AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,2

sur 100 notes
5
15 avis
4
14 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Face à l'accroissement des inégalités sociales, à la dégradation progressive de notre environnement, au processus de création des richesses par la dette et la spéculation, au détriment de l'humanité à venir, tout cet inacceptable que nous avons accepté, Frédéric Gros en appelle à une « démocratique critique", définie par le refus des évidences consensuelles, des conformismes sociaux, du prêt-à-penser. Ce "soi politique" alimente la désobéissance.

Considérée pendant des siècles comme l'expression de « l'instinct sauvage », la désobéissance s'humanise avec Eichman, Hannah Arendte et la banalité du mal.

Frédéric Gros décortique les mécanismes de l'obéissance, qui dérive en sur-obéissance et de ses réponses : insoumission, objection de conscience et désobéissance civique. Celles-ci se basent sur une éthique de la responsabilité, responsabilité face au monde et face à soi-même

C'est un livre relativement bref quoique très dense, qui s'appuie sur l'apport de nombreux philosophes, de Socrate à Foucault en passant par Kant et La Boétie, et s'appuie sur des exemples d'obéisseurs (Eichman, expériences de Asch et de Stanley Milgram) et de désobéisseurs célèbres (Antigone, Adam et Eve, Thoreau... ). L'érudition n'empêche pas les talents de conteur et la fluidité d'écriture; l'intelligence de l'auteur donne à la lectrice l'impression qu'elle la partage, ou du moins est apte à en cueillir de nombreuses retombées enrichissantes. C'est une belle stimulation intellectuelle, à l'exacte portée de mes faibles compétences "philosophiques", une invitation à s'engager, encourageante en ces temps où la rébellion devrait le disputer à l'uniformité.
Commenter  J’apprécie          60
Pour commencer, je remercie les Éditions Albin Michel et Mass Critique de Babelio pour l'envoi de ce livre. Cet essai philosophique se lit avec beaucoup d'intérêt et se révèle sous bien des aspects passionnant. Pour étayer son propos, l'auteur décortique, analyse différents travaux d'autres penseurs et prend aussi des exemples dans les grandes figures de l'obéissance et de la désobéissance qui ont jalonné les siècles. C'est intelligent, instructif. Frédéric Gros fait appel à Michel Foucault, Hannah Arendt, La Boétie, Socrate et beaucoup d'autres….
Il part du constat que ce monde va mal, que les inégalités se creusent, que l'environnement se dégrade et qu'un nouveau capitalisme sclérose la société. Il est temps de créer une démocratie critique. Il est temps que l'individu trouve un soi politique.
Dans un va-et-vient perpétuel, Frédéric Gros abordera l'obéissance et la désobéissance, l'un n'allant pas sans l'autre, l'un justifiant l'autre. L'esclave obéit aux ordres du système, parfois, aux injonctions d'un seul homme quand bien même il serait tyran. L'obéissance fait partie de la foi chrétienne dans le sens où elle sert l'humilité, la sujétion voire l'abnégation.
