Les homicides, au départ, ça paraît simple. Il y a le délit et le corps du délit. Il y a la scène de crime. Il y a la dynamique de la scène, la logique du scénario. Il y a la victime. Les victimes. Il y a le tueur. Les tueurs. Il y a un réseau d’êtres humains, connectés, quelque part, par des désirs communs, par des besoins, par des envies, par des deals qui ont mal tourné, par des angoisses et des terreurs, par des menaces ; par l’amour et par la haine.
Elle en était sortie avec un master en analyse et modélisation de systèmes de résolution ; et une profession. Une profession d’avenir, lui rappelle chaque jour Marc, qui l’avait encouragée dans cette voie. Il a raison bien sûr. Rétrospectivement, pourtant, elle s’en veut un peu. Claire n’est pas une gestionnaire, c’est une littéraire.
Dans une autre vie elle aurait été rock star ; Joni Mitchell. Ou groupie. Ou Karen Blixen.
Elle consulte, une dernière fois, l’épais dossier sur ses genoux. Les rapports des experts. Les procès-verbaux. Les dépositions. Les analyses des techniciens. Ses notes. Les plans. Les photos. Les crânes défoncés, les flaques de sang, les plaies ouvertes. Elle frissonne.
Elle a vu pire. Les mouches. La chair blanche, les organes noircis. Les yeux aveugles. Le rictus. La puanteur. Le silence.