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Santiago Artozqui (Traducteur)
EAN : 9782253195795
240 pages
Le Livre de Poche (02/11/2023)
3.61/5   18 notes
Résumé :
Le premier recueil de poèmes d’Amanda Gorman, incluant « La colline que nous gravissons », déclamé lors de l’investiture de Joe Biden, explore les thèmes de l’identité, du deuil et de la mémoire, et dévoile une voix poétique d’une force inoubliable.

Ce livre est une bouteille à la mer.
Ce livre est une lettre.
Ce livre est sans concession.

Amanda Gorman, la poétesse qui a marqué l’Amérique et le monde en récitant « La col... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Amanda Gorman, jeune poétesse connue pour sa prestation scénique poétique, durant l'investiture de Joe Biden, nous propose ici un recueil complet, assez fouillé, utilisant divers aspects de l'art poétique comme la prose, les vers, les calligrammes, les lettres, les rapports, et même le questionnaire sondagier. Bric à brač amusant pouvant néanmoins déstabiliser le lecteur, mais l'autrice a su avec pertinence alterner les différentes parties polymorphes de son oeuvre, pour en faire une force créatrice constructive intéressante. Car en abordant le fond, on sent deux directions intangibles, premièrement la pandémie de covid a bouleversé nos vies et révélé la mémoire des temps anciens avec ses cataclysmes identiques, comme la grippe espagnole de 1918. Deuxièmement, cette pandémie a montré le bon et le mauvais côté de l'humanité, comme ce fut le cas en 1918. En revivant ces moments douloureux, l'autrice fait se réveiller les mémoires diverses, en particulier celles des opprimés, des oubliés d'une Amérique toujours confrontée à ces vieux démons d'antan, tels le racisme et la ségrégation des minorités. En 2020 ou 1918, les victimes restent les mêmes en grande majorité, les plus précaires, les plus pauvres, n'ayant pas l'accès aux soins, la poétesse constate une répétition de l'histoire un peu lassante face aux événements imprévus de l'histoire. Si l'autrice relate un peu de son histoire personnelle et familiale, elle demeure d'une philosophie universaliste et non-communautariste, au contraire d'autres militants américains souvent trop enclin à tomber dans un wokisme dangereux. Ce recueil de poésie riche et original reste un excellent témoignage de cette période troublée, il demeure également un message d'espoir, pour une Amérique qui se cherche, ne sachant pas vraiment dans quelle direction aller ?
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Vous vous souvenez peut-être de cette jeune femme noire, spectaculaire avec son manteau jaune et son serre-tête rouge, déclamant un poème puissant lors de l'investiture de Biden.
Souvent la poésie ce sont de petits livres, qui paraissent écrits avec minutie et difficulté ; ici, Amanda Gorman semble écrire comme elle respire (même si, bien entendu, c'est difficile pour elle aussi.)
Fondamentalement : respirer.
Comment a-t-on respiré sous les masques pendant la pandémie ?
Comment l'esprit a-t-il respiré, loin de la culture et des amitiés ?
Au début cela semble un peu des plaintes de jeune femme privée de sorties et de ses proches, contrainte à l'enfermement et à la solitude. On est triste pour elle, mais… (Moi qui ai vécu le confinement comme une parenthèse enchantée, j'ai eu du mal à m'identifier.)
Puis le propos s'élargit :
"Les funérailles sans les familles.
Les mariages en souffrance.
Les naissances en isolation.
Que plus jamais personne
Ne doive commencer, aimer, ou finir, seul."
La pandémie est mise en relation avec des documents historiques sur la grippe espagnole de 1918. Elle est décrite par analogie avec les animaux en cage, avec le récit du naufrage du bateau heurté par un cachalot (à la source de Moby Dick), dont les marins avaient survécu de cannibalisme.
Puis le propos s'élargit encore : parce qu'Amanda Gorman appartient à une population qui dans l'Histoire a été confinée, enfermée, privée de droits et de liberté.
"L'année dernière nous sommes entrés dans un ascenseur.
Nous avons poliment demandé à la dame blanche derrière nous
Si elle voulait bien prendre le suivant
Afin de préserver la distanciation sociale.
Son visage s'embrasa comme une croix dans la nuit.
VOUS VOUS MOQUEZ DE MOI ? hurla-t-elle."
Les formes sont très variées, pleines d'invention. C'est sous forme de scénario de film qu'elle retrace une chronologie, incluant le COVID, Joe Biden, la mort de George Floyd et de Breonna Taylor, les incendies… Inventive aussi est la mise en page : phylactères, calligrammes, effacements entre les lettres, jeu du pendu, et même du Morse (ce qui rend la lecture un peu fastidieuse par endroits.)
Harmonieusement traduit par Santiago Artozqui.
Challenge Poévie
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Si j'ai été un peu déstabilisée par la forme choisie à certains passages de ce recueil de poèmes, j'ai globalement été très touchée par les messages qu'essaye de faire passer l'auteure à travers ses écrits. C'était beau, c'était touchant, c'était poignant, et même si certains écrits m'ont davantage parlé que d'autres, ce livre a su nourrir ma réflexion sur plusieurs sujets importants.
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J'avais très envie de découvrir ses poèmes depuis le fameux jour où j'avais entendu « La colline que nous gravissons « lors de l'investiture du président Biden.
Je me posais un tas de questions : quel genre de poésie écrit-elle ? A quoi ça peut ressembler ?
Gorman parle de l'actualité, parfois très précisément, de ce qui « nous » marque, la crise du COVID, par exemple. Elle emploie un « nous » à dessein. Gorman parle de nous, humains, de nos vies, de la façon dont nous résistons, de la façon dont nous existons/survivons pendant une pandémie. Et là, le sujet est universel.
Ses mots frappent juste et les formes utilisées m'ont vraiment plu (même si je n'ai rien trouvé de spécialement original).
Elle parle également des émeutes raciales des années 1960, de l'esclavage ; elle fait un parallèle pandémie COVID/ grippe espagnole 1918, cite beaucoup, aussi. Les notes de de fin de volume sont précieuses.
Lien : https://imaladybutterfly.wor..
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
LE MANIFESTE DU NAVIRE

