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EAN : 9782268105390
334 pages
Les Editions du Rocher (24/03/2021)
3.9/5   5 notes
Résumé :
En 2015, la guerre en Syrie entre dans sa quatrième année. Face à la montée des périls en Orient, de jeunes volontaires ont répondu à l'appel : porter secours là où les chrétiens sont en danger. Alexandre Goodarzy est l'un d'entre eux. En 2014, ce jeune professeur d'histoire-géographie rejoint l'association SOS Chrétiens d'Orient.
D'une révolution contre la dictature, la guerre en Syrie s'est transformée très vite en guerre religieuse où les chrétiens sont en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La qualité principale de ce livre est de nous transmettre un témoignage précieux sur la guerre civile syrienne et sur la situation des chrétiens d'Orient.
En ce qui concerne l'écriture, on peut reconnaître sans faire injure à l'auteur, que ce n'est pas du Chateaubriand. Ce qui est plus dérangeant est le (manque de) travail de correction des éditions du Rocher. de nombreuses fautes, pas uniquement d'orthographe même si c'est le cas de la plupart, polluent la lecture. On peut par exemple, tomber sur une phrase telle que : « je hochai hoché la tête ».
Les quatre premiers chapitres concernent l'enlèvement d'Alexandre Goodarzy et de ses compagnons en Irak, en janvier 2020. L'auteur revient ensuite brièvement sur son histoire personnelle, avant de raconter son travail au sein de l'association « SOS Chrétiens d'Orient ». Cependant, de temps en temps, un chapitre revient sur sa vie d'otage avant un retour en arrière sur ses activités humanitaires. Cela casse un peu le rythme de de la lecture.
Goodarzy porte également un regard désabusé sur la France, engluée dans sa faiblesse et l'idéalisme de ses élites. Son expérience qu'il nous relate, invite plutôt à se défier de tout manichéisme. Il interroge aussi sur le travail des journalistes.
En résumé, ce livre, malgré tous ses défauts, mérite d'être lu.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
[Entretien de l'auteur accordé au mensuel L'Incorrect, avril 2021]

Directeur des opérations adjoint chez SOS Chrétiens d’Orient, Alexandre Goodarzy possède le charisme de l’homme de terrain, la voix de l’homme de récit nourri par de solides expériences. Enlevé il y a un an par une milice irakienne à Bagdad, il publie le récit de sa captivité. Au-delà de la description poignante de sa séquestration, il entrecoupe la narration de propos étayés sur la situation des chrétiens d’Orient dans une Syrie en guerre, et cette somme d’informations précises et détaillées recueillies pendant cinq ans en Syrie gouvernementale ajoute au sel de ce grand livre. Entretien avec un guerrier spirituel.

Par Alexandra do Nascimento
Publié le 6 avril 2021

© Benjamin de Diesbach pour L'Incorrect

Comment se reconstruit-on après ce genre d’épreuves ?

J’ai eu besoin de prendre du recul non seulement par rapport à l’enlèvement, mais aussi par rapport à mon investissement dans le travail, où il fallait couvrir le moindre sujet urgent, presque comme un reporter de guerre. En tant que chef de mission, on a charge d’âmes et la responsabilité de volontaires sur place. Prendre du temps avec ma famille m’a permis de repenser ma vie. Cette situation extrême a été l’occasion d’un grand examen de conscience. Un feu qui ranime tous les manquements de ta vie. Tu vois défiler ta vie. Et tu as tout le temps… Et écrire ! Ç’a été un exutoire. J’ai balancé tout ce que j’avais à dire.

Votre prise d’otage a-t-elle été l’effet d’erreurs commises malgré les protocoles de sécurité ?

Un humanitaire part dans un pays où ça ne va pas bien par définition, et c’est son travail. Quand un pays est en guerre civile ou dévasté par une catastrophe naturelle, le premier réflexe est de déployer l’armée qui passe le relais à des organisations humanitaires. Ça induit des risques intrinsèques. Dans ce sens, on court des risques sur le terrain en faisant le travail annoncé. Mais tout a été fait selon le protocole de sécurité ! Antoine Brochon – directeur de la sécurité chez SOS Chrétiens d’Orient et enlevé lui aussi – assiste régulièrement aux cellules de crise et de soutien au quai d’Orsay : il s’est donc informé une semaine avant sur Bagdad.

Feu vert ! Le consulat français d’Erbil, l’Ambassade de France à Bagdad, plus le quai d’Orsay nous disent que c’est bon. Avec l’assistance d’un avocat pour être transparents, cohérents et officiels, on vient donc déclarer notre présence et se faire enregistrer auprès des autorités irakiennes. Grâce à l’évêché arménien catholique, nous étions munis de l’invitation qui nous permettait d’obtenir un visa d’un an à entrées multiples en Irak. Et quatre heures après on se fait enlever !

Sauvés par la situation sanitaire critique ?

