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sur 831 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Édité en 1929 chez Bernard Grasset et publié en 1965 dans la collection Livre de Poche, « Colline » est un livre assez court (190 pages) de Jean Giono, livre écrit en souvenir de son père.

Le décor ? Les Bastides Blanches, quatre maisons à un jet de pierre de la montagne de Lure. Douze personnes y vivent, à savoir deux ménages avec femmes et enfants, et puis aussi Gagou, « un simple » qui vit de peu et loge dans une cabane faite de bidons en fer-blanc qu'il écrase. Les Bastides Blanches, autrefois, c'était un bourg, quand les seigneurs d'Aix aimaient à respirer le rude air des collines. La ville est loin, les chemins sont secs et durs et, du bourg, où les belles maisons se sont effondrées, il ne reste que ces quatre bâtisses où le facteur ne monte guère plus qu'une fois par mois et où souffle le vent. Gondran, large, haut et rouge, un colosse, habite l'une d'entre elles avec « Gritte » (Marguerite), sa femme, la fille de Janet. Dehors se mêlent les parfums des chèvrefeuilles, des genêts, des genévriers, du thym, des oliviers et de la lavande. le vent porte le chant des perdreaux. A midi, la chaleur est écrasante et « l'air, plein de mouches, grince comme un fruit qu'on coupe » : c'est l'heure de la sieste. Mais la terre est là, bien vivante qui fait ce qu'elle veut et vit son petit train-train. « Gisant, végétale et parfumée, elle est faite d'une chair et d'un sang que les hommes ne connaissent pas ; elle vit, tressaille et grommèle comme un vieux ».

L'histoire ? Âgé de plus de quatre-vingt ans, Janet vient d'avoir une attaque. Vincent, le docteur, se rend sur place et ne pronostique rien de bon. Mais Janet est un dur à cuire, de ceux qui dinent d'une soupe de fèves, quand il y en a, ou d'un oignon cru trempé dans du sel. Il a des hallucinations : la colline lui semble « couchée comme un boeuf dans les herbes », avec son dos, visible depuis la fenêtre. Janet parle sans discontinuer. Raide et noir, il fait peur aux habitants des Bastides. le sort de Janet leur fait chavirer le coeur d'inquiétude, de mystère et de peur. Pour conjurer le mauvais sort, il partent en expédition dans les collines, le fusil en bandoulière, prêts à tirer. le mauvais sort prend souvent l'apparence d'un chat noir. Ils rentrent bredouilles. Un jour, la fontaine des Bastides ne coule plus. L'eau venant à manquer, ils boivent du vin. Mais la soif est toujours là, les heures étant alors « faites d'un grand rêve où dansent des eaux d'argent ». Un jour, en fin de soirée, ils voient Gagou qui rentre avec les bas de pantalons mouillés, alors ils décident de faire le guet et de le suivre afin de savoir où il va chercher de l'eau. L'eau tant désirée provient du bassin d'une fontaine située au coeur d'un hameau situé à proximité mais abandonné il y a quelques décennies, car touché par le choléra. La soif est trop forte : demain, ils reviendront avec des bidons. Bizarrement, Marie, une des enfants, est par la suite atteinte d'une forte fièvre. Plus bizarrement, Gagou aurait été vu nuitamment en train de chevaucher Ulalie, une des femmes des Bastides. Et encore très bizarrement, le feu vient à se déclarer dans les hameaux alentour. Coïncidences ? Les hommes décident de s'unir, de faire front, de se comporter dorénavant en bons chrétiens afin de faire fuir le Mal. En pleine fournaise, « émerveillé, tremblant de joie, Gagou s'approche du feu, tend la main, et malgré l'étau qui broie ses pieds, entre dans le pays des mille candélabres d'or ». Un chat noir dort sur la couverture du lit où gît Janet, agonisant. Encore des coïncidences ? Non, les habitants des Bastides sont en lutte contre le corps de la colline, et il leur faut en écraser la tête ! Tout finira par rentrer dans l'ordre mais les belles promesses des hommes seront oubliées. Ainsi va la vie ...

