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Gennie Luccioni (Traducteur)
EAN : 9782020974929
352 pages
Seuil (03/01/2008)
4.06/5   104 notes
Résumé :
« Derrière le petit monde de Don Camillo, disait Guareschi, il y a ma maison, Parme, la plaine émilienne, le long du Pô, où la passion politique s'exaspère, mais où le peuple pourtant demeure séduisant, généreux, hospitalier et plein d'humour. »
Ces simples personnages du terroir italien, sortis du coeur de Guareschi, allaient très vite acquérir une dimension universelle. Les démêlés de Don Camillo, le curé non-conformiste, et de Peppone, le maire communiste,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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J'aime toujours les films de Duvivier. Fernandel savait bien jouer, et les jeux de lumière révélaient un sens artistique profond. Et surtout, sa matière était incroyablement riche. Il y a un grand talent chez Guareschi. En quelques paragraphes, il plante ce petit village au bord du Pô, ses maisons serrées autour de l'église et de la mairie, la richesse de la terre et la misère de ses habitants, ses luttes de clochers et ses histoires d'amours…

C'est la vie d'un village, avec ses joies, ses peines. C'est aussi un monde lourdement, profondément divisé. D'un côté, les communistes ; de l'autre les libéraux. Washington ment beaucoup, et Moscou monstrueusement. Mais dans ce petit village de la plaine du Pô, il n'y a que des hommes qui voudraient rendre le monde meilleur chacun à leur façon, et ce soleil d'enfer qui tape sur les têtes et les échauffe. Pepone est profondément honnête, et voudrait aider les paysans misérables. Don Camillo l'est tout autant, et se démène pour les enfants crevant de faim, les malades, les vieillards aux dos cassés. Au moindre problème sérieux, chacun sait qu'il n'a pas plus grand allié que l'autre.

Les véritables conflits, eux, sont profondément enfouis. Mais il suffit de peu de choses pour les faire ressortir. Soudain, un coup de fusil au coin d'un bois, un corps qui git, un gamin qui a vu quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir. Et il n'y a plus ni curé ni maire rouge, juste un homme qui essaye de sauver son ami, mais pour cela tous deux comptent plus sur la main du Christ que sur leurs propres forces…

C'est un monde disparu que celui de Don Camillo. Un monde sans télévision, sans jeux vidéo, sans frigos, sans baignoires, avec une séance de cinéma par an et une voiture pour cent habitants. Un monde heureux pourtant. Et qui avait quelque chose qui fait fort défaut à notre époque : le sentiment très largement partagé que bientôt, très bientôt, le monde deviendrait meilleur et plus accueillant…
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Brescello, petit village au nord de l'Italie à la fin des années 1940. Peppone, communiste convaincu, vient d'être élu maire. Il est perpétuellement confronté à Don Camillo, et les deux ne se privent pas de joutes verbales, allant même jusqu'à s'affronter physiquement. Ces deux rivaux se connaissent depuis le maquis (ils ont combattu ensemble contre le fascisme), et même s'ils ne l'avouent jamais, se comportent comme deux amis, toujours prêts à s'épauler l'un l'autre pour le bien de la communauté.

Ce livre se présente comme une suite de petites histoires mettant en scène les deux personnages emblématiques . Les dialogues sont savoureux, en particulier lorsque Jésus sur la croix s'adresse à Don Camillo. Il pourrait paraître daté, avec la montée du communisme aux prises avec la démocratie chrétienne en Italie. En fait il n'en est rien car il arrive à nous donner un message plus universel. Avec beaucoup d'humanité et de bienveillance, Don Camillo et Peppone ont foi en un avenir meilleur, foi en l'homme.

J'ai également découvert de quelle manière le film de Duvivier était fidèle à la trame et à l'ambiance de ce livre.

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Don Camillo est prêtre, instruit, bien pensant et moqueur

Peppone est le nouveau maire, rouge, révolutionnaire et sans instruction.

