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Stéphane Trapier (Autre)Elena Balzamo (Traducteur)
EAN : 9782491147464
64 pages
Marie Barbier (28/04/2023)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Quelque part en Ile-de-France. Veuf en même temps qu'il est devenu père, Henri Dorin a longtemps reporté toute son affection sur son fils André. Entre ces deux êtres si différents, la vie s'écoule, calme et paisible. L'industriel actif voit le bon côté de l'existence, tandis que l'adolescent taiseux et passionné en repère instinctivement l'aspect tragique. Qu'est-ce que le bonheur ? Existe-t-il seulement ? Quand Henri se remarie avec Madeleine, dont il s'est subitem... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le Bonheur, 1928, éditions Pépites, 2022 traduit du russe par Elena Balzamo.
Gaïto Gazdanov (1903-1971) Naissance à Saint-Pétersbourg, mort à Munich.

Les belles-mères
Récit mélancolique sur le bonheur sur un ton monocorde. L'auteur essaie de nous entrainer sur la pente douce du bonheur mais n'y arrive pas. C'est comme un appart dans Paris qui ne reçoit jamais le soleil. On aurait envie de lui dire qu'il ne faut pas rester dans cet état là, mais c'est plus fort que lui, il faut qu'il y replonge. Il pense qu'il est certain en nous expliquant sa vie qu'on va le comprendre et se faire une raison, mais si pour expliquer le mal de vivre qui le ronge, il faut à chaque fois nous faire le détail de tout le fardeau qu'il porte sur son dos, sa quête du bonheur ne s'arme d'aucune chance pour s'accomplir. Sa poésie, ses métaphores ici apparaissent même de trop car le fond du récit est une plainte. Honnêtement, je ne vois que le suicide pour interrompre ce parcours désenchanté. J'ai rarement lu des choses qui vous portent autant la poisse tant c'est lugubre : ça vous met le bourdon assuré. Alors dans ces conditions, le bonheur est une farce alambiquée.

L'histoire alors, ben elle a bien mal commencé puisque le fils naît le jour où sa jeune mère meurt en le mettant au monde. On a bien du mal à croire que le père va élever tout seul son fils qu'il aime au plus haut point et se projète sur lui en fait. Alors comme un hasard pas plus crédible que ça puisqu'il faut jouer sur le thème de la parabole lumineuse, selon l'idée du traducteur, à laquelle je n'adhère pas davantage, une nouvelle femme arrive dans la vie du père et qui pense-t-on va se substituer à la mère manquante, mais l'enfant a déjà 14 ans, c'est déjà un petit homme qui même s'il est inhibé de par peut-être l'ombre du père qui plane sur lui, ce nouveau challenge pour ce foyer pourrait-on dire ne va rien changer et au contraire va encore plus figer les choses. Ben oui, le fils ne va pas aimer la belle-mère ! C'est un classique recuit ! le récit écrit il y a un siècle apparait dans une France ou l'on parlait moins des belle-mères qu'aujourd'hui parce que tout simplement ce n'était pas dans l'air du temps, mais aujourd'hui certes c'est courant, mais si on veut se donner la peine de regarder de plus près, c'est loin d'être la panacée, on se donne toujours de bonnes raisons pour penser que tout marche là-dedans comme sur des roulettes, ce n'est que chimère, et en tout cas pas le bonheur !.. Est-ce que quelqu'un peut me dire par exemple ce qu'apporte au récit cet accident de la route causé par un chien qui se retrouve avec une moitié de queue ? Franchement, je n'ai pas envie d'enfoncer le clou plus que ça, ces histoires ne me font pas vibrer, il fallait y penser avant : est-ce que j'ai envie d'épiloguer sur ces belles-mères et sur ces fausses vies qui se terminent mal et où chacun se retrouve à terme à la case départ avec le sentiment du temps perdu, non très peu pour moi ; en aurais-je l'envie que j'ai mille choses à vivre, mille lectures à faire qui me procurent un autre intérêt !