Mon analyse ? Il s'agit d'un huit-clos à la psychologie finement suggérée mettant en scène des caractères typés sur fond de nature superbement décrite. Cette histoire nous est contée par un maître en la matière. le vocabulaire est particulièrement riche, le suspense est réel et les coups de théâtre ne manquent pas. S'y ajoutent un subtil mélange entre magie et réalité, un petit côté panthéiste, des expressions rapportées dans un patois délicieusement suranné, une esquisse de morale relative au sens de la vie, au respect de l'autre et à la valeur de l'effort. le lecteur notera la place réservée à la femme en milieu agricole défavorisé. La poésie du texte ne laissera personne indifférent. Je mets cinq étoiles et je recommande.
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Un roman qui nous parle de la terre, des hommes, de cette Provence antique, riche et séduisante, rude et sauvage, disparue! C'est la description d'une humanité simple, confronté à la souffrance à la rudesse d'une vie sans complaisance, entremêlée de joies simples et qui seraient jugées aujourd'hui puériles! Tout un monde qui n'existe plus mais dont les mots justes de Giono nous laissent la nostalgie...
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J'ais adoré la premiere page
et j'adore ce livre, je ne sais meme pas pourquoi.
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Un coup de foudre, presque litéralement, tellement l'omniprésence de la Nature provençale se fait dominatrice et dominante dans ce recueil aux pulsations poétiques. Un parallel dieect avec les contes et légendes ppulaires de Provence est immédiat.
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"En faisant Colline, j'ai voulu faire un roman, et je n'ai pas fait un roman: j'ai fait un poème !". Voilà ce que déclarait Jean giono en parlant de son roman « Colline », le premier ouvrage de la trilogie dite de Pan. Un ouvrage publié en 1929 et qui se verra très vite accompagné par « Un de baumugnes » en 1929 également et « Regain » en 1930, dans la description de sa chère Provence.

« Colline », c'est l'eau ; ou tout au moins l'eau quand elle vient à manquer, un thème que l'on retrouvera également chez Pagnol
C'est l'été au hameau des Bastides Blanches et Janet, l'alcoolique de service vient d'être frappé de paralysie… de l'avis général, il perd la tête… mais malgré tout ses étranges visions ne manquent pas d'inquiéter la population du hameau, et particulièrement quand la fontaine du village se trouve sèche ; des petites catastrophes ne tardent pas à apparaître, qui seront toutes inscrites au passif de Janet.
Un incendie se déclare sur la colline. Il faudra que le village retrouve sa cohésion pour en venir à bout. Beaucoup penseront qu'il faut tuer Janet. Il ne leur en laissera pas le temps…

