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EAN : 9782889154760
360 pages
Quanto (29/09/2022)
4.33/5   6 notes
Résumé :
"Si nous pouvions regarder le temps profond défiler, nous verrions les déserts chauds et secs se transformer en jungles luxuriantes, s’élever en montagnes escarpées, s’éroder pour dessiner une ligne de basses collines. Une cartographie mouvante, glissante. Dans le temps profond, tout est provisoire. Les os deviennent des roches. Les sables deviennent des montagnes. Les océans deviennent des villes."
Helen Gordon

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
‌Alléchant comme une glace fruits rouges par sa couverture, ce livre se laisse déguster sans façon pour qui s'intéresse plus aux derniers 500 millions d'années qu'au dernier SUV sorti.
L'auteur est journaliste, elle nous octroie donc de nombreuses récrés à base d'anecdotes humaines fluidifiant un contenu scientifique des plus documentés.
J'ai beaucoup apprécié ce livre et le ton de l'auteur, il m'aura néanmoins manqué des photos pour appuyer ses mille sujets passionnants et lubrifier à propos nos neurones parfois moins vifs qu'un oeil de T-Rex .


On apprend que la théorie révolutionnaire de la tectonique des plaques n'a qu'une cinquantaine d'années, même si elle a été inspirée par l'intuition de Wegener datant de 1915 : la dérive des continents.
C'est en soi un motif de réflexion de savoir que son idée d'un unique continent initial puis de continents mobiles a été copieusement tournée en dérision de son vivant, considérée comme du plus haut comique.
Il lui manquait notamment le mécanisme par lequel les plaques s'écartent : la découverte en 1967 de l'expansion des fonds marins, qui se produit lorsque la matière chaude du manteau remonte entre 2 plaques du fond des océans les obligeant à s'écarter et refroidissant entre leurs bords.
L'auteur nous rappelle aussi que jusqu'au XVIIIe siècle la Terre était censée n'être âgée que de 6000 ans, les diktats religieux faisant loi. Buffon pousse jusqu'à 75 000 ans mais s'empresse de le notifier comme pure hypothèse, pas fou le gars. On retrouve des notes secrètes où il trouve plus réaliste de tabler sur 3 millions d'années.
C'est la radioactivité qui permettra début XXe de reculer à 1,6 milliard puis à 4,5 milliards en 1950.


Ces continents qui nous paraissent fixés à jamais dans notre cartographie mentale tirée aux 4 épingles ont la bougeotte, eux qui projetèrent allègrement collines et montagnes en s'emplafonnant en accordéon. Hors de notre perception, la terre est en mouvement perpétuel, ondulant dans son fleuve de feu.
Il est probable que ces collisions aient provoqué également une rupture des roches libérant ainsi des nutriments essentiels (carbone, azote,phosphore, oxygène) , eux mêmes à l'origine de l'explosion de vie du cambrien ( 540 millions d'années).
Bon alors quand on parle d "explosion", c'est du point de vue du géologue , 10 ou 30 millions d'années c'est petit-bras pour lui.


Je trouve le profil du géologue extraordinairement séduisant, quelqu'un qui , lorsque tout le monde s'enfuit, se précipite en sens inverse vers le torrent de lave en fusion, quitte à se laisser dévorer par sa passion. On ne compte plus les géologues qui ont péri victimes de leur amour hypnotique, quel panache !
Le chercheur de fossile lui aussi peut se prendre une crise de larmes de joie en découvrant sous ses doigts le bosselé subtil d'une ammonite; c'est le choc d'une petite vie venue de la nuit des temps et qu'il touche de la pulpe apoplectique de son doigt fébrile traversant les millénaires.


Rester de marbre. Quelle expression trompeuse pour un passionné de géologie qui voit dans la pierre la plus ingrate le récit magnifique des origines , les circonvolutions d'une eau asséchée , la silhouette sculpturale d'une fougère ancestrale. Roger Caillois nous dit que ce sont les pierres qui ont appris la beauté aux premiers hommes par leurs couleurs et lignes .
Cette pierre qui redeviendrait magma si elle retourne dans le ventre de la terre, comme c'est stupéfiant.


Nous apprenons beaucoup de choses sur l'apparition de la vie, le foisonnement de ses formes, le lien intime d'interdépendance animaux-plantes, l'instabilité du climat, l'impact crucial des plus petits organismes pour stabiliser un écosystème. Elle aborde l'Anthropocène, le "Capitalocène", l'homme devenu force géologique, l'instant qui plombe.


Comme il est ardu pour chacun de sortir de sa conscience "phénoménologique", ici et maintenant, sa conscience temporelle interne, conscience du corps , de son identité sociale , de l'ego. Y compris pour un scientifique .
C'est le voeu de l'auteur : par ces cheminements à la découverte du temps profond de la terre, elle propose le difficile exercice d'élargissement de la vision à des amplitudes géologiques. Comme il serait beau de donner à tous nos gestes du quotidien "une dimension cosmologique" !


