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sur 225 notes
Je suis loin d'être venue à bout de ma PAL de la rentrée littéraire de septembre, mais une lecture m'aura vraiment marquée cette année, à savoir La Chute des Princes de Robert Goolrick.

Il y est question d'un ex-trader aujourd'hui libraire chez Barnes & Nobles. Notre narrateur vit seul et chichement, aussi, lorsqu'il nous décrit la fin de ses études, son stage et sa prodigieuse ascension sociale, on se demande toujours quand et comment se produira sa chute.

Le lecteur plonge dans le New York des années 1980 et ressent de suite l'intensité de cette décennie, vibrante, flamboyante, excessive mais aussi égoïste et impitoyable. D'un côté le boulot, l'entraînement avec le coach personnel à 6 heures du matin, la limousine de la firme, les journées à rallonge et la compétition poussée à son extrême ; de l'autre, les soirées avec les collègues, les mauvais restos hors de prix, les beuveries, les rails de coke, le sexe dans des endroits glauques (des toilettes, un coin de rue) avec des inconnu(e)s, les quelques rares heures de sommeil. Sur le plan matériel, on passe du studio miteux de l'étudiant à de splendides appartements refaits entièrement par l'architecte ou le décorateur branchés du moment. Les costumes valent plusieurs milliers de dollars. Si quelque chose coûte vraiment trop cher, alors il devient indispensable. Les week-ends, on file à Las Vegas ou Miami claquer son argent dans des fêtes. Se succèdent sans cesse les filles (qui n'auront jamais de vraie carrière, même lorsqu'elles sont plus intelligentes). Parfois des prostituées. Sans parler des discussions où chacun se vante d'avoir eu l'expérience la plus osée, la plus bizarre (par exemple d'avoir eu des relations sexuelles avec un animal ou d'avoir été la cause d'un suicide). Car c'est une génération pour qui tout est permis. Et pour qui l'argent est la seule valeur qui soit. Dépenser, c'est le but de leur vie.

Au fur et à mesure, l'ambiance se modifie imperceptiblement, devient plus sombre. Une fille retrouvée morte lors d'un week-end. La menace du SIDA. Un collègue d'une vingtaine d'années qui meurt d'un arrêt cardiaque. Un autre qui se jette par la fenêtre après avoir reçu un coup de fil et pris le soin d'enlever ses chaussures de marque.

Non seulement Goolrick livre un portrait très vivant de cette période, mais il parvient à le faire sans sombrer dans le manichéisme. Il serait si facile d'observer les protagonistes avec détachement et de les condamner en crachant de suite sur leur immoralité. Or, si les vices et les faiblesses des jeunes traders ne manquent pas dans ce roman, le narrateur parvient à nous être sympathique. Certes, il a désormais du recul sur sa jeunesse et mesure pleinement ses erreurs. Toutefois, il se contente de narrer des faits, sans chercher à s'auto-justifier, à s'apitoyer sur son sort ou, au contraire, à se flageller moralement. Sa situation actuelle nous le rend quelque part sympathique, même si, quelque part, on ne peut pas s'empêcher de penser qu'il a perdu de sa superbe par rapport à ces années de dérives et d'excès.

Un roman subtil, extrêmement bien construit et tout simplement passionnant, qui m'a donné envie de relire Goolrick et de découvrir enfin le célèbre roman de Tom Wolfe.