Tout deux s'affrontent, jamais très méchamment, si ce n'est que Don Camillo à cette tendance facile de s'en prendre à plus faible que lui.

Jésus parle à don Camillo et là se trouve un des plaisirs hilarants de ces courts textes.

Don Camillo tutoie Peppone qui, lui, le vouvoie.
Don Camillo vouvoie Jésus qui, lui, le tutoie.

Ainsi se forme ce recueil de courtes aventures assez amusantes, bien que, ou parce que de niveau maternelle :
Oh le beau château de sable que tu as fait là !
Tiens ! un coup de pied et hop ! plus rien !

Ce livre de 1951, ici dans son édition de 1953, nous invite finalement à se demander si la vie en société humaine ne relève pas finalement de ce simple coup de pied balancé de ci, de là, par tout à chacun, au moins une fois de temps en temps…

Réfléchissons-y bien…

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La Feuille Volante n° 1365 – Juillet 2019.

Le petit monde de Don CamilloGiovani Guareschi – Éditions du Seuil.
Traduit de l'italien par Gennie Lucioni.

Parler d'un roman qui a fait l'objet d'une adaptation cinématographique et qui a enchanté plusieurs générations n'a rien d'original. Fernandel (Don Camillo) le curé du Brescello, un village de la plaine du Pô et Gino Cervi (Pepone), son maire communiste, ces deux personnages hauts en couleur, vont animer la vie publique de cette période de l'immédiate après-guerre dans ce petit coin perdu d'Italie. Cela dépasse la traditionnelle opposition entre le clergé et les laïcs, la droite et la gauche, le parti dit du progrès et celui de la réaction parce que l'amitié de Pepone et Don Camillo remonte à la guerre, au maquis, sans qu'on sache très bien contre qui ils se battaient, les fascistes ou les alliés, mais peu importe. Don Camillo n'est pas un chef politique, n'est pas membre de l'opposition municipale mais se consacre à ses ouailles, de préférence de droite mais n'oublie jamais de s'occuper de tous les pauvres et de fustiger l'égoïsme des riches sur qui il fait peser sa férule, tout comme le maire fait marcher ses troupes à la baguette. C'est un jeu de pouvoir et quand les « rouges » s'en prennent à lui publiquement, il n'hésite pas à faire le coup de poing. Pourtant, s'il arrive à nos deux compères d'en venir aux mains, mais uniquement à huis clos, c'est toujours dans les règles et sans haine car les comptes se règlent ainsi entre eux, quand ce n'est pas avec des mots, à l'abri des regards, dans la cuisine de Pepone ou dans le presbytère, mais ils restent amis quoi qu'il en soit. Si l'un d'eux est dans la difficulté, l'autre s'empresse de venir l'aider, mais toujours discrètement et souvent de nuit et si les « rouges » bouffent en permanence du curé et boudent l'office, ils viennent en groupe et nuitamment à l'église pour faire leurs dévotions. Ils y a bien quelques petits « coups bas » mais le plus étonnant c'est que dans ce village où tout le monde se connaît, il n'y a jamais de témoins pour les constater, mais personne n'est dupe. On fustige publiquement Moscou et le pape, mais en sous-main on s'entraide et il