Merci à babelio et aux éditions Quanto.
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Depuis la révolution copernicienne des 17ème et 18ème siècles, nous savons que notre planète ne trône pas au centre de l'Univers. Les découvertes de Darwin ont ensuite montré que l'Homme n'est qu'un animal parmi d'autres, chaque espèce ayant évolué dans sa voie à partir d'ancêtre communs.
Les archéologues et les cosmologistes nous montrent que le temps de vie de l'humanité est insignifiant au regard des temps géologiques. Il est possible que les traces ou témoignages les plus durables que les humains laisseront soient celles de nos polluants et de leurs effets (radioactivité, changement climatique,…), à moins que ce ne soient finalement les sondes Pioneer 10 et 11, chacune avec sa plaque gravée représentant un homme et une femme, ainsi que la position du système solaire.

Helen Gordon nous fait voyager dans l'espace (vers des sites géologiques ou archéologiques remarquables), et dans le temps ("profond"), mettant en exergue les travaux des chercheurs. Les thématiques abordées sont variées (des « clous d'or »*, aux couleurs des dinosaures, en passant par d'autres formes de vies disparues), avec un fil conducteur : le temps (long) passé et à venir.
Les effets de la tectonique des plaques ne se limitent pas à de spectaculaires volcans et aux séismes meurtriers et dévastateurs pour les constructions humaines : elle permet aussi le recyclage des matériaux de la croute terrestre.
Ce livre aborde aussi la manière dont les humains marquent la planète. de nombreux archéologues estiment que nous sommes entrés dans l'ère de l' "anthropocène", mais peu s'accordent sur la date de son début (invention de l'agriculture, révolution industrielle et les importants rejets de carbone dans l'atmosphère qu'elle a occasionnée, premier essais nucléaires,…).
L'auteure présente les projets d'enfouissement de déchets nucléaires de longue vie sur les sites d'Onkalo (Finlande) et de Bure (France). Y laisser des déchets, qui seront dangereux pendant plus de 100 000 ans n'est pas un cadeau pour ceux qui resteront après nous. Il semble qu'il s'agisse néanmoins de la moins mauvaise des solutions dont nous disposions ! Ne pas produire ces matières radioactives serait certainement beaucoup plus pertinent, mais nos dirigeants ne pratiquent la prospective qu'à l'échéance de leurs mandats en cours…

Cette lecture n'est pas seulement une grande leçon d'humilité, elle est aussi l'occasion de prendre un peu de recul par rapport à des soucis quotidiens finalement relativement insignifiants.

Merci à Babelio et à l'éditeur (opération Masse Critique).

* le clou d'or est un repère enfoncé entre deux étages géologiques dont la délimitation permet de définir une nette séparation entre deux périodes géologiques datées
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Wow! Ce livre est incroyable! "Le temps profond de la Terre" écrit par Helen Gordon est un recueil d'histoires géologiques et de culture générale. C'est un peu dans la lignée des "Histoires naturelles" du regretté Stephen Jay Gould. C'est d'ailleurs quasi au même niveau pour moi, du moins j'y ai pris le même plaisir!

La première partie "Roche et Glace" discute du temps long, de la faille de San Andreas, du supervolcan italien, du réchauffement climatique à travers les glaces du passé, de la charte stratigraphique et de sa construction ou encore du business des météorites. Des sujets variés partant de rencontres ou de visite à travers le monde.

La seconde partie se focalise sur "les plantes et créatures" du passé. On y découvre l'histoire de Mary Anning et ses ammonites, on y discute dinosaure ou couleurs des espèces du passé.

Enfin, la dernière partie nous remet en question au sein des "paysages humains". Doit-on parler d'anthropocène? Comment les roches des villes interrogent sur la géologie et la mondialisation? Que deviendront nos déchets nucléaires et quels traces laisserons nous?

Tant de questions, de sujets passionnants dans ce bouquin que j'ai dévoré rapidement! Un grand merci à Quanto et Babelio pour cette découverte!
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La recherche de la faille est presque une métaphore de la recherche du temps profond : ce qui est difficile à voir depuis le sol ou depuis l'intérieur du temps humain apparaît lorsque nous prenons du recul ou que nous recentrons notre esprit sur cette autre échelle.
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Video de Helen Gordon (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Helen Gordon
L'histoire de la Terre est partout autour de nous sans que nous y prêtions attention. Elle se devine dans les courbes des montagnes, les subtilités de la végétation, les marbres et les calcaires de nos villes. La géologie est une porte ouverte sur des infinis de temps et d'espace, et les poussières d'instants de nos existences. C'est à une découverte du temps profond, celui qui se compte en millions d'années, que nous invite l'écrivaine et journaliste Helen Gordon. Dans ce livre sensible, salué par le public et la critique, nous la suivons dans son périple à travers les paysages d'Europe et d'Amérique du Nord, au fil de ses rencontres avec des glaciologues, des paléontologues et des sismologues. Des restes fossiles de la plus ancienne forêt connue à la menace sourde de la faille de San Andrea, de la traque de météorites aussi vieilles que le Soleil à celle des couleurs des dinosaures, à chaque étape resurgit un passé si vertigineux que notre esprit peine à le formaliser. Tout comme l'est le futur lointain, qui pose la question des traces que nous laisserons de notre passage.
https://www.epflpress.org/produit/1062/9782889154760/le-temps-profond-de-la-terre
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