La vie l'emportera

“La vie l'emportera” de Nathalie Gauthier

Je suis impressionnée par ce roman dans lequel, à travers tant de voyages, on passe par tout ce qui peut toucher les familles, peu importe où elles vivent.

En effet, à travers les guerres civiles au Soudan du Sud, les marches paisibles dans les hauts plateaux d'Ethiopie, les groupes armés dans le désert de Danakil, la naissance d'un amour aux étangs d'Ixelles à Bruxelles, les dangers des rivières indiennes du Ladhak en Inde et les matchs de hockey et de tennis à Lyon, on suit sur deux dizaines d'années trois familles qui sont bien plus liées qu'il n'y parait.

J'ai partagé leurs joies et leurs peines, leurs rires et leurs pertes. J'ai compris les mères partagées entre leur passion et leurs enfants. Leurs forces. Leurs failles. Et toujours leur gratitude. J'ai été touchée par les pères, silencieux et résiliants.

J'ai ri, j'ai pleuré et surtout j'ai été émue en continu. le livre parle de trois familles mais à travers elles, on retrouve toutes les familles du monde et cette universalité m'a bouleversée parce ce que rien ne me touche plus que les liens qui nous unissent peu importe notre couleur ou notre religion.

Ce roman magnifique est aussi un voyage ; les descriptions sont tellement réussies qu'on ressent l'Afrique, ses richesses, ses odeurs, ses extraordinaires habitants, sa chaleur et aussi ses failles.

Le roman a reçu le coup de coeur 2019 de la compagnie des lecteurs et des auteurs et il le mérite bien 💚

Sud-Soudan. Pas rassurant. Dans notre imaginaire occidental, c'est tout ce que l'Afrique Noire a d'inquiétant: les massacres, la guerre civile, le djihad, des 4x4 occupés d'hommes armés le visage dissimulé derrière un turban noir, des camps de réfugiés où MSF tente de guérir les plaies.

Depuis des années, les journaux télévisés nous montrent des images de savane et du désert depuis les hélicoptères de l'opération Barkhane.

"La vie l'emportera" nous plonge dans l'horreur, non plus vue depuis le ciel mais au coeur des villages, avec les femmes violées devant leurs enfants, les enfants assassinés devant leurs parents, leurs frères et soeurs. Avec eux, nous vivons l'angoisse permanente d'un raid de fous de dieu armés de kalachnikov.

"La vie l'emportera" nous ballade du drame subsaharien aux drames et à l'intimité de deux familles, l'une lyonnaise, l'autre bruxelloise, par les liens étroits qui les accrochent à l'Afrique.

L'auteure a un véritable talent pour le suspens, dans les scènes de guerre mais aussi dans le quotidien des familles comme ce match de tennis que l'on suit en se rongeant les ongles, où l'on déteste l'adversaire du fils de la famille lyonnaise. Et, heureusement, le match dure des pages.

Un roman captivant, un roman émouvant.

Pourquoi faut-il lire ce premier roman de Nathalie Gauthier ? D'abord parce que le lecteur, emporté comme le suggère son titre, le lira d'une traite. Et puis parce que tout y est vrai. L'auteure décrit des paysages et des lieux qu'elle a admirés, des pays (le Sud-Soudan, les Haut-plateaux éthiopiens, le Ladakh) qu'elle a aimés, des personnages - des enfants surtout - qu'elle a connu et reconnus. Parce que la problématique qu'elle aborde est vraie. Pourquoi s'engage-t-on dans l'action humanitaire, le gout de l'aventure, l'exotisme, le besoin d'aider et de protéger, la mauvaise conscience, l'urgence de fuir un quotidien affectif ou professionnel insupportable ? Ce qui est sûr c'est qu'à l'heure actuelle on y découvre la violence et le mal absolu. L'auteure, d'un côté nous les jette au visage au détour de l'évocation d'un environnement sublime et apaisé, de l'autre elle suggère avec Camus qu'il n'y a pas de honte à préférer le bonheur, qu'elle décrit si bien. Et tout cela dans une langue colorée, vivante et un extrême souci du détail. le refermant, j'ai su que ce livre je ne l'oublierai pas de si tôt. J'avais été emporté par une vraie émotion.

Un mardi pas comme les autres. J'ai passé la journée complètement embarquée par les destins croisés des personnages de Nathalie Gauthier. Son histoire se lit comme on regarde un film. Se mêlent splendeurs et douleurs de l'Afrique, contrastes entre drames humanitaires et drames individuels, émotions collectives et échos particuliers. Il y a dans l'écriture de Nathalie Gauthier une mise en scène visuelle, de la violence opposée à la douceur des décors, des endroits du monde que je ne connaissais pas, qu'il m'a semblé voir en vrai, la couleur des hauts-plateaux et les terres de sel, l'hiver à Lyon ou la mélancolie des étangs d'Ixelles, mais par-dessus tout des sentiments humains, ceux que l'on ressent dans notre chair, enfants, ados et adultes, la force de la vie de famille avec ses individualités, ses occupations, ses douleurs à horaires décalées jusqu'aux paroles d'une chanson qui enveloppe. A lire absolument !

Pourquoi résumer ce roman aussi foisonnant que passionnant?
J'y ai trouvé des sentiments si forts qui font tout valdinguer!
Ce qui le rend exceptionnel, c'est que l'écriture est parfaitement équilibrée alors que le roman décrit sans concession de tumultueuses destinées .
C'est une invitation aux voyages, à ceux dont on ne revient pas indemne. Tout au long des pages, reste le pouvoir des sentiments qui peut devenir une arme même si le combat reste inégal d'un continent à un autre. C'est précisément la force de ce livre, de décrire les obstacles, les victoires mais aussi les échecs, sans concession.
Dès la première page, on découvre Trésor et on l'aime d'amour, on veut rentrer dans le livre pour pouvoir faire quelque chose pour lui et ce n'est que le premier personnage! A vous de découvrir les autres ...