serait inconcevable qu'il en fût autrement. Pepone fait ce qu'il veut dans sa commune et le Parti est loin, mais Don Camillo est surveillé en permanence par le Christ du Maître-autel avec qui il converse volontiers et qui lui rappelle, souvent avec humour, les préceptes de l'Évangile que la mauvaise foi chronique de son ministre lui fait trop souvent oublier. C'est un peu la voix de sa conscience qu'il cherche malicieusement à contourner mais toujours avec respect et soumission parce que le curé n'oublie jamais son devoir d'obéissance. Tout est permis, les coups de bâton comme les petites avanies et c'est plus facile pour Don Camillo qui est instruit de se moquer du maire qui a boudé l'école mais quand il s'agit de l'aider à passer son certificat d'études, le curé est là pour le secourir... mais sans oublier l'intérêt de la paroisse ni les réparations indispensables pour le clocher de l'église. Comme partout, si les hommes s'occupent de politique, les femmes, surtout en Italie, se tournent vers Dieu et Don Camillo a là des alliées qu'incarne l'épouse de Pepone. Bien sûr ce dernier donne publiquement de la voix et se fait respecter par ses troupes, mais c'est souvent l'épouse qui a le dernier mot et impose ses vues à ce mari un peu retors. Bien sûr tout cela n'est pas exempt de message politique, l'auteur cherchant à tourner en dérision de poids du parti communiste. L'air de rien, et même si tout cela est un peu exagéré, c'est l'image qui est donnée est celle de l‘espèce humaine, capable du pire comme du meilleur, mais ici, scénario et aussi ambiance dédiée au rire obligent, on choisit le meilleur, le plus cocasse, le plus aimable.
Ce roman, qui sera suivi de beaucoup d'autres, toujours consacrés à Don Camillo et à Pepone qui verront leurs aventures les porter parfois au dehors de ce petit village mais toujours y revenir par attachement mais aussi par nostalgie, a fait l'objet d'une adaptation cinématographique de Julien Duvivier au succès jamais démenti. L'image de Don Camillo est à ce point attaché à la personne de Gino Cervi et surtout de Fernandel que les tournages suivants qui se sont faits sans eux n'ont pas eu le succès escompté, les spectateurs ne reconnaissant pas leurs acteurs favoris, que des pastiches ont été menés, par Fernandel lui-même dans « le mouton à cinq pattes », que des campagnes publicitaires, notamment pour les pâtes, ont crée le personnage de « Don Patillo » qui évoquait l'ombre du comédien déjà disparu et l'ont ressuscité. le pape François l' a même cité en exemple, prenant comme modèle ce brave curé de campagne qui n'est qu'un personnage de fiction. La ville de Brescello a immortalisé ces deux citoyens emblématiques en les statufiant en bronze, l'un à la porte de la mairie, l'autre sur le parvis de l'église. Peut-on imaginer plus belle consécration ?
A titre personnel, je dois dire que, même aujourd'hui où les comiques abondent, Fernandel reste quelqu'un qui, par son physique et son jeu d'acteur, m'a toujours fait rire.
©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com


