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3,91

sur 281 notes
Quel style déjà pour un premier roman! Paru en 1938, on y reconnaît déjà la patte de celui qui écrira "Le Rivage des Syrtes" une bonne dizaine d'années plus tard. Des phrases extrêmement travaillées et poétiques qui vous transportent dans un récit où l'on se complaît parfois délicieusement à se perdre.
Dans les chemins forestiers, par exemple, où les personnages s'égarent pour méditer, humer les parfums de la forêt ou préparer la tombe de quelqu'un! Car ces chemins mènent parfois à la mer, au milieu de la forêt, sur un plateau dénudé ou dans un cimetière...
L'auteur, agrégé d'histoire et de géographie, enseigne à cette époque, en 1937, à Quimper. Il a donc pu se rendre et visiter, non loin de là, Argol et ses alentours. Mais si on trouve bien un château inquiétant dans le roman, il n'a jamais existé à Argol...

On se perd aussi à s'interroger sur la réalité des personnages d'Albert, d'Heide et d' Herminien mais la violence de leurs sentiments n'est pas feinte.

Enfin, on peut être surpris de trouver une ambiance gothique dans de nombreuses scènes mais tout cela n'est que bonnes surprises. Ces aspects n'ont pourtant pas plu aux éditions Gallimard au contraire de José Corti et d' André Breton et des surréalistes en général.
Vous lirez donc, en plus d'un hommage poétique à cette partie de la Bretagne, un récit surprenant et surréaliste.

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C'est le charme de Julien Gracq, de nous faire croire que quelque chose se cache derrière ces écrits mystérieux où rien ne se passe ou presque, ces longues attentes ponctuées de minuscules incidents. Mais y a-t-il vraiment quelque chose ? Peu importe… Tant que le lecteur en a le sentiment !

Mais le château d'Argol m'a paru désespérément vide. Si j'ai été saisi par la beauté du lieu, et surtout de la massive forêt de chênes qui le borde, il n'a pas réveillé en moi le malaise sombre et l'étrange animalité qu'il est censé provoqué chez ceux qui l'habitent. Les distractions intellectuelles d'Albert, de son ami Herminien et de la belle Heide ne m'ont pas plus inspiré, et leurs personnalités m'ont semblé trop floues, mal définies.

Les descriptions sont magnifiques, de minuscules incidents méticuleusement décrits se mettent en place avant le dénouement et l'explosion de violence finale ; tous les ingrédients du ‘Rivage des Syrtes' sont là. Mais paradoxalement, je n'y ai pas retrouvé la puissance des sentiments qui habitent ce dernier et lui confèrent sa grandeur. L'attente et l'ennui, plus forts que l'amour et la haine ? Ou simplement le sentiment d'une première esquisse n'ayant fait que préparer l'oeuvre finale…
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Une lecture commune pour découvrir Julien Gracq… Je n'ai pas eu le plaisir attendu même si ça commençait plutôt bien. le style de Gracq est très descriptif sur la nature, le château, l'orage… les figures de style et autres métaphores donnent une grande ampleur à l'histoire. Seulement, plus on avance, plus ça alourdit l'ensemble, les actions ne sont jamais vraiment explicites, peu (pas ?) de dialogues entre les personnages. Dommage, l'évocation donnait bien envie de visiter ce château en Bretagne. Premier roman de Gracq, catégorisé comme surréaliste par André Breton, il a fait pratiquement l'unanimité dans notre petit club de lecture : très (très) moyen. Heureusement qu'il est court… !
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Je découvre Julien Gracq et ce premier roman est bien surprenant.
Je comprends André Breton qui a dit d'après Wikipédia qu'il s'agissait du premier roman surréaliste. Il est vrai que les surréalistes pratiquaient l'écriture automatique. Les auteurs écrivaient machinalement ce qui leur passait par la tête et cueillaient, comme des fleurs étranges, ce qui poussait de leur inconscient. Cette description ressemble "Au château d'Argol".