« Colline », un petit roman où Giono se montre comme un fabuleux conteur de la Nature et des relations qu'elle entretient avec les paysans et leurs superstitions. La force de l'observation de l'auteur, renforcée par un art sans pareil du détail et du mot juste font de ce texte une ode à la nature… une ode à la vie…
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Ce premier roman de Giono est ma première rencontre avec l'auteur. Une lecture délicieusement poétique qui fait de la nature un personnage central aux multiples facettes. Dans ce coin de Provence où l'ordre semblait établi, lorsque le souci de la terre propage la peur, les quelques âmes du hameau vont devoir faire face. Un drame qui révèle bien avant l'heure (1929 !) la nécessité du respect de la nature.
Une écriture qui réclame concentration et intérêt pour en apprécier la richesse.
Lien : http://bibliobleu.blogspot.f..
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"En faisant Colline,j'ai voulu faire un roman et je n'ai pas fait un roman, j'ai fait un poème"
Voilà les mots exprimés par Jean Giono à propos du premier opus de sa trilogie de Pan (Baumurge et Regain étant les deux autres).
Un poème, oui, le pays de Giono, évoqué avec lyrisme,celui de la terre et du soleil et du mistral et des arbres et du ciel, un pays appelé Nature où l'on pénètre attiré par le surplus de fontaine qui chante entre deux sources, tout en essayant d'éviter la sauvagine, cette sournoise couleuvre qui émerge de la touffe d'aspic car "Colline" faite de chair et de sang est sensible, parfois clémente et tendre comme une sève de printemps, parfois violente à l'image de ce Dieu Pan aux sabots de bouc qui joue d'une flute enchanteresse.
Alors lorsque le mal sourd puis se déchaine dans ce débris de hameau nommé les Bastides Blanches, que Janet le beau père de Gondran déparle, que Marie la petite tombe malade, que le chat noir passe et repasse,que l'incendie se déclare, ils ont peur, c'est la faute à cette colline vivante méchante et cruelle qui se révolte car ils lui prennent tout.Les superstitions les taraudent tous.Les serpents que Janet l'alcoolique mourant voit sortir de ses doigts sont l'expiation des crimes commis contre la Terre,le calendrier des postes qu'il fixe sont autant de maléfices à éliminer,la sécheresse et le feu sont la foudre de Zeus. La solidarité naitra de ces attaques imaginaires et "l'aube aux mains molles qui jongle avec les pigeons", "le fleuve du vent" , "les flocons de bruit d'eau dans les chemins" renaitront aussi...pour que la joie demeure!
Sur fond de tragédie une langue unique imagée et bourrue d'un immortel qui tour à tour sourd,bat,saigne ou brule et nous touche de son élan vital.
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Cela étonnera certains mais, pour l'amateur de fantastique, le rapport est patant entre la "Colline" de Giono et "Le Grand Dieu Pan" de Machen ou encore "Io" d'Oliver Onions. Car "Colline", roman par ailleurs très bref, conte avant tout l'histoire de la peur ancestrale que la Terre engendre chez l'Homme lorsqu'elle se met en colère. La Grande Déesse paraît alors éclater en une multitude d'entités hostiles et sournoises, toutes bien décidées à en découdre avec ces mortels qui osent les défier ou, sans aller jusque là, s'imaginer qu'ils les ont, tout bonnement, domestiquées.

L'intrigue se situe aux Bastides, un tout petit village proche de Manosque, dans une campagne provençale dévorée de soleil et d'aridité, où l'eau est elle-même si précieuse que, pour parler d'un dieu aussi impalpable que le vent, l'auteur a recours à une métaphore qui le compare à un fleuve.

Tout allait bien aux Bastides : le soleil y dardait, l'eau de la fontaine jadis découverte sur les indications du vieux Janet qui "avait le don pour ça", y chantait et le blé venait doucement. Et puis, après que Janet justement ait été retrouvé tout raide, pris d'une attaque dans les champs, les choses ont mal tourné.

Tout d'abord, c'est le silence qui s'abat sur ce paysage dévoré de soleil. Un silence qui donne l'impression que la terre épie ceux qui la cultivent - un silence qui attend. Mais quoi ?

Le brutal arrêt du chant de la fontaine peut-être qui, du jour au lendemain, va jeter le désarroi parmi les habitants du village. Certes, on finira par retrouver de l'eau mais bien plus haut, dans un vieux village abandonné et, du coup, les Bastidois se verront obligés de se relayer pour monter y chercher des jarres.

Alors survient le feu, l'un de ces incendies terribles du Midi qui fonce droit sur les Bastides ...

A partir de trois fois rien, en se fondant sur son seul instinct poétique, sur sa foi païenne en des forces qui nous dépassent, Giono donne à son lecteur deux niveaux de lecture possibles :

1) ou bien Jaume, qui finit par rendre Janet responsable de ce qui arrive, a raison et c'est bien la volonté du vieillard aigri qui, puisant ses forces dans sa grande connaissance de la Terre et de tout ce qui s'y rattache, en mal comme en bien, manque de mener les Bastides à leur perte ;

2) ou bien ce ne sont là que superstitions de paysan inculte, doublées de la rancune que le vieillard a éveillé dans l'âme de Jaume en lui rappelant le suicide de sa femme et en lui laissant entendre que sa fille, Ulalie, couchait avec l'idiot du village, Gagou.

Quoi qu'il en soit, l'angoisse monte lentement et, si l'on n'était pas en train de lire Giono, on pourrait se croire parfois au coeur d'un pur récit fantastique. ;o)
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