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3,91

sur 281 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est le charme de Julien Gracq, de nous faire croire que quelque chose se cache derrière ces écrits mystérieux où rien ne se passe ou presque, ces longues attentes ponctuées de minuscules incidents. Mais y a-t-il vraiment quelque chose ? Peu importe… Tant que le lecteur en a le sentiment !

Mais le château d'Argol m'a paru désespérément vide. Si j'ai été saisi par la beauté du lieu, et surtout de la massive forêt de chênes qui le borde, il n'a pas réveillé en moi le malaise sombre et l'étrange animalité qu'il est censé provoqué chez ceux qui l'habitent. Les distractions intellectuelles d'Albert, de son ami Herminien et de la belle Heide ne m'ont pas plus inspiré, et leurs personnalités m'ont semblé trop floues, mal définies.

Les descriptions sont magnifiques, de minuscules incidents méticuleusement décrits se mettent en place avant le dénouement et l'explosion de violence finale ; tous les ingrédients du ‘Rivage des Syrtes' sont là. Mais paradoxalement, je n'y ai pas retrouvé la puissance des sentiments qui habitent ce dernier et lui confèrent sa grandeur. L'attente et l'ennui, plus forts que l'amour et la haine ? Ou simplement le sentiment d'une première esquisse n'ayant fait que préparer l'oeuvre finale…
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Une lecture commune pour découvrir Julien Gracq… Je n'ai pas eu le plaisir attendu même si ça commençait plutôt bien. le style de Gracq est très descriptif sur la nature, le château, l'orage… les figures de style et autres métaphores donnent une grande ampleur à l'histoire. Seulement, plus on avance, plus ça alourdit l'ensemble, les actions ne sont jamais vraiment explicites, peu (pas ?) de dialogues entre les personnages. Dommage, l'évocation donnait bien envie de visiter ce château en Bretagne. Premier roman de Gracq, catégorisé comme surréaliste par André Breton, il a fait pratiquement l'unanimité dans notre petit club de lecture : très (très) moyen. Heureusement qu'il est court… !
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Je découvre Julien Gracq et ce premier roman est bien surprenant.
Je comprends André Breton qui a dit d'après Wikipédia qu'il s'agissait du premier roman surréaliste. Il est vrai que les surréalistes pratiquaient l'écriture automatique. Les auteurs écrivaient machinalement ce qui leur passait par la tête et cueillaient, comme des fleurs étranges, ce qui poussait de leur inconscient. Cette description ressemble "Au château d'Argol".

Le début de ce court roman qui date de 1938, est une sorte de fable campagnarde. Albert a acheté une demeure en Bretagne sans l'avoir vu. Julien Gracq raconte la découverte de ce bien par son propriétaire. Il va cheminant dans la campagne et découvre un château surprenant, un peu fantastique comme dans celui de la Belle et la Bête de Jean Cocteau.
On imagine la forêt semblable au conte, comme dans un rêve. Albert ne restera pas longtemps seul puisque son ami Herminien dit le docteur Faust viendra le retrouver ainsi que la belle Heide.
À partir de ce moment-là tout devient étrange. Il y a de longues descriptions de paysages, des promenades d'Albert et de Heide amoureux, des trois amis qui nagent au large comme s'ils voulaient se noyer mais aussi des moments plus tragiques autour de la mort et de Heide retrouvée violée. Ce n'est pas écrit comme cela, uniquement suggéré et c'est comme si l'espace et le temps étaient déréglés. On se demande s'ils sont dans la réalité ou s'il s'agit de songes ou de fantasmes.
Julien Gracq évoque une surnaturelle exaltation comme dans une Gravure de Dürer et il est très difficile de suivre l'histoire.
Je n'ai donc pas tout compris mais ce que je retiens ce sont les envolées lyriques avec de très longues phrases, un style très particulier, un peu vieillot, mais qui se reconnaît par son originalité.