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Difficile de ne pas superposer à la description écrite des personnages, les remarquables interprétations de Gino Cervi et de Fernandel. D'autant que j'ai lu ce livre, adolescent, après en avoir vu les adaptations cinéma.
Je me souviens de quelques passages spécifiques du roman. Les plus marquants pour moi, étant ceux où Don Camillo se confie au Christ… qui lui répond. Il faudrait relire ce roman. Mais le paysage politique italien de l'après guerre, se divisant entre Démocratie Chrétienne et Communisme doit paraître de nos jours bien caricatural et désuet. Vision d'une époque !
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
En passant devant l'église Peppone vit l'autel, parce que la porte était ouverte ; alors il ôta rageusement son chapeau et le remit précipitamment afin que personne ne le vît. Mais le Christ l'avait vu et, quand don Camillo vint lui rendre visite, il s'empressa de lui faire part de la chose.
- Peppone est passé par là et m'a salué, dit-il tout content.
- Faîtes attention ! fit don Camillo, parce qu'il y en a un autre qui vous a embrassé et puis, pour trente pièces d'argent, vous a vendu. L'individu qui vous a salué est le même qui me disait, trois minutes plus tôt, que le jour du règlement de comptes, il trouverait toujours un 75 pour ouvrir le feu sur Votre Maison.
- Et que lui as-tu répondu?
- Que je trouverais toujours une pièce de 81 pour tirer sur la Maison du Peuple !
- Je vois, dit Jésus ; le malheur c'est que la pièce de 81, tu l'as vraiment.
Don Camillo eut un geste d'impuissance.
- Jésus, dit-il, il y a de ces bibelots qu'on répugne à jeter, parce que ce sont des souvenirs. Nous sommes un peu sentimentaux, nous, les hommes.
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- Il y a deux mois je vous ai battu à coups de bâton.
[...]
- En-dehors de ça et de votre appartenance à ce parti diabolique, avez-vous commis d'autres fautes graves?
Peppone vida son sac.
Au total ce n'était pas lourd et don Camillo le liquida avec une vingtaine de Pater et d'Ave. Peppone s'agenouilla devant la Sainte Table pour faire sa pénitence et don Camillo alla s'agenouiller aux pieds du Christ de maître-autel.
[...]
- Jésus, si j'ai été un bon serviteur, faîtes-moi une grâce ; laissez-moi au moins lui casser ce cierge sur le dos. Après tout, une bougie, ce n'est pas grand-chose.
- Non ! répondit Jésus, tes mains sont faites pour bénir, non pour frapper.
[...]
- Ca va, grogna don Cmillo, en croisant ses doigts et regardant Jésus : Les mains sont faites pour bénir, mais les pieds, non !
- Ca c'est vrai aussi, dit Jésus du haut de l'autel, mais attention, don Camillo, rien qu'un !
Le coup de pied partit comme la foudre. Peppone encaissa sans ciller puis il se leva et, soulagé, il soupira :
- Il y a dix minutes que je l'attendais. Maintenant je me sens mieux.
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- Don Camillo, s'exclama le Christ, don Camillo, tu perds la mémoire ! Tu as une lettre dans ta poche ; tu voulais la déchirer. Brûle-la ; tu fais d'une pierre deux coups.
- En effet, reconnut don Camillo, en serrant les dents.
Il tira de sa poche une lettre, l'approcha de la flemme et elle brûla. Elle était adressée à Peppone. Don Camillo lui demandait si, maintenant que l'extrême-gauche avait approuvé l'article à l'unanimité, il désirait nommer un conseil de gestion pour l'église dans le but d'administrer les péchés de la paroisse et de décider, en accord avec le titulaire, don Camillo, des pénitences à assigner à chaque pécheur. Lui, don Camillo, était prêt à écouter ses requêtes et il serait extrêmement heureux si le camarade Peppone ou le camarade Brusco consentait à prêcher à l'occasion des Saintes Pâques. Pour ne pas être en reste, lui, don Camillo, expliquerait aux camarades le sens religieux, caché et profond des théories marxistes.
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Un après-midi donc, Peppone siégeait avec les responsables des sections, quand il vit arriver La Foudre. Chacun s'écarta et La Foudre avança jusqu'au bureau de Peppone. Là, il s'arrêta.
- Que veux-tu? demanda Peppone agacé.
- Hier j'ai battu ma femme, expliqua La Foudre en baissant son visage honteux. Il est vrai qu'elle avait tort !
- C'est à moi que tu viens le dire? hurla Peppone. Va le raconter au curé.
- J'y suis déjà allé, répondit La Foudre, mais il m'a dit que maintenant, étant donné l'article 7, tout a changé ; il ne peut plus me donner l'absolution. C'est toi qui la donnes parce que tu es le chef de la Section.
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Un soir, tandis qu'il était dans le confessionnal, don Camillo dit derrière la grille le visage du chef de l'extrême-gauche, Peppone.
Peppone venu à confesse, c'était un évènement. Don Camillo s'en réjouit grandement.
- Dieu soit avec vous, mon frère ; avec vous qui plus qu'aucun autre avez besoin de sa sainte bénédiction. Y a-t-il longtemps que vous ne vous êtes pas confessé?
- Depuis 1918, répondit Peppone.
- Imaginez donc combien de péchés vous avez dû faire avec ces belles idées que vous avez en tête !
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