Beau livre à la couverture souple sur l'oeuvre de Paul Ranson. On découvre le Nabis plus japonard que le japonard mais surtout son imaginaire emprunt de légendes et de sorcelleries. Il a une univers propres et fantastique et nous invite à le rejoindre. Je serais très curieuse de voir ses oeuvres en vrai et non par les reproductions dans un livre. Il a aiguisé ma curiosité. néanmoins je l'ai trouvé pas assez approfondi sur la vie du peintre. j'aurais aimé en apprendre plus. je reste un peu sur ma faim.
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Pour Paul Ranson, le trait, créateur illuminé de l'instant, révélateur révélé, autonome, sujet et hors sujet, irradiant dans les marges de la narration, inconscient de lui même, toujours prêt à sombrer dans un ratalage annoncé, trait chargé d'énergie noire comme un fil conducteur tendu sous les pas d'un équilibriste désespéré, ne se donne à lui que quand il n'invoque rien, quand le sublime présent malgré lui fait de la beauté et du mystère du monde des passagers clandestins.
Les personnages vont alors se raréfier dans la peinture de Ranson, les faunes et faunesses se substituant aux femmes, pour disparaitre totalement à partir de 1905, remplacés par les racines et les troncs moussus de la foret d'Ecouve, comme si seule la nature méritait aux yeux de l'artiste d’être représentée sous des aspects par ailleurs très proches de la peinture de ses débuts.
Le dessin, la peinture, Paul Ranson s'en sert pour tenter de nommer le monde, pour en diluer la violence, pour, en en convoquant son étrangeté, la mettre à distance, la rendre supportable. les monstres, multiples figures de l'angoisse, une fois nommés cristallisent l'angoisse elle même, ils la fixent, la désignent, la circonscrivent, la moquent parfois.
La peinture de Ranson n'est toutefois pas suspendu mais ralenti, ou plutôt semble trouver sa pulsion des temps anciens, sa marche lente et circulaire. Au moment ou l'accélération de la mécanisation précipite la vitesse du temps, Ranson renoue avec la lenteur contemplative, tente d'inscrire le spectateur dans le temps de son imagination, de sa rêverie.
le rapport entre la vie intime de l'artiste et les images qu'il produit est de ce point de vue l'inverse de celui que nous découvrons par exemple chez Vuillard. En définitive, l'objectivation du sexuel est une manière pour lui d'aller vers des figurations encore plus surréalistes, au sens premier du terme.