Le début de ce court roman qui date de 1938, est une sorte de fable campagnarde. Albert a acheté une demeure en Bretagne sans l'avoir vu. Julien Gracq raconte la découverte de ce bien par son propriétaire. Il va cheminant dans la campagne et découvre un château surprenant, un peu fantastique comme dans celui de la Belle et la Bête de Jean Cocteau.
On imagine la forêt semblable au conte, comme dans un rêve. Albert ne restera pas longtemps seul puisque son ami Herminien dit le docteur Faust viendra le retrouver ainsi que la belle Heide.
À partir de ce moment-là tout devient étrange. Il y a de longues descriptions de paysages, des promenades d'Albert et de Heide amoureux, des trois amis qui nagent au large comme s'ils voulaient se noyer mais aussi des moments plus tragiques autour de la mort et de Heide retrouvée violée. Ce n'est pas écrit comme cela, uniquement suggéré et c'est comme si l'espace et le temps étaient déréglés. On se demande s'ils sont dans la réalité ou s'il s'agit de songes ou de fantasmes.
Julien Gracq évoque une surnaturelle exaltation comme dans une Gravure de Dürer et il est très difficile de suivre l'histoire.
Je n'ai donc pas tout compris mais ce que je retiens ce sont les envolées lyriques avec de très longues phrases, un style très particulier, un peu vieillot, mais qui se reconnaît par son originalité.


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Surréaliste selon le coeur d'André Breton, le roman "Au château d'Argol" ? Dès les premières pages on a l'impression de lire la copie d'un élève très doué imitant les grands auteurs romantiques du dix-neuvième. C'est rempli de formules convenues qui semblent tout droit sorties du Dictionnaire des idées reçues : les ténèbres sont "profondes", le travail est "riche", les vallées "profondes" (encore !), le vert "tendre" et la forêt "sauvage". Les lieux communs se ramassent à la pelle, et que dire d'un jeune godelureau de quinze ans qui demeure inflexible envers ses parents sur ses projets d'avenir et qui a déjà le dégoût des femmes ? On a envie de le lui faire passer avec une bonne fessée tant que la loi le permet encore, et pas du genre érotique. Par ailleurs un pot-pourri De Lamartine, de Goethe, de Nerval, De Balzac ( ah les longuettes descriptions !) et de bien d'autres qui ne vécurent pas, eux, au 20 ème siècle, et dont la langue était novatrice. Il semble même que Julien Gracq ait entendu parler du mythe d'Ophélie ! En tous cas il ne se prive pas d'utiliser la fascination exercée par le sang et son lourd symbolisme.
J'ai cru lire tout du long une parodie du style classique.
PS : on me dit que je devrais me tenir mieux informée car la loi interdisant la fessée a été votée. Je ne peux que m'en réjouir, mais j'aurais bien toléré une petite exception envers Albert !
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AU CHÂTEAU D'ARGOL de JULIEN GRACQ
Albert issu d'une famille riche et noble vient d'acheter le château d'Argol sans le visiter sur les recommandations d'un ami. En arrivant à pied il découvre les murs de grès bleu, le toit en terrasse, les fenêtres basses, un intérieur tout blanc, des couvertures jetées éparses, des tapisseries murales et des vitraux aux fenêtres. Un fort orage secoue la forêt de Storrvan qui entoure le château alors qu'Albert se promenait. En rentrant, il découvre un pli de son ami Herminien qui lui annonce sa visite avec Heide qu'Albert ne connaît pas. En attendant il reprend son étude sur Hegel, l'analyse de la chute de l'homme. Bonheur de retrouver Herminien et choc de découvrir Heide qui remplit à elle seule le château, la forêt et les environs, à peine terrestre, presque surnaturelle, chaque salle semble être commandée par sa voix. Il y a entre Herminien et Heide une sorte de reconnaissance mutuelle mais lorsque Heide et Albert vont monter sur la tour et qu'elle l'embrassera fougueusement, tout va se transformer.
Récit sans dialogue, attente d'une apparition merveilleuse, on baigne, dans ce premier roman de Gracq, en plein surréalisme, avec un héros marqué par Hegel qui attend la chute pour sa rédemption dans un paysage dont la description préfigure les drames. Impressionnante écriture.
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J'ai lu ce roman de Julien Gracq trois fois, au moins. C'est dire combien ce livre, par son mélange savamment pesé de mystère et de suspense, me fascine. Et le plus incroyable, c'est que je ne me lasse pas de relire certains passages, de temps à autres.
Trois personnages apparaissent, puis disparaissent, au fil du récit : Albert et Herminien, deux amis de longue date, appartenant tous deux à cette espèce fort rebutante que sont les philosophes (rires). Puis, entre ces deux-là s'immisce une certaine Heide qui, comme l'on pouvait s'y attendre, ne manquera pas de renverser l'ordre établi, à force d'affections et de baisers volés. La machine s'enraye, pour faire place à la Mort, titre du dernier chapitre du roman.