Le pire serait derrière nous, parait-il.
Pourtant, nous demeurons tapis à l'orée de demain,
Figes dans nos foyers tels des fantômes acéphales,
Attendant de nous rappeler exactement
Ce que nous sommes censés faire.

& nous sommes censés faire quoi, exactement ?
Écrire une lettre au monde en tant que fille du monde.
Nous écrivons tandis que le sens s'évanouit,
Nos mots sont de l'eau qui coule sur un parebrise.
Le diagnostic du poète est que notre vécu
S'est déjà formé en un rêve fiévreux,
Aux contours arrachés à la boue de l'esprit.

Pour répondre de ses actes il faut les rapporter :
Non ce qui a été dit, mais ce que cela voulait dire.
Non pas les faits, mais ce qui a été ressenti.
Ce qui était su, même sans être nommé.
Notre plus grande épreuve sera

Notre témoignage.
Ce livre est une bouteille à la mer.
Ce livre est une lettre.
Ce livre est sans concession.
Ce livre est éveillé.
Ce livre est une veillée.
Car qu'est donc une archive sinon un jugement ?
La capsule capturée ?
Un dépositaire,
Une arche articulée ?
&le poète, le gardien
Des fantômes & des gains,
De nos démons & de nos rêves,
De nos hantises & de nos espoirs,
À la préservation
D'une lumière si terrible.
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Les vies noires comptent,
Quoi qu'il arrive.
Les vies noires sont dignes d'être vécues,
Sont dignes d'être défendues,
Sont dignes de chaque combat.
A ceux qui sont tombés nous devons cette lutte,
Mais c'est à nous-mêmes que nous devons de ne jamais rester à genoux
Quand l'instant nous appelle à résister.
(extrait de "La fureur & la Loi")
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Nous n’allons pas remuer des pierres.
Nous allons bâtir des montagnes.
(...)
C’est plus qu’une revendication.
C’est une promesse.
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L'ÈCOLE EST FINIE

l'annonce est tombée
Tranchant comme un coup de hache :
Tous les étudiants devaient quitter
Le campus aussi vite que possible.

Nous pensons avoir pleuré,
Nos cerveaux lessivés.
Nous tentions déjà d'oublier
Ce que nous allions vivre.
Ce que nous allions céder.

Méfiez-vous de ides de mars.
Nous reconnaissons qu'une chose
Galopante comme une rumeur
Courait entre nos rangs.
Une hémorragie de cas plus proches,
Comme une tache qui s'étale sur une nappe.
Rien n'est plus inquiétant
Qu'un titan qui se croit
À l'écart du monde.

Jour de remise des diplômes.
Nous n'avons pas besoin de toge.
Nous n'avons pas besoin d'une scène.
Nous marchons aux cotés de nos ancêtres,
Leurs tambours rugissent pour nous,
Leurs pieds marquent lourdement le rythme de notre vie.
Il est puissant d'être spolié
& de pourtant choisir de danser.
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LES HAUTS-FONDS

Prives de contact &
Affamés de lumière nous étions,
Comme une flamme inversée,
Dévorant toute chaleur jusqu'au cœur.
Le désespoir le plus intense est insatiable,
Il prend & prend & prend,
Estomac jamais rassasié.
Ce n'est pas une hyperbole.
Tout ce qui est splendide & bon & décent
N'est pas un luxe, pas quand son vide
Nous mène à l'embarcadère de la guerre.

Alors que nous sommes pétrifies,
La totalité de ce que nous avons perdu
Se propage en nous comme un fantôme.

Ce que nous avons vécu
Demeure indéchiffrable.
& cependant, nous demeurons.
& pourtant nous écrivons.
& alors, nous écrivons.
Regardez-nous avancer au dessus du brouillard
Comme un promontoire au crépuscule.
Cela emplira-t -il de fiel ?
Ou de miel ?
Pleurez.

Puis choisissez.
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