Quand on sait que l'auteur du Bonheur est un russe exilé qui a fui son pays comme tant d'autres à l'arrivée des bolcheviks non sans combattre d'ailleurs, cette nouvelle vie empruntée aux français, écrite en russe et traduite vers le français, je ne la vois pas, ça sonne creux. Oui bien sûr la raison voudrait qu'on s'assimile au pays d'accueil, mais on a lu ça où, dans les revues idéologiques, militantes qui vous expliquent que le bien de l'humanité est le socialisme. Ca se termine toujours par des plaidoyers larmoyants, faussement indignés et fausses vertus outragées, et après il n'y a plus personne, silence dans les rangs .. et ça revient par une lame de fond sournoise, vengeresse, et perfide. Ah ah ! Quelle fumisterie ! de telle sorte que la boucle se referme sur ce désastre annoncé avec plus d'acuité encore !

Et pourtant le père, par dessus le marché, avait les moyens puisque c'était un capitaine d'industrie fort occupé, était-ce à dire par là que le fil du récit se portait sur son fils confronté à une belle-mère au quotidien qui tirait les marrons du feu de pareille farce ? Ben oui, quelle ambiance somâtre !

Peut-être dans un subconscient possible, Gaïto Gazdanov procéde de réminscences d'enfance choyée dans une grande famille pour tenter une greffe littéraire en terre française, mais assurément on est bien loin de la parabole lumineuse ! Mais dans ce cas-là pourquoi n'a-t'il pas évité l'écueil de la transposition malheureuse ? Quant au style, vous pouvez le mitonner autant que vous voulez, si l'édifice ne tient pas la rampe, ça donne un goût d'exercice inutile et vain, voire parfois insipide. Il faut penser à un autre pour le meilleur auteur russe en exil !