Merci beaucoup aux éditions Anne Carrière et à Babelio pour cette découverte.
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New York . Les années 80 . The Rise and Fall . Un trader parmi d ' autres , la crème de la crème dans son genre . Recruté au poker par La Firme . Devant nous s 'étalent l' Ubris , tous les excès ,la confusion et constamment le mythe du dollar , omniprésent , jusqu' à la nausée . l'' auteur nous inflige l ' animalité de son héros , puis sa chute, brutale qui paradoxalement en apparence , l ' élève enfin au rang d 'être humain . je ne connaissais pas cet auteur , découvert au hasard d ' un extrait dans un magazine littéraire . Très vite accroché par les fulgurances de son style , j ' ai voulu aller plus loin . Comblé au delà de mes espérances , j ' ai le désir de lire dés que possible ses autres opus . C'est un livre profondément émouvant , une allégorie des travers de notre société de consommation , et l 'espoir de la possibilité d ' une rédemption par la lumière d ' un Amour inconditionnel .
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Rooney avait tout pour devenir "le roi" de New-York, la chance, l'argent, les femmes, l'arrogance et la prestance de celui a qui tout réussi jusqu'au jour où une bourde le fait descendre de son piédestal et où il redevient monsieur tout le monde.
La chute des princes nous raconte ce que furent les années 80 pour les Golden Boys où l'argent, la drogue, les fêtes étaient le quotidien de ces jeunes hommes jusqu'à ce que le SIDA, la crise financière, la morale ne reviennent.
On revoit certains films à travers ce livre très bien écrit "Le loup de Wall Street", "La firme" " Very bad trip" et aussi "Philadelphia".
Un livre nostalgique.
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« Plus on monte haut, plus dure sera la chute »...
New-York, années 80, est une ville empreinte d'énergie électrique, mélange de magie et de danger et lorsque l'on est jeune, beau, ambitieux et que la vie nous sourit, tout est possible. Participer à l'élévation de la première puissance Américaine aux yeux du monde entier, quel pied ! Quand tout est accessible, quand l'argent vous donne l'illusion de toute puissance, que la drogue, l'alcool, le sexe vous conforte dans ce sentiment, il semble que rien ne peut vous arriver même si vous avez conscience que tout cela est en équilibre précaire, que ce qui vous lie à cette « réussite » est fragile. Car New-York c'est aussi une ville dangereuse en matière de drogues, de crimes, l'épidémie de sida commence à faire de nombreuses victimes et les marchés financiers de Wall Street ne s'embarrassent pas des états-d'âme de ceux qui participent à son activité.
Robert Goolrick nous raconte à la première personne, l'histoire de cet homme qui a connu une ascension sociale rapide, qui a bossé comme une brute, qui a profité de chaque plaisir que cette vie pouvait lui offrir, qui a connu le grand amour et qui du jour au lendemain a tout perdu. le récit n'est pas une lamentation, le personnage reste digne et décent, ce qui le rend plutôt attachant. le style de l'auteur est accessible et réaliste, un bon bouquin.
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"La Chute des Princes" de Robert Goolrick est un roman doté d'une remarquable force d'écriture, d'une puissance du choix des mots, des intonations, des personnages, du décor et de la répartie, qui ne sont pas sans rappeler les chefs-d'oeuvres de John Fante et de Jack Kerouac ; d'autres très grands auteurs américains. Robert Goolrick s'impose donc lui aussi en tant que maître du roman décadent, résolument moderne et provocant. Son style plaît ou déplaît, mais il ne laisse dans tous les cas, pas indifférent. Il fait table rase de nos habitudes de lectures, tranquilles, confortables et gentilles, pour imposer sa propre vision de la société et du monde ; à savoir une tragédie haute en couleur, qui ne laissera pas indemnes, ni cet anti-héros duquel nous avons beaucoup à apprendre, ni le lecteur bouleversé...Un grand roman qui marque, magistral et sublime, qui nous donne envie de dévorer tous les autres de ce grand auteur à la patte littéraire unique !
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Grandeur et décadence d'un trader new-yorkais dans les années 80.
Il a vécu comme un prince, cumulant tous les excès : alcool, drogue, sexe. Il a gagné des millions de dollars, en a dépensé autant. Il a échappé aux ravages du sida mais a vu ses amis tomber comme des mouches. Et puis un jour, tout s'est effondré pour lui aussi : il a perdu son travail, sa femme a demandé le divorce. Toutes les portes se sont refermées devant lui, il a touché le fond pendant deux ans, survivant en partie grâce à la lecture d'À la recherche du temps perdu de Marcel Proust. C'est aussi grâce à sa connaissance de l'oeuvre qu'il a trouvé un emploi dans une librairie. Depuis, sa vie a bien changé, monotone et sans éclat. Il se souvient des folies de sa jeunesse, il raconte les moments marquants de son existence, sans complaisance et ne cherche pas à se justifier, s'étonnant même d'avoir survécu.
Un livre fort et percutant d'un auteur que je découvre. J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture alors que le sujet, à priori, aurait dû me rebuter. Mais l'auteur garde une certaine retenue dans la description des épisodes de fêtes et de beuveries, le côté trash des situations étant atténué par les regrets du narrateur, qui jamais ne se glorifie de ses succès passés et de ses excès. L'évocation de quelques figures secondaires apporte aussi de vrais moments de tendresse et d'amitié. A découvrir sans hésitation !
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Les USA découvrent avec horreur au début des années 1980 une maladie qu'on assimile à la peste... le SIDA.
Voici donc l'histoire d'un jeune trader pris dans une vie tourbillonnante. le matin une limousine vient le chercher. Il est rasé de prêt, vêtu avec élégance et une journée à l'allure d'un long sprint commence. A dix heures du matin, la chemise sort du pantalon, la cravate est dénouée, les téléphones sonnent de partout. Et ce rythme dure jusqu'au soir.
Puis la nuit commence dans une orgie d'alcool, de sexe, et de cocaïne.
A quatre heures du mat, on rentre chez soi pour dormir une heure... et tout recommence.
L'argent coule à flots, tout est facile, tout lui réussit et il semble que tout pourrait continuer indéfiniment.
Mais cette vie à cent à l'heure peut elle durer ? Tout est dans le titre et Robert Goolrick (le magicien qui écrivit QUAND ARRIVE LE VAGABOND) réussit à cerner la situation avec brio.
Voici notre héro devenu banni. Il lui reste ses souvenirs et son amour inconditionnel pour celle qui était son épouse.