Antigone est à la fois un emblème de la désobéissance, désobéissance à Créon mais aussi de l'obéissance à un ordre plus profond celui de la famille. La fille d'Oedipe aura la volonté d'enterrer coûte que coûte son frère. Elle fera face aux hommes, féministe avant l'heure.
L'auteur développe aussi ce que Hannah Arendt nomme « La bêtise d'Eichmann », cette volonté de surobéir qui fera de cet individu, celui qui ne veut pas savoir, qui entretiendra la monstrueuse banalité du Mal.
Thoreau, refuse de payer ses impôts, refuse d'obéir à la règle commune. C'est l'exigence d'une conscience qui le porte, la conception d'un « moi indélégable ». La dissidence civique, l'objection de conscience participent de ce moi qui décide. Cette notion de « moi indélégable » va soutendre toute la fin de l'essai de Frédéric Gross. Car désobéir devient un acte responsable, éthique, une recherche de soi. La pensée philosophique, comme la volonté perpétuelle d'atteindre la vérité, nous mène vers la désobéissance.
Ma lecture est sans doute partielle, car ce livre est loin d'être superficiel. Il demande analyse, il bouscule, sûrement, dans nos à priori si faciles. En tout cas, il m'a amené plusieurs réflexions sur notre société et c'est peut-être l'un de ses objectifs.
À l'heure où on voit la faillite des grandes idéologies, communisme, socialisme, la démocratie semble en péril. Même le capitalisme effréné ne peut satisfaire qu'une poignée d'individus nantis. La désobéissance civique ne se remarque-t-elle pas dans ces formidables taux d'abstention aux différentes élections ? L'économie est devenue le fer de lance du politique. Tout se joue à coût d'indices de croissance, de taux de chômage et autres signes économiques qui nous enferment dans notre impuissance. On voit surgir quelques mouvements sporadiques de résistances, Nuits Debouts, ZAD et autres partis que certains considèrent comme populistes, mais pour la plupart, nous acceptons un État conduit par des élites qui sont sensées nous représenter. Aujourd'hui, si on parle d'une révolution, c'est celle du numérique. Dans cette société hyperconnectée, le tweet résume souvent une pensée politique, la communication se fait par écran interposé sans analyse, avec son cortège de frustrations et de mensonges. Un retour sur soi n'est-il pas salutaire, voire nécessaire ?
Vivre un soi politique qui serait avant tout une quête de sens individuelle, une remise en cause personnelle pour bien sûr envisager le collectif. Ne pas avoir peur de sa liberté, refuser son obéissance, penser sa désobéissance. Cela demande, avant tout, un travail sur soi. Ainsi ce mouvement participe à l'autre et de l'autre et il entre dans une dynamique collective.
Dans ce monde et pour ce monde, nous avons besoin d'espérance. Cette espérance nous la puiserons en nous-mêmes. Elle déterminera notre résistance, nos désobéissances et peut-être de nouveaux horizons politiques.
Lien : https://valeriehervy.wordpre..
Commenter  J’apprécie          60
A toi ami lecteur, amoureux de l'Antigone de Sophocle et d'Anouilh.
A toi qui aime l'esprit libertaire de Thoreau.
A toi qui souhaite découvrir, mieux comprendre, la désobéissance civile, son histoire, son rôle, ses multiples formes, son actualité et son urgence.

