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Monumental !

Oui, monumental par la taille du livre... qui en fait en regroupe 3...
... et monumental car le récit de ces quelques 8 mois de guerre vous frappe en pleine figure.

Via la lecture de "Les Croix de Bois", "A l'Ouest rien de nouveau", de nos manuels d'Histoire, le visionnage d'émissions plus ou moins colorisées, on croit avoir saisi l'horreur de la "Grande" Guerre... mais non... le récit de Maurice Genevoix, comme filmé à hauteur d'épaule de poilu, nous plonge dans la stupidité et l'absurdité de ce conflit qui a saigné à blanc tout un continent pour des motifs futiles.

Ici pas de grands élans patriotiques, juste le quotidien d'une compagnie du 106ème RI, entre camaraderie teintée d'ennui et de boue jaune (!) , et de brefs accès de violence et de destruction, durant lesquels, en quelques heures, de nombreux protagonistes des pages précédentes disparaissent brutalement.

A l'heure d'Internet, de la 4G, où tout le monde peut s'informer sur tout et souvent rien, le lecteur se retrouve ici confronté à une réalité pas si ancienne, dans laquelle les acteurs n'ont pas la "grande image" du théâtre d'opérations, et ne savent plus pourquoi (hors la plus proche crête) et dans quel cadre ils se battent, ni quel sens ont les ordres qu'ils reçoivent... stupide et absurde boucherie, je vous le disais.

Un livre bouleversant et tellement grand... comme tous ces soldats sous pseudonyme à qui il rend un magnifique hommage.

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Il ne peut s'agir ici de critiquer un des témoignages les plus marquants sur 14-18 mais de dire que ce cycle qui nous raconte les neuf mois de guerre du lieutenant Genevoix est des plus bouleversants qui soient.
Nulle considération historique ou stratégique mais la guerre au raz du sol menée par des hommes partis confiants et qui s'enfoncent dans l'horreur.
De sèche et nerveuse au début la phrase de Genevoix devient ample, souple et poétique au fil des volumes, le jeune normalien devient homme et l'écrivain s'accomplit.
Le récit est clinique, les pires images sont décrites mais assez froidement car c'est la survie mentale qui est en jeu, l'ami de hier est le cadavre déchiqueté d'aujourd'hui, il faut donc se départir le plus possible des sentiments.
Les longs moments passés à l'arrière du front permettent de retisser les liens déchirés par la mort, l'homme seul ne peut survivre, la camaraderie est le bien suprême. Ces soldats ne se battent pas par patriotisme ni héroïsme mais parce que bien se battre, être efficace, est encore le meilleur moyen de survivre. Genevoix ne désespère pas de l'humanité : le boche est l'ennemi haï par tous, mais quand il prend la forme d'un prisonnier apeuré, il redevient le semblable accueuilli et soigné sans ressentiment. Une grave blessure le mettra à l'écart de la guerre mais aussi de ses frères d'armes qui le regardent partir avec une indifférence qui lui brise le coeur mais dont il comprend l'effet protecteur. Avec Ceux de 14 il rendra hommage à ceux avec qui il n'est pas mort.
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Un texte magnifiquement écrit et très fort. On lit toute l'horreur de la guerre dans ce récit qui marquera à jamais Genevoix. Pas d pathos , juste des descriptions précises sur les choses et ses impressions. Un chef d'oeuvre qui nous rappelle comme notre vie est facile et confortable ....à lire , l'hiver , au coin de la cheminée car coup au moral assuré
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Comment rendre compte de la grandeur de ce récit sans sombrer dans la grandiloquence ?
Justement ce qui fait que ce récit est poignant c'est la sobriété dont fait preuve l'auteur à chaque page. Qu'il nous décrive des situations cocasses, attendrissantes ou terriblement meurtrières et désespérantes, c'est toujours avec une prose tellement limpide que leur description semble à la portée du premier venu; Mais sous cette apparente facilité à raconter se cache une parfaite maîtrise à nous faire partager le quotidien de ces hommes que la guerre va bousculer jusqu'à la déraison.
Si, dans les premiers livres, nous parvenons à garder la tête froide du lecteur qui, grâce à la distance spatiale et temporelle (cent ans, c'est loin, bien loin de nous et de notre foyer douillet, n'est-ce pas ?), se permet de relever tel passage marquant. Quand arrive la boue qui ensevelit tout, nous commençons à être submergés nous aussi. Et que dire du fléau des bombes qui tuent implacablement, industriellement ? Comme pour l'auteur et tous ses camarades, la nausée nous gagne et ne nous lâche plus jusqu'à la fin, jusqu'à ce que les trois balles qui frappent l'auteur nous délivrent enfin de ce charnier sans fin. C'aurait pu être la mort qui mette un terme à ce déluge de feu et de sang, mais, alors, nous n'aurions pas eu le "loisir" de lire la prose d'un grand écrivain profondément humain.
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8 mois de front du sous-lieutenant Genevoix : c'est beau, terrible, d'une lecture envoûtante. Difficile de sortir des ces 850 pages tout à fait indemne où le temps, l'âge n'existent plus. Plongé dans ces lignes le lecteur sent les odeurs, touche la boue, entend les balles claquer et les obus siffler. Mais rêve également en observant les oiseaux, les matins brumeux, le soleil sur les champs, le coeur chaviré par tant d'amour pour les hommes au milieu de la boucherie la plus innommable.