Un livre exceptionnel. Une perle !
A lire absolument
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J'AI VENDU MON ÂME AU DOLLAR

L'argent donne le pouvoir, le pouvoir perverti, c'est bien connu. Mais là, la grandeur est aussi intense et brève que l'incandescence d'une allumette et plus longue sera la décadence. Les goldenboys, surdoués de la finance des années 80, surfent sur le néolibéralisme, la rapidité de la transmission des ordres, les algorithmes qui permettent de faire instantanément les transactions au meilleur cours en ruinant les petits épargnants, pour rouler en Ferrari et boire des bouteilles de Bordeaux à 500$. On les surnomme même les BSD ; Big Swinging Dicks ou Grosses Bites qui se la Pètent. Cette manne financière distille un poison-morgue, alcool, sexe, coke-qui amènera beaucoup d'entre eux à leur perte : et c'est très bien comme ça, il y a quand même une morale dans le pire côté du capitalisme : faire de l'argent par l'argent et non pas par le travail. Ce livre, construit par épisodes de la vie du narrateur, depuis sa grandeur jusqu'à sa ruine, m'a mis mal à l'aise, et malgré un style percutant et une excellente traduction (merci à Marie de Prémonville) je le trouve profondément immoral. Non, pardon, il existe quand même une moralité dans l'ouvrage : c'est le sauvetage par l'amour, celui de Holly, transsexuel, qui lui permettra de se sentir aimé, et ça, c'est une valeur sûre !
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Un homme d'une cinquantaine d'années nous fait partager son quotidien solitaire et monotone, peuplé de ses souvenirs de jeune courtier dans le Wall Street des années 80. Il évoque sans concessions ni faux-fuyants ses regrets et ses remords d'avoir, par sa faute, gâché cette vie-là, faite de puissance et de jouissance. Lui, du moins, a survécu. Tous n'ont pas eu cette chance : overdoses, surmenage, sida ont eu raison de beaucoup d'entre eux.

Ce roman n'est pas un livre sur Wall Street. C'est un livre sur les regrets, sur la perte et surtout sur la démesure.

