En Chine, beaucoup de jeunes renoncent au mariage en raison des critères nécessaires pour y prétendre. La pression familiale est pourtant toujours très forte.
Dans ce troisième épisode, Julie Gacon reçoit :
- Jean-Baptiste Pettier, professeur d'anthropologie de l'Asie orientale à l'université Friedrich Alexander d'Erlangen Nuremberg
- Catherine Capdeville-Zeng, anthropologue et sinologue, professeur au département d'études chinoises de l'Institut national des langues et civilisations orientales
- Agnès Giard, anthropologue, chercheuse rattachée à l'Université de Paris Nanterre, spécialiste du Japon
"Un monde en quête d'amours", c'est une série en 4 épisodes du podcast Cultures Monde consacrée aux amours contrariées à travers le monde, qu'il s'agisse du conservatisme politique ou religieux, de contraintes économiques ou de fossés culturels.
Pour en savoir plus : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/cultures-monde/chine-japon-l-amour-hors-de-prix-5166142
#mariage #asie #podcast
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Agnès Giard/5
9 notes
Qu'il s'agisse de désigner « l'amour yeux dans les yeux », avec les pupilles miroitantes d'étoiles, ou l'éthique des hôtesses qui travaillent dans les clubs, les Japonais ont toujours un mot. Chaque pratique – aussi pointue soitelle – possède son nom, comme dans les arts martiaux.Les geishas se faisaient une réputation en lançant à la mode de nouvelles façons de servir à boire. Les ... >Voir plus
Résumé :
Qu'il s'agisse de désigner « l'amour yeux dans les yeux », avec les pupilles miroitantes d'étoiles, ou l'éthique des hôtesses qui travaillent dans les clubs, les Japonais ont toujours un mot. Chaque pratique – aussi pointue soitelle – possède son nom, comme dans les arts martiaux.Les geishas se faisaient une réputation en lançant à la mode de nouvelles façons de servir à boire. Les ... >Voir plus
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Citations et extraits (4)
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Les Japonais répètent souvent : "Il y a des choses qui ne disent pas. Il faut lire entre les lignes." Partant du principe qu'il est préférable de se taire quand une situation devient conflictuelle ou douloureuses, les couples préfèrent se protéger derrière un mur de silence. La tradition conjugale veut que l'on préserve à la fois son image, sa fierté et son conjoint en maintenant le flou sur tous les sujets épineux. Dans le cadre professionnel, il est également mal vu d'aborder les problèmes de front... L'ura (qui désigne ce qui est caché, ce qui se trouve derrière) est un art de la paix, basé sur la logique de l'évitement : il vaut mieux résoudre un problème en le passant volontairement sous silence plutôt qu'en le montrant du doigt. Chacun s'épargne ainsi l'embarras d'une dispute ou d'une humiliation... Synonyme d'accord tacite, le mot ura englobe tous les non-dits de la société japonaise. Uravideo, par exemple, désigne les vidéos interdites, c'est-à-dire non censurées, vendues "derrière" le comptoir. Urafuzoku, de la même manière, désigne les commerces du sexe hors la loi qui offrent, en toute illégalité, les services de prostituées. Personne n'en parle ouvertement en public. Mais tout le monde connaît leur existence.
Il n'y a pas de mort au Japon. Il n'y a qu'un grand tourbillon où la matière se transforme sans cesse, ce qui explique pourquoi la peinture japonaise abonde en paysages marqués par la présence des ponts : ce sont les ponts de la sagesse, qui séparent une rive de l'autre, symboles de la mort qui n'est qu'un passage. Ces ponts placés aux pieds des montagnes désignent la direction à prendre : là-haut, à la lisière de ce nirvana rêvé qu'est l'oubli du moi, perdu dans la brume qui efface tout, se trouve un petit village. C'est le village des élus, que le voyageur est invité à rejoindre : ses habitants appartiennent déjà à une autre réalité, à moitié dissoute dans le grand blanc indifférencié des nuages et du flou. Et il existe une attirance presque viscérale pour ces univers de songe...
Partant du principe que les promesses ne sont que du vent, il arrive parfois aux Japonais de les comparer à des pets. dans le Manuel de l'oreiller pour posséder les femmes, édité au XVIII° siècle, deux amants échangent certains vœux alors qu'ils sont engagés dans d'acrobatiques étreintes. La femme, empalée sur un bel engin, demande : "Tu veux m'épouser ?" Elle pense peut-être parvenir à ses fins en faisant sa requête au plus fort des ébats. L'homme, sur le point de jouir, lui répond : "Oui, bien sûr". "Les deux lignes où il jure de ne jamais la quitter sont curieusement placées juste au-dessus de ses fesses, remarque le traducteur, Jean Cholley, alors qu'il y a largement de la place ailleurs dans le dessin. L'intention est peut-être de rappeler au lecteur l'expression japonaise d'Edo : he gurai no yakusoku ("promesse du temps d'un pet"). "Ces promesses vite dites, vite oubliées, n'ont vraiment pas beaucoup de valeur... Il semblerait que cela soit une constante dans cette culture si sensible à l'évanescence".
Invisible, impalpable, l'odeur partage avec le mystère féminin un fort pouvoir de séduction. Pour décrire une atmosphère érotique, on dit iroka : "parfum d'érotisme". A l'époque Heian, les amants se sentent avant de se voir. L'espace à l'intérieur des maisons japonaises est coupé par des cloisons qui arrêtent le regard mais laissent passer les sons et les parfums. Cela explique le soin particulier qu'hommes et femmes apportent à "encenser" leurs kimonos : jusqu'au XX° siècle, il est courant de placer les vêtements au-dessus d'une chaufferette pour les imbiber de la fumée de parfums à brûler. Les dames de la cour se parfument les cheveux de même. Un homme de qualité se reconnaît aux parfums qu'il sait composer à partir de bois et d'aromates. On attache aux parfums une importance si extraordinaire que des joutes olfactives (ko-awase) sont organisées à le Cour impériale.
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