Aristote nous enseigne que "la loi soit s'affranchir de la passion".
Mais au quotidien, difficile de ne pas s'émouvoir, et de ne pas être passionnés donc, par toutes les affaires sordides qui conduisent des individus en prison. (et je ne suis absolument pas une exception!)
Dans ce roman, Caroline Glorion nous parle de la vie de
Gabriel Mouesca, un homme qui a passé 17ans de sa vie en prison pour son implication dans un groupe indépendantiste basque.
Certains passages m'ont vraiment pris à la gorge... Dans la façon dont on entasse ces types et dont on leur fait comprendre qu'ils sont devenus des rebuts de la société. Par exemple, l'anecdote du transfert de Mouesca de Fresnes à Tarbes, où j'avais plus l'impression de lire un récit qui se serait déroulé pendant la Seconde Guerre mondiale qu'un témoignage sur un évènement de la fin des années 1980.....
Dans ce cas, pourquoi lui, contrairement à beaucoup n'a pas récidivé ? Il l'explique "tout simplement" par le fait que lui n'était pas dans le même état de misère intellectuelle ou sociale que les autres détenus. Ce n'est pas avec les coups qu'il a réussi à se faire entendre et à se battre pour sa condition (et celle des autres), mais avec des mots. Même s'il montre que rien n'est fait pour faciliter l'accès à l'instruction dans les prisons.
Sans excuser les actions qu'ils ont commis pour arriver là, on peut entendre sa détresse lorsqu'il dit : "dis-moi comment, lorsqu'on est traité de manière aussi dégradante, comment ne pas nourrir un sentiment de haine contre la société tout entière qui permet ça, contre une administration qui organise cette destruction progressive de l'être humain?"
Là encore, sans nier la nécessité de la prison, après avoir lu un tel témoignage on se dit qu'en effet on pourrait faire une prison qui ne crée pas des "bêtes" plus dangereuses que ce qu'elles ne sont à leur entrée...
Un témoignage fort qui met bien mal à l'aise...