Ce type est dingue.
Barjo des mots, contorsionniste du verbe, kamikaze de la figure de style à triple révolution… le gars qui plus outre est un comédien brillant, c'est énervant.
Mais lire la prose à de Groodt (et non à deux balles, car la canaille vaut plus) nous prive hélas de son phrasé singulier, de son sérieux pas-sérieux, de son œil qui frisotte à chaque (bon) mot – c'est-à-dire à peu près tout le temps.
Mais lire la prose à de Groodt nous permet nonobstant de savourer ses digressions lexicales sans en perdre une muette, à condition de rester concentré (le premier qui dit tomate je le repeins en jaune poussin) et de maîtriser une solide culture générale à propos de tout et n'importe quoi, de n'importe quoi surtout.
Un recueil de chroniques allumées à déguster donc par petits bouts et par conséquent, sinon gaffe à l'indigestion, trois semaines avant la dinde aux marrons ce ne serait pas judicieux moi j'dis (cieux aussi).
Cela posé, amis du douzième degré qui jamais ne se prennent au sérieux, ce meilleur du best off de la crème du dessus du panier de la blagounette interplanétaire devrait sûrement vous plaire.
Pile à lire : + 1
Face réjouie : + 1 aussi
Dites-moi pas qu'elle est pas belle la vie.
S'il manque le phrasé, la diction et les mimiques télévisuelles de Stéphane de Groodt, ce best of littéraire n'en démontre pas moins un amour du mot, de la langue qui parfois retourne le cerveau.
Parce qu'il est d'une exigence folle et d'une culture non moins, on ressent parfois un manque de compréhension, mais ce n'est pas grave, parce que le jeu ne consiste pas à la private joke, mais bien en une poésie où chacun y trouvera SON compte, plus pour certains, moins pour d'autres.
Écrit, cela nous permet de mieux saisir les circonvolutions de l'esprit de Groodt (rien à voir avec les gardiens de la galaxie), mais il manque du coup l'instantaneité de l'épisode télé, mais dans les deux cas, Stéphane est le gardien de la richesse de sa langue, d'une folle inventivité.
Oui, il faut savoir que Picasso est un grand armateur de femmes qui naguère niqua bien des conquêtes… Et quand t’es espagnol, souvent les conquises t’adorent. Je me dirige donc vers lui et demande à Pablo est-ce qu’au bar on peut discuter ? C’est à ce moment-là que son ex, Dora, triste, qui commence à en avoir Maar, me montre la sortie.
Aussitôt, René m’agrippe et me demande de ne piper mot car, quand elle se braque, Maar, faut pas trop la chauffer.
[à NY avec Strauss-Kahn ]
On finit quand même par échanger quelques réflexions, mieux vaut queutard que jamais, sur Big Apple et ses pépins, ses amis de trente ans qui lui ont tourné le dos, et les autres qui au contraire n’osent pas…
Il évoque enfin son Désir de revoir Harlem, seul homme, me dit-il, capable de permettre à la France d’avoir un jour un beur Président.
… je pris la direction de Genève en métro, l’helvète underground, afin de rencontrer Jérôme Cahuzac en personne. Tellement en personne d’ailleurs, que c’est précisément personne qui est venu. Bien décidé à ne pas reculer, mais pas bien avancé non plus sur le cas Uzac, je décidai de m’éloigner du lac Léman. De ses berges et de ses barges, et de tourner l’alpage du roman de ce fisc caché.
[Chez Steve Jobs]
... quand je lui demande si chez Microsoft tout est à jeter, l’inventeur du Mac-Pro-s’tâte, et finit par m’avouer que même s’il lui arrive de se réveiller en pleine nuit avec une forte envie de PC, à jamais, pour Steve, Mac wins.
[Lady Di]
Ensuite arriva dans son dos, Dodi, dodu, mais très élégant dans son posthume trois-pièces acheté chez Harrod’s, l’équivalent pour nous des galeries AlFayed.
Orgueil et ..., de Jane Austen ?