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Pour comprendre, "toucher vraiment du doigt" ce que fut la Grande Guerre, l'ouvrage incontournable. Il faut savoir aussi que chacun des personnages a vraiment existé. La langue magnifique de Genevoix leur a accordé l'immortalité!
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Un des meilleurs livres sur la guerre de 14...........
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Comme tout a été magnifiquement dit par d'autres Babelnautes, je n'ajouterai que quelques sentiments personnels sur ce qui m'a marqué.
D'abord le style: on est bien dans du Genevoix, il use parfois du lyrisme que l'on retrouve dans d'autres livres, surtout pendant les rares moments de rémission entre deux combats; comme s'il appréciait chaque atome de la vie, sachant que dans les heures suivantes il connaîtrai probablement la mort.
Ensuite, le nombre des camarades de l'auteur tombés sous le feu. Impressionnant ! A la fin de l'ouvrage, il doit en rester un ou deux.
Enfin, j'ai été frappé par la rapidité avec laquelle l'homme découvre puis s'habitue à la guerre. Il ne s'écoule que quelques mois entre le début du récit (la mobilisation) et la fin. Mais déjà au bout de quelques jours, avec les premiers morts, on sent une certaine habitude, presque un détachement face à la mort, si présente.
Pour conclure, ce livre fait écho dans nos mémoires familiales où nous avons tous entendu parler des récits de l'arrière-grand-père « qui racontait que ». Et Genevoix en arrive d'ailleurs à la même conclusion que nos grands-mères : pourquoi ?
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Ceux de 14 se concentre sur les neuf premiers mois du conflit.
Gardant la forme originale du journal de bord, le sous-lieutenant Genevoix raconte jour après jour sa vie sur le front des Eparges, près de Verdun. Dit ainsi, ça peut paraître fastidieux et effectivement au départ on se demande où tout cela va nous mener, d'autant que l'on sait que cette guerre va durer quatre ans - ce qu'ignorait évidemment l'écrivain au moment où il témoigne. Les journées d'attente se succèdent, interrompues par des combats ultra-violents lorsque l'ordre de se battre parvient enfin, délivrant les hommes de leur engourdissement. Pourtant j'ai lu les quatre tomes sans m'arrêter, happée par la force du récit.

Au fur et à mesure des attaques et contre-attaques, des relèves et des étapes, imperceptiblement, on sent le changement d'état d'esprit. le cycle répétitif, la guerre qui s'installe dans les tranchées, les morts et blessés par centaines: la confiance en la victoire et l'enthousiasme s'effacent pour laisser place à un abattement progressif. On ne peut plus parler de vie au milieu de cette boucherie, mais plutôt de survie focalisée sur le froid, la faim, le sommeil qui semblent anesthésier par moment l'horreur. Et dans cette apocalypse, Genevoix sait transcrire la solidarité humaine et la beauté de la nature quand la pluie leur offre un peu de répit. C'est un livre magnifique sur l'absurdité de la guerre et la fraternité, le contraste saisissant entre s'entretuer et s'entraider. L'écriture de Genevoix transcende cette aberration et sa capacité à s'émerveiller nous rappelle sans arrêt que ces jeunes hommes n'avaient pour la plupart même pas vingt ans.
Lien : HTTPS://yaourtlivres.canalbl..
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La panthéonisation de Maurice Genevoix (1890-1980) le 11 novembre 2020 était un bon prétexte pour relire Ceux de 14, un gros ouvrage de près de 800 pages qui réunit des textes parus primitivement en cinq volumes, entre 1916 et 1923.

En août 1914 Maurice Genevoix a 24 ans. Il est sous-lieutenant et prend le commandement d'une compagnie très rapidement engagée au front. Il se bat jusqu'en avril 1915, date à laquelle il est grièvement blessé puis réformé. le récit se présente comme un journal de guerre avec d'abord des entrées quotidiennes puis hebdomadaires.