Le style de Robert Goolrick est enfiévré et percutant. Il est surtout profondément humain. L'auteur ne juge pas ses personnages. Il leur pardonne de n'être ni des dieux ni des princes, mais de simples humains, faibles et faillibles jusqu'à la chute. Avec pour les plus chanceux, au bout d'un long chemin, la possibilité d'une rédemption et la chance d'un salut.
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Les princes habitent Manhattan, dans des lofts conçus sur mesure par des architectes branchés. Ils travaillent 16h par jour, modèlent leurs corps parfaits auprès de coachs privés entre 6h et 7h30 du matin, manient des chiffres toute la journée dans une atmosphère survoltée, consomment coke et alcool à outrance, dépensent des milliers de dollars à Las Vegas, se mêlent à la grande fête des corps et du désir dans des boîtes new-yorkaises minables, découvrent le sida avec effroi, chutent…

Si le dernier Goolrick a des parfums de vécu, c'est que l'auteur a bien connu cette période, et pour cause. Lui-même vice-président d'une grosse agence de publicité new-yorkaise à 28 ans, il connaît les affres des vies décrites dans son roman et la chute, terrible, compagne menaçante et fidèle de celui qui brûle sa vie par les deux bouts, vouant ses convictions et sa jeunesse aux dieux du luxe, de l'argent et des plaisirs immédiats, expéditifs… La mort rôde en permanence : mort sociale lorsqu'on vous vire du jour au lendemain, l'arrêt cardiaque avant 30 ans par excès, le suicide, la maladie honteuse. Cependant, ce n'est pas à un exercice à la Bret Easton Ellis que se livre Goolrick. Nous sommes aussi éloignés de l'ambiance du Loup de Wall Street de M. Scorcese, malgré d'évidentes similitudes...

Car si le sujet est bien la chute, c'est une chute accompagnée d'une rédemption. Celle du protagoniste, qui des années après son départ de Wall Street, raconte par flashbacks successifs et réflexions instantanées ces années de gloire et de débâcle si courtes et si fondatrices dans sa vie. Nous suivons les méandres de sa mémoire, entre regrets d'un éphémère sentiment de puissance et demande de pardon. A son ex-femme qu'il aime encore avec tendresse, à toutes les femmes qu'il a achetées de son argent, à ceux qu'il a méprisés, rejetés, dont la pauvreté le dégoûtait. Cet homme n'a plus de nom, il s'est dépouillé pour n'être qu'un anonyme parmi les anonymes, simple vendeur dans une librairie, lui qui brûlait l'asphalte et dont le corps faisait rêver et excitait hommes et femmes dans un accouplement qui aurait dû demeurer éternel.

A aucun moment Goolrick ne cherche le sensationnel. Son héro déchu n'est pas un voyou, juste un jeune homme qui, s'étant retrouvé par hasard dans un tourbillon, a joué le jeu et a perdu. A nouveau, malgré la médiocrité apparente des aspirations ou des problématiques du protagoniste, Goolrick tend à une autre dimension, un autre champ de conscience. le livre s'ouvre et se referme sur des références aux héros de la guerre de Troie, comme si cette époque avait tendu vers une mythification, comme si tous les adeptes de l'argent étaient des Icare ou des Prométhée d'une fin de siècle excessive et fichue. L'apparition de personnages voués à la mort et fascinants comme des anges, apparaissant par bribes mais perçus par le narrateur, accompagnent son chemin de croix, l'aidant à accéder à la paix intérieure à laquelle il aspire. L'un d'entre eux lui offre la clé d'accès. Et c'est cette clé, cette nouvelle compréhension du monde, qu'il souhaite, avant tout, transmettre.

Contrairement au sujet apparent du livre, La chute des princes semble étrangement apaisé, comme si l'auteur avait trouvé la force de prendre du recul face aux évènements et au vécu complexe de sa vie pour nous livrer un seul désir, celui d'aimer. Un très beau livre et un beau portrait de New-York dans les années 80.
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