Oui ! Relâchés grâce au coronavirus. Après plusieurs fausses promesses de libération et totalement coupés du monde, il a été difficile de croire en ce mauvais scénario de pandémie annoncé par nos ravisseurs. J’écoutais leur nouvelle histoire improbable en me demandant ce qu’ils étaient encore en train d’inventer pour nous rendre fous ! Mais cette fois-ci, l’explication était longue, détaillée et ils y mettaient les formes. Si nous venions à mourir, c’eût été fâcheux pour les enchères. On nous a demandé de ne pas retourner sur le sol irakien ni dans le cadre de notre travail, ni à titre personnel. Les brigades de Hachd ash-shabi nous ont prévenus et demandé de faire passer le message que si d’autres Français s’y aventuraient ils seraient exécutés sans bénéficier du même « traitement de faveur » que nous, à savoir la vie sauve.

Peut-on évoquer l’importance des chrétiens d’Orient ?

Chrétiens d’Orient est un terme à la mode depuis 2005. Pourtant dans les médias, pas un mot sur eux, uniquement sur les djihadistes. Les chrétiens d’Orient sont une élite culturelle qui disparaît physiquement, un échantillon ethnique humain en voie de disparition. Ils assurent la paix et l’entente entre les peuples. Sans chrétiens, c’est la guerre civile : ce sont les garants de l’entente, de la cordialité, et de l’unité nationale de toutes les communautés locales. Les Druzes, sunnites, chiites, Alaouites ne s’entendent pas, bref les musulmans sont divisibles. C’est le chrétien qui permet que ça ne déborde pas. Malgré eux ce sont des ponts, et tels des ponts, on leur marche dessus parfois.

Ce martyre est presque la condition à cette entente. On aide aussi les musulmans à côté, car il faut tenir compte du bien commun et de la sensibilité du pays. Aider les chrétiens sur place signifie aider tout le monde. On les aide à rester sur place dans un humanitaire d’urgence, de reconstruction de leurs églises, et des soins de première nécessité, chauffage, nourriture… Du soutien scolaire aussi, en rémunérant les universitaires. SOS est un cadeau, c’est comme un aboutissement, une concrétisation de tout ce que je suis.

Est-ce que le combat identitaire se passe au Proche-Orient ? Et la présence française y est-elle nécessaire ? On peut se demander à quoi ça sert d’aller si loin avec tant de misère en France.

Oui, la présence de la France est nécessaire à l’étranger. Une des manifestations de l’influence de la France, c’est l’humanitaire justement. Un vrai combat qui participe à la défense de l’identité française. Si on ne soutient pas les chrétiens, on verra une hausse des groupuscules islamistes, notamment sunnites. Alors oui, absolument : le combat pour l’identité française passe par le Proche-Orient ! Tous les cinquante ans, les musulmans massacrent les chrétiens alors que ça fait 1 400 ans qu’ils vivent ensemble. Nous, en France on importe massivement des immigrés dont on ignore tout du passé. Si c’est un échec dans un pays où ils vivent ensemble depuis plus d’un millénaire, comment peut-on me convaincre que ça va fonctionner ici ? Et les chrétiens là-bas nous préviennent : « Ce qui nous touche ici aujourd’hui, frappera chez vous demain. Nous sommes le déjeuner, vous serez le dîner. » J’écrirai peut-être sur ce sujet.

Quel enseignement retires-tu de cette expérience ?

Que c’est une opportunité pour récapituler mon expérience et ma vision de la Syrie. Tout ceci a approfondi ma foi en Dieu. La détention m’a ouvert les yeux, un peu comme un rideau qui se serait déchiré devant moi et à la fois, elle n’a fait que renforcer mes convictions profondes ! Quand on était enfermé, j’ai compris que ce n’était pas de cet enfermement-là que Dieu voulait me libérer ! J’ai compris ça dans la prière et le chagrin qu’il était plus question de se libérer de la passion, des écarts, de ce qui me rattache à l’enfer. C’est plus une libération de l’ordre de la sanctification. Je me suis rapproché de Marie, celle qui ne nous refuse rien et qui permet une communication plus directe avec son Fils. Ça m’a été donné pour donner ! Je lui ai promis que je rendrais grâce en témoignant. J’aimerais que ce soit entendu.

Dieu ne méprise pas la question politique, sinon on ne parlerait pas de terre sainte, ou de peuple béni. La bénédiction de Dieu est sur la France. Dieu permet qu’on descende aussi bas en France peut-être pour que l’on se réveille et se souvienne de qui l’on est. C’est peut-être un mal nécessaire. Il ne faut pas avoir peur d’être cette bouche par qui le scandale arrive. En tout cas pour ma part, il y a plus que jamais l’engagement, l’envoi en mission, la confirmation. C’est tellement un miracle, notre libération. Une chaîne de prière immense s’est constituée dans le monde entier dans une grande discrétion. Ç’a occasionné quelques chemins de conversion ou des retours à la prière dans nos entourages.

Vous avez inclus tes geôliers dans tes prières : ont-ils été intrigués et touchés par le fait de vous voir prier ?

Évidemment, je ne les remercie pas de nous avoir mis au trou, encore moins ceux qui ont eu une forme de dureté envers nous. Mais je les porte dans la prière et leur souhaite de découvrir ce que nous avons découvert « à cause d’eux et grâce à eux ». Dans la prière on demandait qu’il y ait quelque chose de nous qui reste et les touche ! On les bénissait lors des repas, notamment ceux qui les avaient préparés. On a vu dans leur comportement qu’il pouvait y avoir de la compassion. Certains avaient 25 ou 30 ans. Ils sont nés dans le chaos… Que Dieu leur vienne en aide.
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