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"Au château d'Argol" en 1938, tout comme "Un beau ténébreux" en 1945, sont les deux "oeuvres de jeunesse" de l'auteur : pour "Argol", il s'y ébattait dans toutes les libertés de ses 28 ans et sa vénération pour l'oeuvre d'André Breton (lui-même grand admirateur du "Moine" de Matthew Gregory LEWIS) : il faut donc pardonner à l'auteur - du moins pour ces deux oeuvres - leurs imperfections stylistiques manifestes... et le côté "expérimental" (chaotique ?) de maints passages de l'oeuvre. Ceci dit, les images mouvantes de la chapelle des abîmes (avec l' "océan de feuilles" émeraude bruissant derrière les vitraux brisés) comme les scènes de chevauchées sur la grêve bretonne noyée de pluie sont les images-mêmes de l'Imaginaire romantique et de la "Matière de Bretagne" - que je trouve, pour ma part, inoubliables... Mais peut-être doit-on commencer l'exploration du "Continent Gracq" - véritable PanGée - par son merveilleux (et désormais "classique") "Un balcon en forêt" (1958) et arriver ensuite - paisiblement - à la perfection minérale et météorologique de "Le Rivage des Syrtes" (1950)... Amitié à tous !
Lien : http://fleuvlitterature.cana..
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Trois saisons orageuses au château d'Argol qu'Albert achète sans le voir et dont il ne finit pas de découvrir les salles, les terrasses, les passages secrets, le domaine et ses bois, ses sources, ses allées et sa chapelle incompréhensiblement entretenue. Argol est le premier personnage de ce roman gothique où les trois humains sont des fantômes, Albert, Herminien et Heide, élégants et sanglants fantômes inspirés du Being Beauteous des Illuminations et des Chants de Maldoror. L'intrigue est simple : Albert est riche et beau, il lit Hegel, Herminien est un ami suspect, Heide une victime sacrificielle et ces deux-là meurent deux fois. Quant à la forme, elle est belle, inventive, maniérée jusqu'à l'indigestion avec des transitions surprenantes du passé au présent et une masse de mots rares ou superlatifs, de répétitions, d'italiques, de majuscules et de pluriels de majesté.

Gracq est un écrivain tardif et le château d'Argol un chef-d'oeuvre comme en font les Compagnons du Devoir, un chef-d'oeuvre adolescent.
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Gracq surprend, c'est le moins qu'on puisse dire, je serais même partagé entre l'adulation pure et simple face à un style hors du commun, et le rejet, tant justement son style peut apparaître ampoulé. La recherche de la précision, le perd parfois dans une exagération de termes, une profusion de détails qui peuvent glisser facilement de la poésie à l'ennui...A tel point qu'on perd assez facilement le fil du récit..;Il faut dire aussi que l'histoire n'est pas banale, et qu'il reste difficile dans ce contexte, de se concentrer sur l'éventuel message que l'auteur tente de nous faire passer, à moins que ce ne soit ici, qu'un exercice de style auquel l'auteur s'est amusé. Un texte rempli de qualité certes, mais qui me laisse dubitatif, l'excès voulu par l'auteur est quelquefois lassant, du coup l'histoire passe au second plan, mais c'était peut être le but....
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On dirait qu'un hybride de Proust et De Lautréamont réécrit "le chateau d'Otrante". Chaque mot à son adjectif, l'histoire n'a ni queue ni tête, on meurt, on ressuscite, et ça n'a pas d'importance. Un long poème dont l'écriture a des vertus hypnotiques (j'ai tenu jusqu'au bout), et permet de croiser quelques adjectifs un peu désuets (abstrus, fuligineux...). Une curiosité, mais qui rebutera la plupart des lecteurs.
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Après le Rivage de Syrtes, je suis restée dans la lancée Julien Gracq. Et encore une fois, je n'ai pas été super emballée.



Pourtant, j'ai beaucoup aimé le début avec ses ambiances très « romantiques ». Vraiment, j'adorai. L'écriture est sublime et vraiment je m'y voyais. D'ailleurs, le ressenti des personnages – surtout Albert — est toujours bien retranscrit. Parfois, je ressentais ce que je lisais.



Après, quand les personnages de Heide et de Herminien arrivent, j'ai commencé à sentir un peu la loose arrivée. Deux hommes meilleurs amis ; une femme qui n'est la petite amie d'aucun des deux… Oui, ça sentait mauvais.

Donc vous l'aurez compris, au niveau de l'histoire, c'était déjà perdu d'avance. Évidemment, ça ne m'a pas vraiment plus. Ceci dit, le livre se termine vraiment sur un geste particulier et j'ai vraiment apprécié. Je me risquerai à dire que l'auteur n'a pas épilogué…

De plus j'ai trouvé certains passages assez « obscurs ». Mais comme j'ai pu le lire, Breton estimait que ce livre appartenait au courant surréaliste. Je me dis que j'ai dû louper des choses.



En résumé, bien qu'il y ait vraiment des choses qui m'ont bien plu, l'ensemble ne m'a pas vraiment parlé.

Visiblement, Gracq ce n'est pas pour moi…
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Voilà pour moi un bien curieux texte : des phrases qui se répandent, ruissellent longuement ; des expressions devenues soporifiques - disons convenues pour le moins, à force d'être lues ; des impressions "gothiques" qui m'évoquent des pages écrites par Matthew G. Lewis, par Edgard A. Poe ou par Lautréamont ; un souffle de Verlaine et Rimbaud dans l'ambiguïté fondamentale des amitiés et des rapports humains.

La lecture ne m'en a pas été aisée, mais le désagrément d'être freiné, conduit par la syntaxe employée a été compensé par l'athmospère romantique, noire, saturée de désir et de désespoir qui a éveillé les souvenirs doux-amers d'une mélancolie d'adolescent.
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