Le sixième roman d'Anne Guilbault, Les métamorphoses, tresse ensemble les fils de quatre destins. Quatre «sans-abri» qui vivent la perte, le vide, mais qui vont se transformer et se relever.
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Toutes les fois où je repasse dans ma tête le moment de la chute de l’immeuble, le sol se dérobe sous mes pieds. Je me retrouve à tes côtés, dans le container. Il n’y a plus de terre sous mes pieds. Il n’y a plus de ciel dans mes rêves. Je ne vois plus, n’entends plus, ne bouge plus. Je suis enfermé dans une boîte de métal sur laquelle on a posé d’autres boîtes de métal. Personne ne sait que je suis à bord et que je me bats pour survivre. Ma lutte est inaudible. Mes gestes sont vains. Ma voix se tait. Quand j’en sors, de cette image, de cette route qui fut la tienne pour venir jusqu’à nous, je m’assois pour écrire. C’est le seul geste – écrire – qui ne soit pas vain. Je ne sais pas ce que ça donnera, mais je travaille en ce moment à un roman qui parlera de fins du monde et de recommencements, de fleuves qui se jettent dans l’océan tandis que des enfants blessés cherchent où soigner leurs plaies et que des immeubles explosent sous un ciel indifférent.