Quelques bonheurs d'écriture surviennent à la fin, mais c'est trop tard ! Non, nous n'aurons manifestement pas là un nouveau Scott-Fitzgerald méconnu encencé ici pour des raisons de pur marketing. Pour conclure, je lirai probablement de cet auteur un autre ouvrage, son premier il me semble où il traite de la révolution russe, sans trop savoir ce que j'y trouverai d'ailleurs en qualité d'écriture ? N'est pas écrivain qui veut ! Et puis je crois bien que ce sera la dernier pour moi de Gaïto Gazdanov, fût-il russe issu de bonne famille qui a baigné toute sa jeunesse confronté à la révolution russe bien malgré lui. Voilà en gros ce à quoi je me suis laissé prendre et où une fois de plus j'ai pu mesurer tous les effets néfastes de la déculturation dans l'exil ou comme une photo qui se révèle en labo en la retournant se prêtant implacablement au jeu de la vérité. le coeur a ses raisons ...
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Pépite !
Ce serait comme une immersion dans un film en noir et blanc, au ralenti.
« Le Bonheur », le renom et bien au-delà la fulgurance d'un texte d'une beauté inouïe. Un chef-d'oeuvre de la littérature classique. Un livre pionnier, qui sait, tant son don est inné. Accomplir ce qu'il y a de plus grand en littérature en 54 pages.
Avec une préface éclairante et érudite d'Elena Balzamo. Écrite d'une voix douce à l'instar de Gaïto Gazdanov.
Elena Balzamo dévoile les pans de vie de Gaïto Gazdanov. Il a écrit « Le Bonheur » à 28 ans en France. « Un récit à la fois limpide et énigmatique, est caractéristique de cette période de Gazdanov...Une histoire à la fois tragique et ordinaire… La vie a-t-elle une valeur intrinsèque, vaut-elle la peine d'être vécue – malgré et contre tout ? « Le Bonheur » est dans la vie elle-même et non dans ses manifestations concrètes, une dialectique qui irriguera l'ensemble des écrits gazdanoviens ».
Ce livre vaut son pesant d'or. L'écriture mélancolique, calme, olympienne, est attachante. Son romantisme fait éclore l'histoire. Comme un huis-clos, une scène mouvante qui se passe dans un antre, seul.
Et pourtant, on a l'impression de toucher l'essentialisme. le foisonnement d'une philosophie venue des profondeurs. Deux personnalités majeures gravitent dans ce récit de haute importance. L'enjeu d'apprendre des protagonistes ce qui pourrait être utile à notre élévation.
Henri Dorin, un homme qui a perdu sa première femme, le jour de la naissance d'André, son unique fils.
Il aura de cesse, durant l'enfance d'André de le choyer, de l'élever dans une sérénité quasi théologale.
Henri Morin est posé, calme, intuitif et intelligent. Riche industriel qui se déplace souvent, rentre très tard. Mais il veille sur l'enfant grandissant au fil des pages.
André est un tout jeune homme. Il aime la littérature. Il lit comme un rituel jusqu'à deux heures du matin. Dans cette heure-même où son père fait sonner son réveil et pénètre dans la chambre et lui retire le livre doucement.
« Lorsque le moindre mouvement du petit corps d'André faisait vibrer son propre coeur ».
André est en quête. Il cherche dans les replis de son âme, les réponses au jour, au mouvement de la vie-même. Dans une intensité telle, qu'il pourrait en être bouleversé. Il s'enferme dans sa chambre des heures entières. Ferme à clé cette dernière, lorsqu'il s'en va. Comme si un intrus pouvait dénaturer la moindre parcelle de lumière.
Au quatorze ans de l'enfant, Henri Dorin se remarie avec Madeleine. Une femme superficielle, effacée. Il ne l'aime pas comme sa première femme. Supporte d'elle, ses écarts et son hypocrisie. C'est un homme si altruiste, si maître de lui-même, si hédoniste, qu'il ne voit pas les défauts comme des barrières à son éthique de vie.
Il est dans cette sphère spéculative et magnétique. C'est un homme éperdument réfléchi.
« Dorin ne se posait pas la question de savoir si la vie en tant que telle était un bien ou un mal. Il n'évoquait ce que sujet dans dans ses conversations avec André. Il soutenait que l'existence contenait plus de joie que de peine, parce que lui-même éprouvait de la joie plus souvent que du chagrin ».
le récit est pourtant un mélodrame. Gaïto Gazdanov entraîne ses personnages au paroxysme de leur personnalité, au plus près du secret. André écrit un journal intime. Il observe les insectes. Les rituels d'une nature dont il aime la constance. Il pressent des animaux, les mêmes questionnements que lui-même. Il s'inquiète de leurs faiblesses. Il est protecteur et attentif. Ce jeune homme si froid avec sa belle-mère Madeleine, et pour cause, trouve dans la verdoyance du parc les réponses à ses doutes.
Tous les deux sont dans cette osmose philosophique, intrinsèque. Ils ressentent les émotions différemment. Mais leurs destinées sont gémellaires d'un existentialisme compris. L'un accepte ce qui vient, « Ne peux-tu pas imaginer un homme infiniment sage, qui voit tout et comprend tout – autant qu'un être humain en soit capable – et qui ne verrait en toute chose que du bien ? ».
L'autre est dans la perspective de la vulnérabilité. « Un tel homme n'a jamais existé, papa ».
« Le Bonheur » est un envol de papillons de nuit. D'ombre et de lumière, la merveilleuse trame vaut mille vies. « Le Bonheur » est un viatique. L'oeuvre du bien, tant il ouvre. Intemporel et incontournable.
Traduit à la perfection du russe par Elena Balzamo. Publié par les majeures Éditions Maire Barbier. Au doux prix de 12 €.
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Gaïto Gazdanov : Le Retour du Bouddha
Olivier BARROT, présente le livre "Le retour de Bouddha" (éditions Viviane Hamy) de Gaïto GAZDANOV à bord du bus 47 (à Paris). Une femme montre le livre. Un homme demande à Barrot (qui est maintenant dans le jardin des plantes., s'il a du feu, il lui répond qu'il ne fume pas.
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