connaît pas le chemin de son coeur, il ne pourra pas connaître celui des autres et il se retrouvera seul dans sa tour d'ivoire, avec pour lots de consolation, ses iPhone, iPod, iPad, et autres gadgets anonymes et illusoires. »
« Car une société qui refuse la transcendance (spirituelle) expose non seulement ses membres au risque de la dépression, mais s'y condamne elle-même tout entière, comme par contagion, chacun tirant vers le bas et y entraînant les autres dans une conspiration tacite et maléfique. »
« Il (Dieu) est bien vite remplacé par le nihilisme avec la tyrannie du laïcisme. ( ) L'homme peut-il renoncer à la spiritualité sans se condamner ? »
« En refoulant Dieu de ses pensées, l'homme a refoulé son intelligence. Sans spiritualité, il se dénature, il se déshumanise. Sans principe supérieur pour l'entraîner au-delà de lui-même et le hisser vers le haut, vers le Bien et le Vrai, il se replie dans l'immanence et se fige dans une posture narcissique, écartelé entre son champ de conscience étriqué et son ego surdimensionné. Sans un petit coin de ciel, pas d'autres horizon que la course aux petits plaisirs faciles et fictifs, aux succès provisoires et aux honneurs illusoires, jamais assez gratifiants (). Assis sur le trône de son orgueil, l'homme du XXIe siècle s'est déifié dans une bulle de gloire autiste et s'est arrogé les attributs de Dieu ( ) : tel est le projet du « transhumanisme » qui travaille à « augmenter » l'homme par puces électroniques et autres prothèses magiques, reliées à un ordinateur, qui démultiplie votre potentiel physique et cognitif. Ainsi câblé, hybridé, robotisé, l'homme est programmé pour l'éternité … Pas belle la vie ? ».

Le sommeil, un actant essentiel à notre vie, nécessaire à notre survie, peut également être notre pire ennemie. Qui n'a jamais connu de nuit à tourner en rond, à ressasser sans cesse et à compter les moutons sans trouver le sommeil?

Moi en tout cas, je connais beaucoup de problèmes de sommeil: insomnies, nuits coupées absolument pas réparatrice... J'ai donc été contente de recevoir ce livre dans le cadre d'une opération Masse Critique avec Babelio. Je pensais enfin "En finir avec les mauvaises nuits" comme nous le fait entendre la couverture. Mais finalement, je n'ai rien retiré de bénéfique dans ce livre qui a d'ailleurs été plutôt décevant.
L'auteure commence son livre par nous rappeler des faits que, chacun de nous (ayant des problèmes de sommeil) connaissons, pourquoi dormons-nous mal, quelles en sont les causes, pourquoi le sommeil est-il si important. J'ai eu l'impression que l'auteure ne cherchait qu'à nous faire culpabiliser: on passe trop de temps sur les écrans, on se couche de plus en plus tard... J'ai également ri lorsqu'elle explique que les problèmes de sommeils sont propres aux Français car "notre nature est de trop réfléchir, surtout sur des sujets que nous connaissons peu ou pas", mince, moi qui viens de l'est de la France, si j'étais née de l'autre côté de la frontière, j'aurai pu dormir toutes les nuits comme un petit bébé....
En lisant ce livre, je m'attendais à des conseils, des solutions à mettre en oeuvre pour retrouver le sommeil, au lieu de cela l'auteure nous parle de... religion. Je ne retiens pas beaucoup de choses de cette partie du livre (qui prend une grande place quand même), car cela ne m'a absolument pas intéressé et je me suis même ennuyée. Je relève juste ce côté moralisateur de l'auteure: si tu ne prie pas, ne t'étonne pas de ne pas trouver le sommeil. Mouais, pour le côté scientifique on repassera.

Finalement, je n'ai pas trouvé de solutions à mes soucis de sommeil, et ce ne sera pas grâce à ce livre que j'en trouverais. J'ai quand même prêté ce livre à ma mère qui souffre des même soucis que moi, mais je ne pense pas que son avis différera du miens.

Si le début de l'ouvrage s'attele à nous retracer l'historique du sommeil à l'aide de jolies citations célèbres juxtaposées, nous présenter les différentes phases du sommeil avec des explications sommaires mais intéressantes et à nous donner des conseils simples pour bien vivre afin de bien dormir (alimentation, sport, éviter les écrans, etc). le reste de l'ouvrage, tantôt pseudo-philosophique ou religieux (Chrétien) est beaucoup plus subjectif, parfois difficile à suivre tant le rejet du monde actuel, des technologies, se fait sentir. Je l'ai trouvé carrément moralisateur, et à la fin limite mystique et culpabilisant...
Certaines méthodes (énumérées mais pas forcément assez développées) peuvent être bonnes à prendre pour certains insomniaques, évidemment pas forcément adaptés à tous ni du genre remède miraculeux. Je pense notamment à l'homéopathie, l'acupuncture, la sophrologie, l'hypnose ou encore l'ostéopathie qui peuvent être à tester et se révéler être efficaces pour certains et dans certains cas. Cela est aussi illustré par des citations (que je juge peut-être un peu trop nombreuses d'ailleurs) et quelques témoignages succints. La dernière partie de l'ouvrage sera imbuvable pour un non-Chrétien (ou tout du moins non-croyant) mettant Dieu au centre de tout et voyant la prière comme thérapie miracle.