Légende est la version longue et remaniée, d'une nouvelle de
David Gemmell "The Siege of Dros Delnoch".
Publié en 1984, c'est également le premier livre de l'auteur.
Ulric, l'unificateur des tribus Nadirs, doit maintenir la cohésion de son immense empire en offrant à son peuple la conquête des plus riches civilisations du monde connu.
À la tête de la plus Grande armée d'invasion jamais levée, forte de plus de cinq cent mille âmes, il marche vers sa gloire, il s'apprête à embrasser le destin de son peuple.
L'Empire Drenai, dernier bastion des anciennes civilisations, est en déclin, son armée régulière ne compte plus que quelques dizaines de milliers d'hommes, et son seul salue réside en Dross Delnoch, la plus grande forteresse jamais construite.
Réputée infranchissable par ses immenses enceintes et ses presque dix mille hommes, elle se dresse inexorablement comme le dernier rempart de l'humanité.
Si Dross Delnoch tombe avant trois mois, aucune force ne pourra plus se dresser devant les ambitions de conquêtes d'Ulric.
Légende, ou le siège de Dross Delnoch, raconte aussi le destin croisé de deux hommes que tout oppose.
Druss la légende, le plus grand héros de tous les temps, est prié de prendre part à la défense de la citadelle, sa seule présence sera la garantie du bon moral des troupes, de leur vaillance au combat, et gage d'espoirs...
Pour ce dernier, l'enjeu est tout autre, une ancienne prophétie lui a prédit là-bas, son dernier combat contre son ennemi éternel, la Mort.
Et puis il y a Regnak, le berserker, qui prendra part à la lutte, non par patriotisme ou par cupidité, mais pour l'amour qu'il voue à la fille du comte de Dross Delnoch après qu'il l'ait sauvé d'une bande d'hors la loi.
Ces deux personnages auront une influence énorme dans les événements à venir et sur la participation d'autres groupes de personnages déterminants :
_Les "trente", Des Moines guerrier dotés de facultés spéciales
_ la Légion, les troupes d'élite de l'armée Drenai
_ un groupe de bandits mené par Flécheur
_ les guerriers Sathuli mené par leur chef Joachim (par amitié et honneur envers Rek)
En construisant son récit autour d'un siège dont l'issue paraît inéluctable,
David Gemmell peut y développer toutes les valeurs fondamentales pour impliquer émotionnellement ses lecteurs : l'héroïsme, la camaraderie, le patriotisme, l'amitié, l'honneur, le sacrifice, l'amour impossible ...
Très certainement inspiré par le style de
Robert E. Howard, le rythme est parfaitement fluide et l'intrigue incroyablement bien rythmée.
Ajoutons à çà un incroyable talent d'écriture et une approche du genre résolument adulte, pour en faire une oeuvre incontestablement mémorable.
Bien que la trame de base ne soit pas si originale que çà dans l'univers de la littérature d'héroic-fantasy, les partis pris de l'auteur le sont en revanche.
Rarement il m'a été donné la chance de lire un livre aussi beau et puissant que peut l'être
Légende.
Ayant commencé le cycle Drenai par
Légende et enchaîné par tous les autres romans dans l'ordre chronologique, mon sentiment reste que
Légende est le roman idéal pour rentrer dans l'univers Drenai de Gemmell, l'auteur il distille toutes les bases de sa mythologie historique qu'il développera par la suite.
Contrairement aux autres romans,
Légende y perdrait en puissance évocatrice s'il était découvert après La
légende de marche mort car dans sa forme narrative, il n'a pas été véritablement conçu pour être la conclusion d'un cycle sur Druss.
Dans
Légende, la découverte progressive du passé du héros donne une consonance et une ambiance particulière au récit et au personnage.
La connaissance des précédents volumes gâcherai sans aucun doute la pertinence du récit ainsi que son impacte émotionnelle.
Je préconise donc de lire le mini-cycle sur Druss en commençant par
légende, puis
Druss la légende et enfin la
légende de marche mort.
Par ailleurs
Légende est beaucoup plus qu'il n'y paraît.
Je m'explique c'est bien sûr un grand livre d'héroic-fantasy avec une belle dimension épique mais il y a aussi ces messages sous-jacents que l'auteur y développe.
J'entend par là, "against the horde" dont
Légende en est l'aboutissement, a été écrit alors que
David Gemmell traversait une période compliquée dans sa vie. En 1976, on lui diagnostique un cancer et il est persuadé que ses jours sont comptés.
L'écriture de cette nouvelle lui permet autant de réaliser son rêve (écrire un roman) que d'extérioriser ses états d'âme.
Légende est en quelque sorte un roman autobiographique métaphorique où l'on retrouve cette double lecture troublante.
Les nadirs symbolisent la maladie, ce cancer qui le ronge, une force contre laquelle il ne peut que lutter afin de retarder une échéance qui lui semble inéluctable.
Et puis il y a les différents murs de Dross Delnoch qui portent chacun le nom d'un état d'esprit, en quelque sorte les différentes étapes psychologiques que traverse un malade dans la gestion et l'acceptation de la maladie.
Enfin il y a les différents personnages qui interviennent dans le récit qui a n'en pas douter sortent tout droit de l'environnement relationnel de
David Gemmell à ce moment de la vie de l'auteur.
Légende a été finalisé alors que Gemmell se savait guéri, il en ressort un message plus optimiste que son oeuvre d'origine, et d'une certaine manière on retrouve un peu de Gemmell dans tous les soldats qui côtoient Druss dans la défense de dross delnoch.
Souvent on associe Druss à
David Gemmell, je pense qu'au contraire, tout comme les soldats qui voit ce héros comme une force indéfectible et un modèle, DG nous montre qu'en chacun de nous il existe une force héroïque.
Bien qu'il existe un modèle caricatural de L'héroïsme, sa vraie signification réside dans le sens que l'on donne à sa vie et dans l'abnégation que l'on met à se battre pour ce que l'on estime juste quitte à tout sacrifier.
Finalement le vrai héroïsme selon Gemmell c'est peut la capacité de tout homme à surmonter ses peurs pour affronter avec noblesse la vie. Druss n'est pas le héros au sens Gemmellien, car dans le roman ce personnage connait son issue et n'a plus rien à perdre (quelque part il se bat pour la gloire aussi), mais plutôt tous ces héros qui combattent à ses cotés et qui sont prêt à sacrifier leur existence pour les autres sans en tirer le moindre bénéfice personnel.
Il est rare qu'un auteur entre à la postérité dès son premier roman, çà a été le cas pour
David Gemmell, ses romans suivants ne feront que grandir son aura, en somme le faire briller un peu plus dans la constellation des maîtres du genre.
Lien :
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