Je te conseille la lecture de cet essai passionnant de Frédéric Gros.

Pourquoi obéissons-nous ? Comment désapprendre à accepter l'intolérable?

Dans son essai, Frédéric Gros lève l'étendard de la désobéissance civile. Il ne s'agit pas d'un guide pour apprendre à désobéir mais pour comprendre les rouages de notre obéissance automatique, de notre soumission.

Nous comprenons qu'il est non seulement possible mais urgent de résister, de se révolter, de transgresser les règles établies, de désobéir afin de ne pas être complice d'idées, d'actes, de pouvoirs, qui nous apparaissent comme illégitimes.

Merci à Babelio de m'avoir permis de découvrir ce magnifique ouvrage philosophique!
Commenter  J’apprécie          52
Aujourd'hui, de nombreuses circonstances devraient nous amener à nous révolter : l'accentuation des injustices sociales, la dégradation progressive de notre environnement, et « ce qu'on appelle le ‘'capitalisme'' diffus » qui enveloppe les deux précédents.
Alors, pourquoi laisser faire, pourquoi ne pas désobéir ?
Frédéric Gros va poser la question de la désobéissance à la lumière de ce qu'est l'obéissance. Il ne va donc pas aborder les mouvements sociaux d'opposition qui font entendre leur voix, mais va tenter d'analyser pourquoi il est si facile de suivre sans bouger. C'est donc une réflexion avant tout philosophique de la désobéissance. Un peu ardu mais intéressant à lire, avec de nombreuses références, de textes aussi bien religieux que philosophiques et historiques.
Commenter  J’apprécie          50
Voici un tome d'actualité proposant un questionnement intéressant.
"Désobéir" propose ainsi une histoire de la désobéissance, dont le début m'a paru quelque peu obscur et j'ai dû m'y reprendre à plusieurs fois pour démêler les divers fils de la trame, abordant la désobéissance avant tout à travers les mécanismes de l'obéissance. Aussi passionnant qu'effrayant.
Un seul petit bémol, même pour une lectrice de non-fiction stimulée par la complexité de sujets à mille lieues de ses lectures principales, j'ai trouvé le livre difficile à lire, malgré de nombreux exemples concrets et clairs, dans un contexte de décompression intense et le mois aloué par Babélio pour lire et livrer une petite critique était bien nécessaire: tant d'angles sont couverts dans "Désobéir" et mes références philosophiques étant bien superficielle, que j'ai souvent dû relire en diagonale un chapitre avant de passer au suivant.
Néanmoins, je recommanderais sans hésiter ce livre à mes amis férus de philosophie et de politique et friands de désobéissance par les temps qui courent.
Commenter  J’apprécie          51
Dés-obéir est un petit livre rouge à lire aujourd'hui.
Une langue accessible, des références documentées et explicitées, une progression claire de la pensée incitent la lectrice·le lecteur à ce voyage vers soi-même et vers sa dés·obéissance.
Dés·obéir, c'est obéir à soi-même comme responsable dans le monde, non pas que mon action va être déterminante et changer le monde. Mais si je n'entreprend pas cette action, je dois accepter mon choix de vivre tout le reste de mon existence avec celle·celui qui a renoncé: moi-même.
La dés·obéissance est encore autre chose qu'un principe ou une valeur. Elle demande une démarche philosophique: quelle est l'instance devant laquelle j'assume ma responsabilité de dés·obéissance?
Un livre politique au sens où il incite à un engagement dans la cité, c'est à dire dans la société et le monde dont je fais partie.
Commenter  J’apprécie          30
Voilà un essai assez décoiffant. La désobéissance à travers un questionnement sur notre obéissance, c'e'st le voyage que l'auteur nous propose ici. Nous sommes bien sûr tous concernés car dans la moindre de nos actions, nous pouvons avoir cette problématique? Et quel miroir ! C'est un essai très nourrissant qui nous permet de "justifier" nos désobéissances spontanées sans que nous puissions vraiment nous l'expliquer. Cet essai jette des ponts. L'auteur nous aide à nous comprendre, à prendre du recul ! de plus, l'avantage de ce livre, c'est qu'il est dans l'ensemble très compréhensible. Enrichissant !
Commenter  J’apprécie          20
Rédigé dans une écriture fluide, c'est un livre de philo accessible, agréable à lire. La thématique est passionnante, chacun est confronté au moins à un moment dans sa vie à la question de l'obéissance.

Ce livre nous propose donc de décortiquer les mécanisme de l'obéissance, beaucoup plus complexes que la simple soumission à des lois.

Bonne base de réflexion sur notre société, et surtout nous en tant qu'individu dans la société, parmi les autres. Que pouvons nous déléguer, accepter ? Il ne s'agit pas simplement d'obéir ou de désobéir mais d'endosser sa responsabilité, d'être conscient de sa place dans le monde, la société, d'être respectueux de soi (dans le sens noble et altruiste) et de l'assumer...