L'auteur y apparaît comme un officier soucieux de ses hommes, sans doute aimé par eux, et très paternaliste. Quand il dit, par exemple, de son ordonnance Pannechon : "il me regarde de ses bons yeux dévoués", j'ai l'impression qu'il décrit un chien. Cela va avec la conviction que le caractère d'une personne se lit sur son visage. Ses soldats sont des hommes du peuple, francs, simples, pleins de bon sens et cela saute aux yeux.Un des rares qui lui déplaît c'est Durozier "pacifiste au sirop de groseille, barbu comme une réclame de sève capillaire, douceâtre, poli, dangereux". C'est en fait un lâche et il trouve peu d'écho auprès de ses camarades mis à part Douce, "un gnome louche, une espèce de garçon de café bookmaker". de même les Allemands, les Boches, sont systématiquement traités de façon dépréciative. Gros et roses ils sont régulièrement comparés à des cochons, ils puent et abattent les Français avec une "joie sauvage". L'auteur rapporte comment il a lui-même tué des soldats allemands mais c'était alors un réflexe, "il s'agissait de tuer ou d'être tué". Les moments sont rares où il montre qu'il a conscience que les Allemands connaissent les mêmes souffrances que les Français.

En dehors de ces aspects qui m'ont déplus j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Maurice Genevoix écrit excellemment. Il est attentif au moindre détail et restitue très bien toutes ses sensations. Il y a de fort belles descriptions de paysages. L'auteur apparaît comme un jeune homme résilient qui s'efforce de profiter des bonnes choses chaque fois que possible et est capable de voir la moindre parcelle de beauté, même au coeur de l'horreur. Et de l'horreur, il y en a. Il me semble que tout est dit de la fatigue, du froid, de la boue, des corps déchiquetés par les obus. Il y a des détails qui sentent le vécu : "Des cartouches terreuses, des fusils dont le mécanisme englué ne fonctionnait plus : les hommes pissaient dedans pour les rendre utilisables". Je découvre en plus la nuit : les déplacements et relèves se font de nuit. Départ à trois heures du matin, longue marche dans le noir. Quand on quitte la route chaque soldat tient un pan de la capote du précédent pour se guider. le moment le plus terrible c'est cinq jours d'une offensive très meurtrière, du 17 au 21 février 1915, aux Eparges. La compagnie de Maurice Genevoix comptait 220 hommes avant la bataille, seuls 80 sont rentrés vivants. C'est là qu'est mort Porchon. Robert Porchon était le meilleur ami de guerre de Maurice Genevoix. Pendant six mois ils ont quasiment tout partagé : lit, gamelle, conception de la vie et sens de l'honneur. Robert Porchon a été tué le 20 février 1915. Il avait 21 ans.

Sur la longueur de l'ouvrage on voit évoluer l'idée que l'auteur se faisait de la guerre. Attention, jamais il ne remet en question le bien fondé du conflit dont il fait porter toute la responsabilité à l'Allemagne. Il est très patriote et, puisque son pays est agressé, il fait son devoir sans sourciller. J'ai dit précédemment ce qu'il pensait des pacifistes. Cependant, témoin des conséquences désastreuses d'ordres donnés sans tenir compte du terrain, il lui arrive de critiquer le commandement supérieur :

"Toujours le même dogmatisme raide, la même fate confiance en soi, le même refus de se soumettre aux faits".

"J'ai vu trop de choses dégoûtantes pour être dupe encore des mots. Pourquoi nous battons-nous maintenant et de cette façon ? Pour défendre quoi ? Gagner quoi ? Ces "gens-là" se leurrent volontairement, j'en suis sûr ! Il ne peut pas en être autrement".

Quant à moi je vois bien toute l'absurdité et l'inanité de ce grand massacre que fut la Première Guerre Mondiale. La grande tristesse enfin de tous ces jeunes gens sacrifiés : "On vous a tués et c'est le plus grand des crimes. Vous avez donné votre vie, et vous êtes les plus malheureux. Je ne sais que cela, les gestes que nous avons fait, notre souffrance et notre gaieté, les mots que nous disions, les visages que nous avions parmi les autres visages, et votre mort.

(...) Combien de vos gestes passés aurais-je perdus, chaque demain, et de vos paroles vivantes, et de tout ce qui était vous ? Il ne me reste plus que moi et l'image de vous que vous m'avez donnée.

Presque rien : trois sourires sur une toute petite photo, un vivant entre deux morts, la main posée sur leur épaule. Ils clignent des yeux, tous les trois, à cause du soleil printanier. Mais du soleil, sur la petite photo grise, que reste-t-il ?"
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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