Ce n'est pas tant le canevas que je trouve merveilleux (d'ailleurs il n'a rien de si original), que la présence, surabondante, omniprésente, de la nature, ainsi que cette inépuisable variété dont le narrateur fait preuve pour décrire le lien instinctif qui lie le déchaînement des éléments à celui des passions. La rage de la tempête et celle des émotions ne m'ont jamais paru si bien concorder que sous la plume de Gracq. Quelle sensualité que celle de la Nature dans ce roman, nature qui est peut-être, en définitive, le seul véritable personnage.

Une pure merveille, et que je vous recommande chaleureusement ! :)
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"Au château d'Argol" en 1938, tout comme "Un beau ténébreux" en 1945, sont les deux "oeuvres de jeunesse" de l'auteur : pour "Argol", il s'y ébattait dans toutes les libertés de ses 28 ans et sa vénération pour l'oeuvre d'André Breton (lui-même grand admirateur du "Moine" de Matthew Gregory LEWIS) : il faut donc pardonner à l'auteur - du moins pour ces deux oeuvres - leurs imperfections stylistiques manifestes... et le côté "expérimental" (chaotique ?) de maints passages de l'oeuvre. Ceci dit, les images mouvantes de la chapelle des abîmes (avec l' "océan de feuilles" émeraude bruissant derrière les vitraux brisés) comme les scènes de chevauchées sur la grêve bretonne noyée de pluie sont les images-mêmes de l'Imaginaire romantique et de la "Matière de Bretagne" - que je trouve, pour ma part, inoubliables... Mais peut-être doit-on commencer l'exploration du "Continent Gracq" - véritable PanGée - par son merveilleux (et désormais "classique") "Un balcon en forêt" (1958) et arriver ensuite - paisiblement - à la perfection minérale et météorologique de "Le Rivage des Syrtes" (1950)... Amitié à tous !
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Trois saisons orageuses au château d'Argol qu'Albert achète sans le voir et dont il ne finit pas de découvrir les salles, les terrasses, les passages secrets, le domaine et ses bois, ses sources, ses allées et sa chapelle incompréhensiblement entretenue. Argol est le premier personnage de ce roman gothique où les trois humains sont des fantômes, Albert, Herminien et Heide, élégants et sanglants fantômes inspirés du Being Beauteous des Illuminations et des Chants de Maldoror. L'intrigue est simple : Albert est riche et beau, il lit Hegel, Herminien est un ami suspect, Heide une victime sacrificielle et ces deux-là meurent deux fois. Quant à la forme, elle est belle, inventive, maniérée jusqu'à l'indigestion avec des transitions surprenantes du passé au présent et une masse de mots rares ou superlatifs, de répétitions, d'italiques, de majuscules et de pluriels de majesté.

Gracq est un écrivain tardif et le château d'Argol un chef-d'oeuvre comme en font les Compagnons du Devoir, un chef-d'oeuvre adolescent.
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C'est avec Au Château d'Argol que je découvrais la plume de Julien Gracq et, pour ainsi dire ... je trouve cela sublime! D'abord surpris par un style un peu mystérieux et envoûtant, l'oeuvre m'a totalement conquis comme les passions ont conquis nos trois personnages. On rentre de suite avec Herminien, Albert et Heide tout en gardant une certaine distance par le côté un peu surréaliste du roman. de ce fait, nous sommes balancés constamment entre le regard des personnages et celui de la nature même, qui occupe une place d'honneur dans l'oeuvre. En effet, le génie de Gracq a parfaitement réussi à faire ressentir aux lecteurs les sensations et les sentiments de notre trio rien que par les mouvements flous et parfois sombres de la nature environnant ce château si mystérieux et de son atmosphère parfois pesante. Bref, un chef d'oeuvre à découvrir sans hésitation!
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