Commenter  J’apprécie          20
Frédéric Gros, entame son livre sur trois citations importantes, l'une de Primo Levi
« Les montres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux ; ceux qui sont les plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter. »
, et les deux autres complémentaires, l'une de Howard Zinn
« le problème ce n'est pas la désobéissance, le problème c'est l'obéissance. »
Qui comme l'écrit notre philosophe fait écho à cette phrase de Wilhem Reich
« La vraie question n'est pas de savoir pourquoi les gens se révoltent, mais pourquoi ils ne révoltent pas. »
Tout au long de ce traité sur la désobéissance Frédéric gros va nous parfaire de sa réflexion, de ces lectures, d'exemples historiques pour étudier l'origine de l'obéissance, C'est revenir au constat provocant de Howard Zinn, comprendre l'un c'est de réfléchir à son contraire.
Notre société est celle de toute les inégalités, le fossé se creuse de plus en plus, le XXème siècle est celui des plus grands génocides, des tyrannies modernes, ouvrant notre réflexion vers cette question que déjà soulevé au XXVIème Siècles avec Discours de la servitude volontaire de la Boétie. Frédéric Gros veut comprendre pourquoi nous obéissant face au chaos du monde.
Beaucoup d'exemples sont parsemés dans ce texte d'une grande richesse pour décrire notre société et soulever la péripétie humaine. L'espèce humaine semble être ordonné à être une masse à la multitude facette asservi à quelque élite dirigeante, je ne vais pas approfondir la pensée de notre philosophe pour en extraire juste la quintessence et affaiblir l'esprit du livre.
Je vais juste souligner les exemples choisis pour alimenter et structurer cette pensée de la servitude humaine face à la religion, la politique, la hiérarchie du travail, les fonctionnaires zélés et ceux que j'oublie.
Frédéric Gros utilise un passage de Dostoïevski Les frères Karamazov, un poète d'Ivan pour son frère Aliocha, monologue entre le Christ muet ressuscité et l'inquisiteur en Espagne du XVème siècle puis diserte sur les trois refus du tentateur, pour méditer sur la liberté à défaut de l'obéissance pour une dignité humaine, en outre au début Frédéric Gros semble associer la loi de Dieu et celle économique dans une soumission aveugle, avec une similarité de la loi économique et des décrets de Dieu.
Puis Frédéric Gros en s'appuyant sur le texte de la Boétie érige avec pragmatique la surobéissance, puis d'Antigone de Sophocle rend la désobéissance de cette jeune femme vierge comme une opposition entre le pouvoir politique de Créon et celui du code familiale, une révolte Obéissante.
Puis Frédéric poursuit son livre avec des exemples plus précis, comme le procès d'Eichmann en 1961, coordinateur logistique des transports, entrainant indirectement à la mort de 6 millions de juifs, Duch torturant au centre S21 des milliers de Cambodgiens, leurs réponses à leur acte
« Nous avons juste obéis. »
C'est un monde, de fonctionnaires zélés, de technicités, d'industries, d'obéissance mécanique……
La masse englobe l'unicité pour l'étouffer et la rendre incertaine pour subir la loi de l'ensemble, c'est ce qui se passe dans notre société, la marginalité des idées se tarit face la nauséabonde obéissance civile.
Je vous laisse découvrir plus en détail ce livre, une réflexion de l'homme face à ses choix et de ce monde qui l'avale pour le diriger dans une obéissance dès l'enfance puis le vomit dans une dialectique de lois diverses l'asservissant et l'aliénant à une obéissance mécanique froide sans réflexion, comme une respiration continuelle pour tenter de survivre.
Commenter  J’apprécie          20
J'ai eu la possibilité de recevoir Désobéir de Frédéric Gros avant sa sortie en librairie par l'intermédiaire de Babelio, probablement suite à ma critique de Désobéissance civile et démocratie d'Howard Zinn sur des thématiques extrêmement similaires. En effet, dès la première page de l'introduction intitulée « Nous avons accepté l'inacceptable », l'auteur reprend la phrase qui exprime le renversement idéologique génial effectué par l'historien américain, c'est-à-dire « le problème ce n'est pas la désobéissance, le problème c'est l'obéissance ». Cette assertion provocatrice n'est précédée que par une citation de Primo Lévi exprimant une réalité assez proche : « Les monstres existent, mais ils sont trop peu nombreux pour être vraiment dangereux; ceux qui sont plus dangereux, ce sont les hommes ordinaires, les fonctionnaires prêts à croire et à obéir sans discuter. » Une fois ces principes posés et la désobéissance définie comme une « déclaration d'humanité » face aux crimes commis partout dans le monde, le philosophe précise son propos : son but n'est pas de réaliser une histoire de la désobéissance civile (cela, d'autres l'ont déjà fait) mais de proposer une réflexion éthique sur le sujet. Pour cela il convoque dans un langage clair et agréable de nombreux exemples, de l'incontournable passage du grand inquisiteur dans Les Frères Karamazov de Dostoïevski au mythe d'Antigone, en passant par l'expérience de Milgram et la « banalité du mal » décrite par Hanna Arendt ; afin d'expliquer la difficulté que nous avons à nous rebeller quand tout devrait nous y pousser. En différents chapitres il énumère la peur de la liberté, la soumission, la « surobéissance » dénoncée par La Boétie dans son discours sur la servitude volontaire, la déresponsabilisation, le conformisme, le consentement à l'horreur… Face à cela, pourquoi désobéir ? Frédéric Gros fait le pari que le désobéissant répond en réalité à une obéissance plus grande qui ne vient pas de l'extérieur mais d'une éthique personnelle et s'appuie pour cela sur le « souci de soi » des anciens grecs. A la fin du livre l'auteur rentre dans des considérations philosophiques qui m'ont paru un peu abstraites, mais il a néanmoins le mérite de ne pas laisser de questions en suspens. En effet, si peu d'idées nouvelles sont finalement apportées, il s'agit d'un ouvrage qui constitue une très bonne initiation sur un sujet nécessaire et pourtant pas assez abordé.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (341) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
440 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *}