Hé oui, je suis revenue vers
Jean-Christophe Grangé, après des années d'abandons, suite à quelques lectures de ses romans qui ne m'avaient pas transporté, l'un d'eux ayant même failli apprendre à voler…
Comme je ne retrouvais plus le coup de foudre de départ, avec "
Les Rivières pourpres", j'étais passée à autre chose, me promettant un jour de revenir, mais sans y croire vraiment.
Qu'est-ce qui m'a décidé ? Une critique sur Babelio où la personne (purée, je ne sais plus qui, ni sur quel roman) disait qu'il avait préféré
Lontano. Bon, je m'en vais voir ce qu'on l'on dit sur le Grangé et là, bingo, l'envie m'a pris et comme je ne le possédais pas, je suis allée le quérir en bouquinerie. Il ne m'a fallu que 3 jours pour dévorer les 953 pages.
La famille Morvan, tu n'as pas envie d'en faire partie. le père est un ancien flic, barbouze de la République, qui joue au nettoyeur pour ramasser la merde des autres, qui ment pire qu'un arracheur de dent qui ferait de la politique (c'est vous dire le niveau des mensonges), son épouse soumise à son autorité et qui se fait taper dessus, trouvant des excuses à son époux… Lui, son principal fait d'armes est d'avoir mis fin aux assassinats, au Congo, de l'Homme-Clou.
Ses enfants, pas mieux. Un trader drogué qui était déjà alcoolo à 12 ans, l'aîné qui est flic et qui a des méthodes d'interrogatoires musclées et la fille qui joue à la "tepu" (la péripatéticienne) et qui accepterait qu'on lui fourre un hamster dans la "techa" (la chatte, merde, causez verlan) du moment qu'on y met le prix.
Non, mais je te jure, l'auteur n'a pas choisi une famille honorable, chez eux, tu ouvres un placard et des squelettes en tombent. Ce n'est pas la famille Ingalls, croyez-moi.
Pourtant, l'auteur a réussi à équilibrer les personnages, leur donnant aussi des fêlures, des blessures, des petits traits qui font que même si le père est un salopard de première, on n'a pas envie de le voir tomber.
Pas moyen de s'emmerder durant les 950 pages de ce thriller, mené tambour battant, sans pour autant sacrifier la forme, le fond, l'écriture ou les personnages. On prend aussi le temps de faire connaissance avec la famille Morvan. Erwan, l'aîné qui bosse au 36 quai des Orfèvres, n'a rien d'un commissaire Maigret ou Navarro. La violence est chevillée dans son corps et est coutumier des violences policières envers les suspects.
Les meurtres n'ont rien à envier au plus déséquilibré des psychopathes. C'est horrible, dégueulasse, bref, si vous aimez les crimes propres des romans d'
Agatha Christie (ou des cosy), ici, nous en sommes loin, très loin. On devine déjà que le tueur appartient à la crème de la crème et qu'il a dû remporter la grande finale du "Top chef du Meilleur criminel". À vos marques, pâtissez ! Heu, assassinez !
Les ramifications de ces crimes iront jusqu'au Congo, la période coloniale est toujours tapie dans l'ombre, les magouilles sont toujours légion et la Belgique sera souvent citée dans le roman, et pas en bien, je le conçois… La période où Popol II était propriétaire du Congo "Belge" (1885) n'est guère reluisante.
D'ailleurs, j'ai apprécié que Erwan aille faire un tour à Namur et à Louvain… Attention, en Belgique, il y a deux villes portant le nom de Louvain, il faut bien préciser celle que l'on veut visiter. Si la France a connu des crises religieuses (catho/protestants), la Belgique a eu sa crise linguistique. Vous, c'était la foi, nous, c'est la langue.
Anybref, tous ces blablas pour vous dire que ce roman de Grangé est un véritable shoot d'adrénaline, de suspense, de drogues, de violences, d'enquêtes, de meurtres rituels, de tueur en série, de magouilles financières, de vengeance, de complots politiques, de magie noir, de relents de colonialisme, de sang, de tripes… Sans que jamais la soupe devienne aigre, infâme ou imbuvable.
Un thriller addictif, maîtrisé du début à la fin et que dont j'ai hâte de connaître la suite. Oui, il y a une seconde partie, avec des secrets non révélés, même si, dans ce premier tome, l'affaire des meurtres rituels contemporains a été résolue, me foutant un coup de pied au cul monumental.
Je suis contente d'avoir eu cette envie de me pencher à nouveau sur un roman de Grangé, de retrouver tout le sel qui m'avait fait kiffer grave ma race : son "Rivières pourpres" (pas le film, il est à chier, oups).
Là, après avoir lu la suite, je vais me pencher sur ses autres romans, des fois que je tomberais à nouveau sur une pépite.
PS : Lorsqu'Erwan mènera son enquête au royaume
De Belgique, j'ai repéré une grosse faute d'orthographe dans le panneau indicateur : Louvain, en flamand, c'est "Leuven" et non "Leuwen" (là, ça signifie "Lion" au pluriel), sauf si un petit malin de flamingant s'est amusé à faire un jeu de mot entre la ville et le drapeau flamand (un lion).
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